"Ne te fais pas de souci pour moi : j'ai toujours adoré les bains de minuit... »
Renonçant à répliquer, Sylvène inspira profondément et quitta le couvert du sous-bois. Devant lui, la barbacane l'attendait. Maintenant qu'il était à découvert, il sentait sa confiance s'envoler à chaque pas. Par réflexe, il frôla son médaillon d'argent qui avait repris sa place autour de son cou. Tâchant de se rassurer, il passa une main à sa ceinture pour vérifier que ses pistolets n'avaient pas bougé, et vérifia pour la troisième fois la solidité de la sangle de sa petite arbalète passée dans son dos.
Tout son arsenal était prêt. Arrivé à environ dix mètres du pont, Sylvène s'arrêta, le menton relevé, dans une attitude de défi. À présent, il allait jouer... Il attendit quelques secondes, puis, ne voyant aucun mouvement derrière la herse, il commença à crier :
« Alors pauvres dégénérés ? On se cache ? On a peur d'un simple Humain ? Vous n'avez donc aucun courage ? Cela ne m'étonne guère de vous ! Lâches ! Bâtards des Enfers ! »
Les Créatures allaient-elles mordre à l'appât ? Sylvène l'espérait de tout son cœur. Il entendit un grondement contrarié derrière la herse et, galvanisé, reprit de plus belle.
« Mon grand-père aveugle aurait pu vous arracher les yeux tant vous êtes mous et lents ! J'ai plus de respect pour les porcs vivants dans nos fermes que pour vous ! Je vais vous arracher les tripes et les donner à manger aux clébards qui vous servent de gosses ! Espèces de...
-Es-tu fou, l'Humain ? l'interrompit une voix vibrante de colère. Comment oses-tu venir nous narguer sur nos terres ? »
Sylvène éclata de rire.
« Mon peuple a assez souffert par votre faute ! Il est temps qu'il soit vengé ! Pour chaque Humain que vous avez tué dans ma ville je massacrerai dix des vôtres ! Je me ferai un collier de vos griffes que j'offrirai à ma femme et mes filles !
-Te voilà bien loin de chez toi ... Tout ce que tu vas trouver ici, c'est ta mort !
-Ma mort ? Pour ça il faudrait déjà que vous arriviez à me toucher ! Je pourrais tous vous tuer avec une main attachée dans le dos ! C'est vous qui allez tous crever ce soir ! Vous ne voulez pas que le monde voit votre immondice, c'est ça ? Arrêtez de vous terrer dans l'ombre répugnante qui vous a accouchés et venez me cracher votre venin en face ! Je n'ai pas peur de vous, pleutres aux dents longues ! »
Dans un grincement métallique, la herse commença à se relever. Sylvène sourit d'un air de dément, plongea sa main libre dans sa poche et agrippa l'objet qui était censé lui sauver la vie. Quatre silhouettes –trois hommes et une femme- émergèrent de la barbacane et se regroupèrent devant la herse levée, menaçantes. Quatre seulement ? On fera avec...
« Boursoufflures des ténèbres ! Immondes asticots dégénérés ! Si je dois mourir, j'emporterai chacun d'entre vous avec moi ! »
L'attaque fut rapide et brutale. Si Sylvène n'avait reçu l'entraînement de sa guilde, il se serait laissé surprendre. Mais, quand deux des Créatures se jetèrent sur lui, il était prêt. Il frôla son arme avec sa torche. La mèche enduite de poix s'enflamma aussitôt et Sylvène lança son projectile vers ses ennemis. Il savait qu'il n'avait que quelques secondes pour réagir : sans attendre, il pivota sur ses talons et commença à courir. Derrière lui, il entendit un cri d'alarme, suivi d'une formidable explosion.
Un souffle brûlant lui balaya la nuque. Sylvène tomba à genoux, lâcha sa torche et se protégea la tête de ses bras. Il distingua des hurlements atroces et des bruits de chute dans le bruyant chaos qui l'entourait. Une horrible odeur de chair brûlée lui agressa les narines. Le Général remonta son écharpe sur son nez pour se protéger des effluves. Il récupéra sa torche, se releva, et dégaina son sabre avant de contempler son œuvre.
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AMBRÛME : Le sang des Trémel
FantasíaÀ Ambrûme, il faut tuer pour ne pas être tué. La guerre entre Humains et Créatures fait rage depuis des siècles et chaque clan, chaque ville, tente désespérément de survivre. Sylvène de Trémel, général Protecteur, a fait don de sa vie pour protéger...