Chapitre 19 : Fuir pour survivre PARTIE 2

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Le Vampire recula en sifflant de colère. Son comparse serra les poings, semblant hésiter sur la marche à suivre. Ils échangèrent un regard indécis.

Sylvène sentit son pouls s'accélérer. Cherchant frénétiquement un signe du danger qui l'avait alerté, il aperçut enfin un homme, rapide et silencieux, qui progressait entre les rochers pour prendre Meryl à revers. 

En un éclair, Sylvène comprit que la proximité de l'eau et de l'argent le dissimulait encore aux yeux des Créatures, l'empêchant pour le moment de se faire repérer. Son bras tenant son pistolet se leva, dans un geste devenu habituel, presque inné, et il tira. La balle d'argent toucha la Créature en pleine tête et elle s'écroula dans un glapissement. Ses deux comparses levèrent aussitôt la tête vers la cascade, à l'affût du danger. 

Sylvène lança deux de ses étoiles d'argent d'un geste vif. La première se ficha dans l'œil gauche du Vampire qui éclata comme un fruit trop mûr. Celui-ci poussa un hurlement strident et porta les mains à son visage en se tordant de douleur. La seconde étoile d'argent se perdit sous le couvert des arbres, tandis que la Créature qu'elle visait s'écartait prestement d'un pas sur le côté. Profitant de la confusion, Meryl lui sauta à la gorge.

Sylvène bondit de sa cachette et se précipita vers sa sœur. Il vérifia qu'elle respirait toujours, rechargea son pistolet et se tourna vers Meryl. Épuisé, affaibli, le Loup-garou était en train de se laisser dominer par son adversaire. Celui-ci s'était glissé dans son dos, lui avait fait mettre un genou à terre et avait passé un bras musclé autour de sa gorge, tirant sa tête en arrière. Étranglé, Meryl avait beau se débattre, il n'arrivait plus à tenir. 

Sylvène sentit tous ses muscles se tendre. S'il tirait, face à la rapidité des mouvements des deux Créatures, il risquait de toucher son compagnon d'armes. S'il s'approchait pour intervenir avec son sabre, il risquait de se faire blesser un peu plus au passage... De sa main valide, le Général fouilla dans la poche interne de son manteau et sortit sa dernière étoile d'argent. Il se força à se concentrer et à oublier la souffrance de son corps : il devait trouver l'ouverture dans le combat, la faille qu'il pourrait exploiter.

Quand le sbire du Prince leva une main dotée de puissantes griffes pour porter le coup de grâce, Sylvène envoya sa dernière étoile d'argent d'une brusque détente. 

L'arme empoisonnée se ficha sous son bras, juste dans son aisselle. La Créature hurla et, par réflexe, rabattit son bras contre son flanc, enfonçant encore plus profondément le métal dans sa chair. Meryl se dégagea, plaqua son adversaire au sol et enfonça ses crocs dans sa gorge. Des os craquèrent dans un bruit écœurant. Avec dégoût, Sylvène le regarda s'acharner sur sa victime et se mettre à laper son sang frénétiquement, les yeux fous. Se détournant de la scène, il focalisa son attention sur le Vampire qui avait cessé de hurler et qui se contentait à présent de gémir en haletant, recroquevillé contre des fougères. 

Des volutes de fumée s'échappaient paresseusement de son visage ravagé. Sylvène le rejoignit, essayant à présent de ne pas entendre les bruits de mastication et de déglutition derrière lui. Il acheva la Créature et récupéra son étoile d'argent qu'il nettoya tant bien que mal avant de la ranger dans son manteau. Durant un bref instant, la terre se mit à tanguer sous ses pas, le faisant chanceler. Abandonnant l'idée de retrouver l'autre étoile qu'il avait perdue sous les arbres, Sylvène enveloppa son pistolet dans des tissus, le fourra dans son sac, puis décrocha son sabre de sa ceinture. Il le dissimula à son tour sous des étoffes et le fixa sur son chargement avant de balancer le tout sur son dos d'un mouvement d'épaule. Ce n'est qu'après qu'il osa se retourner pour voir Meryl.

Il avait beau savoir que le Loup-garou était sérieusement mal en point et qu'il avait besoin de s'alimenter de toute urgence pour pouvoir se régénérer, la vue du cadavre à moitié dévoré de la Créature gisant à ses pieds lui retourna l'estomac. Le massacre de la nuit lui revint en mémoire, lui flanquant la nausée. Meryl essuya son menton dégoulinant de sang d'un revers de bras. Ses yeux étaient encore jaunes, son corps parcouru de spasmes. Ne pouvant se retenir plus longtemps, Sylvène se plia en deux et vomit de la bile. Cela ne sembla pas émouvoir Meryl qui, le bousculant au passage, alla récupérer Aurora.

AMBRÛME : Le sang des TrémelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant