Je vais faire la peau à Sylvène. Je ne supporte plus son air suffisant, son attitude d'Humain conquérant et ses insultes. Il ne se rend pas compte à quel point il fait du mal à Aurora. Non content de l'avoir bannie et d'avoir brisé sa vie, il continue chaque jour à la faire souffrir. Qu'il crève ! Quand Yasuël n'aura plus besoin de lui, je serai au premier rang pour lui régler son compte. Je ne le laisserai plus jamais lui faire du mal. Je serai là pour la protéger, quoi qu'il m'en coûte.
Meryl, Loup-garou
Depuis longtemps les Humains avaient admis que les Créatures pouvaient vivre en communautés organisées. Si certaines d'entre elles se contentaient de l'abri des forêts ou des montagnes, d'autres préféraient des lieux d'habitations plus sophistiqués. Régulièrement, des patrouilles attestaient de la présence de Créatures dans les ruines d'anciens villages humains. Certains éclaireurs et certains chasseurs de primes prétendaient également qu'elles avaient construit de vastes villes, cachées au cœur des terres sauvages. Faute de pouvoir vérifier ces affirmations, les Protecteurs restaient partagés sur le sujet. Aujourd'hui, Sylvène aurait aimé que ceux qui en doutaient encore puissent voir la même chose que lui.
Le tunnel qu'il venait de traverser débouchait sur un promontoire rocheux. Une cinquantaine de mètres en contrebas, une vaste vallée s'étalait au pied des montagnes. Elle occupait une cuvette qui devait faire au moins deux lieues de circonférence, naturellement entourée par la muraille des Monts de Dell. Un sentier serpentait depuis le tunnel jusqu'à la vallée et menait à la ville d'Amelin. Ce n'était pas un hameau ou un grand village, comme ce qu'espérait trouver Sylvène. Ce n'était pas non plus les ruines d'une ancienne ville humaine que les Créatures auraient colonisées. Au contraire, Amelin était une imposante cité dont la taille était équivalente à celle d'Aurore ou bien d'Emrode. Un premier mur d'enceinte entourait toute une série de faubourgs constitués de maisons et de quelques bâtiments plus imposants qui ressemblaient aux casernes des Protecteurs que Sylvène connaissait bien. Une seconde muraille séparait la forteresse de Yasuël du reste de la ville. Le château trônait sur un plateau rocheux et dominait les faubourgs de sa masse imposante. Ses multiples tours ornées d'étendards rouges et noirs et ses murs aux arêtes tranchantes donnaient un caractère sinistre à Amelin. Depuis son poste d'observation, le Général ne distinguait aucune Créature dans les rues ou sur les remparts, mais cela ne faisait que renforcer sa méfiance : au coucher du soleil, il ne doutait pas que l'endroit grouille de vie. La ressemblance entre Amelin et les cités humaines lui faisait froid dans le dos. Combien de Créatures abritait-elle ? Plusieurs centaines ? Plusieurs milliers ?
« Lune, Sylvène, bienvenus à Amelin », déclara Gredan, une fierté évidente dans la voix.
Aurora hocha la tête, une lueur admirative dans le regard.
« Pour une fois, j'admets que les rumeurs sont fondées. C'est une ville impressionnante.
-Et c'est aussi la plus belle, je te le garantis ! »
Revenant sur ses pas, Démos récupéra dans le tunnel deux grands manteaux à capuche, identiques au sien. Le dessin qui ornait le tissu était le même que sur les étendards de la ville : une patte de loup pourpre sur un fond noir. Sylvène y reconnut le symbole sur le sceau cachetant la lettre que Yasuël lui avait adressée.
« Nous avons veillé à vous ménager un passage discret jusqu'au château, expliqua le Vampire. Toutefois, il serait préférable qu'on ne voie pas vos visages. Surtout le vôtre Sylvène : si quelqu'un vous reconnaissait, les conséquences risqueraient d'être fâcheuses... »
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AMBRÛME : Le sang des Trémel
FantasiÀ Ambrûme, il faut tuer pour ne pas être tué. La guerre entre Humains et Créatures fait rage depuis des siècles et chaque clan, chaque ville, tente désespérément de survivre. Sylvène de Trémel, général Protecteur, a fait don de sa vie pour protéger...