Chapitre 4 : La peur de l'inconnu

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Sylvène de Trémel était un grand Général. Nous l'admirions tous pour son courage, pour son dévouement et pour sa loyauté. Durant huit ans il s'était consacré à protéger sa cité et avait sauvé d'innombrables vies humaines. Vous étiez fiers de servir sous ses ordres ! Mais même le meilleur d'entre nous peut tomber. La perte des deux derniers membres de sa famille a eu raison de notre Général. Malgré les mises en garde, Sylvène de Trémel a préféré abandonner les habitants qu'il devait protéger. Il nous a abandonnés nous, ses frères et sœurs d'armes ! Il a violé ses serments et nous a tous trahis. C'est une faute que nous ne pouvons ignorer. Notre force, notre survie sont dans notre cohésion et notre entraide. Nous pouvons pleurer nos morts, mais nous ne pouvons pas nous permettre de partir dans des chasses vengeresses qui nous feraient oublier nos postes et nos missions. Cela conduirait à notre perte. Sylvène de Trémel n'est donc plus digne de rester notre Général, pas plus qu'il est encore digne de porter l'uniforme des Protecteurs. Il a perdu la raison. Ne faisons pas la même erreur !

 Discours de Ménéagan de Barallac, Hautseigneur de la cité d'Aurore


Sylvène s'attendait à ce que sa sœur revienne sur ses pas pour venir l'achever. Il était resté un très long moment sur ses gardes, les mains crispées sur ses armes, prêt à défendre chèrement sa vie. Mais elle ne s'était pas montrée et il était resté sur le seuil de la grotte, hésitant sur la conduite à tenir. Soit il restait sur place et considérait qu'il pouvait se permettre de dormir quelques heures avant de quitter les Pierres Silencieuses, soit il retournait affronter les ténèbres de la forêt en espérant ne pas faire de mauvaises rencontres sur le chemin. Son dilemme avait toutefois été résolu lorsque les Loups avaient commencé à se faire entendre. À l'oreille, Sylvène avait réussi à identifier au moins deux Créatures, mais il était fort possible qu'elles soient plus nombreuses. Elles jappaient, grondaient et hurlaient sur différents tons, remplissant la nuit de leur colère et de leur violence. Le Général s'était aussitôt replié au fond de la grotte et avait attendu, transpirant et anxieux. Dehors, sur un territoire qu'il ne connaissait pas et sans une aide extérieure, il savait qu'il n'avait aucune chance. À couvert au moins pourrait-il réussir à défendre sa position. Les Loups s'étaient déchaînés presque toute la nuit, rôdant aux alentours, leurs hurlements s'intensifiant au rythme de leurs déplacements, ne lui laissant aucun répit. À bout de nerfs, n'en pouvant plus d'attendre un combat qui lui semblait inévitable, Sylvène réfléchissait sérieusement à sortir pour affronter ses adversaires, lorsqu'enfin le tumulte s'était calmé. Les voix des Créatures avaient diminué, jusqu'à finalement complètement disparaître tandis que la nuit commençait à s'éclaircir. Un lourd silence était retombé sur la forêt.

Sylvène fit quelques pas prudents en dehors de la grotte et regarda autour de lui. L'air vif et glacial lui faisait émettre de petits nuages de vapeur à chaque respiration. Il n'aperçut aucune Créature, et constata toutefois que le sol était couvert d'empreintes tout autour du monticule rocheux. Les pattes de Loups se suivaient et se chevauchaient dans tous les sens jusqu'à en devenir presque illisibles et il n'avait aucune idée de la direction que leurs propriétaires avaient pu emprunter. Dans tous les cas il ne fallait pas qu'il s'attarde dans le coin. Son sac sur l'épaule, Sylvène s'éloigna d'un pas rapide. Le froid et la nervosité lui permettaient de tenir malgré sa nuit blanche et son corps meurtri. Le plus urgent était de quitter les Pierres Silencieuses avant que sa sœur ou une autre Créature ne lui tombe dessus. Il pourrait toujours faire une halte pour se soigner et manger lorsqu'il aurait mis quelques lieues entre lui et ce territoire maudit. Surveillant du coin de l'œil le soleil qui commençait à se lever derrière les frondaisons, il retraversa la forêt en sens inverse. Si Aurora le surveillait, elle sut rester invisible et Sylvène eut beau scruter les alentours avec attention, il ne repéra aucune trace récente de la Loup-garou.

AMBRÛME : Le sang des TrémelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant