Chapitre 27 : La trahison d'une sœur PARTIE 3

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« Le Loup noir représente Morwenn. Le Loup blanc représente ses ennemis.

-Merci. La prochaine fois, je saurai plus facilement qui cherche à me tuer sur le champ de bataille ! »

Aurora ne réagit pas à sa pitoyable tentative pour la dérider. Voyant qu'elle continuait de torturer ses cheveux, Sylvène poussa un grognement excédé et se leva. Attrapant la lanterne, il la déposa sur le sol, plaça le tabouret dans le dos de sa sœur et s'y assit lourdement. Soulevant la chevelure d'Aurora, il retrouva à sa base la fine mèche tressée qu'elle avait ornée d'une lanière de cuir vert. Il repensa à celle que portait Meryl, mais ne dit rien. 

Retrouvant les gestes routiniers, il saisit ses longs cheveux, les sépara en trois parties égales, puis commença à les tresser.

« Cela faisait longtemps, commenta Aurora d'une voix neutre.

-Avant chaque entraînement, avant chaque bataille. Quelle manie aussi de vouloir garder des cheveux aussi longs ! »

Avec son bras bandé, Sylvène était maladroit et plus lent que de coutume, ce qui l'agaçait profondément.

« À quand remonte notre dernier entraînement commun ? s'interrogea-t-il à voix haute.

-Oh, à au moins une vie ou deux...

-Nos combats me manquent.

-Tu ne disais pas cela la dernière fois que je t'ai fait mordre la poussière sur la route vers Amelin.

-Ce n'est pas de cela dont je veux parler, tu le sais très bien. »

Aurora commença à laisser ses doigts courir sur les motifs vert émeraude du tapis.

« Je suppose que j'aurais pu devenir une bonne combattante.

-Tu étais douée ! Tu aurais été une Protecteur exceptionnelle, j'en suis persuadé.

-Je me souviens que tu aimais beaucoup te servir de moi quand j'étais dans les parages pour impressionner les autres Cadets. Nous avions établi un code entre nous : je savais à tes moindres gestes comment tu voulais que je réagisse. Je devais faire la Créature et tu leur montrais comment déjouer mes attaques. Tu utilises toujours cette technique ?

-Toujours, confirma Sylvène avec émotion. Mais sans toi cela n'a plus la même saveur.

-Quand on voit ce que je suis devenue aujourd'hui, je trouve que le destin est étrange, tu ne crois pas ?

-Mmh... »

Le frère et la sœur se plongèrent un moment dans leurs souvenirs communs, avec un mélange de nostalgie et de tristesse. Sylvène attacha la longue tresse avec une lanière de tissu et laissa les cheveux de sa sœur retomber dans son dos. Satisfait de son travail, il s'écarta. Aurora saisit son bras blessé au moment où il se levait pour aller se rasseoir sur son lit.

« Qu'y a-t-il ? »

Elle plaça son propre bras contre le sien et les compara.

« C'est étrange, constata-t-elle. Je n'avais pas encore remarqué que nous étions devenus aussi semblables toi et moi. »

Sylvène regarda les cicatrices de la morsure d'Arkivas qui s'étalait sur l'avant-bras d'Aurora, puis le bandage qui recouvrait sa propre morsure.

« Ne compte pas sur moi pour me blesser à l'argent sous prétexte que tu veux qu'on se ressemble encore un peu plus ! » grogna-t-il.

Aurora s'agita sur le tapis, cala ses genoux contre sa poitrine et les entoura de ses bras.

« J'ai quelque chose à te demander, lâcha-t-elle à brûle-pourpoint. Quelque chose qui doit rester entre toi et moi. »

AMBRÛME : Le sang des TrémelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant