Chapitre 21 : Le pacte PARTIE 2

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« Tu es sûre de toi ?

-Certaine. »

Sylvène regarda sa sœur d'un œil soupçonneux : celle-ci n'en démordait pas.

« Arkivas recherche trois personnes : deux Loups et un Humain. Il faut brouiller les pistes. Pour le moment, il ignore où nous nous rendons et l'argent liquide que tu as utilisé nous protège : profitons-en. »

Le Général fit la grimace. Même si l'idée d'abandonner Aurora une nouvelle fois le révulsait, il ne pouvait nier la justesse des arguments d'Aurora.

« Ce n'est que provisoire, ajouta Meryl pour le convaincre. Arkivas a très certainement déjà compris que c'était toi, l'Humain qui s'est introduit dans sa forteresse pour délivrer Lune. Il va diffuser ton signalement à ses Créatures et te faire rechercher. Il faut donc que nous nous séparions pour optimiser nos chances d'arriver chez Yasuël sans encombre !

-Tu es blessé, rappela Aurora, et tu as besoin de soin que nous ne pouvons pas te fournir ici. Tu dois retourner sur les territoires Humains. »

Les territoires humains... Sylvène n'y avait pas mis les pieds depuis qu'il avait déserté sa guilde et fui sa cité. Il était étrange de se dire qu'il allait enfin pouvoir y retourner, après tout ce temps passé en compagnie de Créatures. Le Général se leva, fit craquer ses articulations engourdies par le froid et effectua quelques pas pour remettre de l'ordre dans ses idées. Lovée dans les bras de Meryl, Aurora le suivait du regard avec attention.

Après leur longue conversation, Sylvène, Meryl et Aurora s'étaient brièvement reposés avant de reprendre la route. Ils avaient de nouveau progressé une journée entière en ne faisant que de brèves haltes pour permettre à Meryl de souffler un peu. Le Loup-garou ne s'était pas plaint une seule fois, mais Sylvène avait bien vu qu'il puisait un peu plus dans ses réserves d'énergie à chaque mouvement de pattes. Les blessures qu'il avait subies, combinées à l'agressivité de l'arsenal d'argent qu'il était obligé de transporter, l'épuisaient. Il ne tiendrait plus longtemps. 

De même, Sylvène souffrait le martyr. Les feuilles de pavot avaient bien du mal à éteindre la douleur de son bras et de son dos. Chaque halte était l'occasion pour lui d'appliquer de la neige sur sa morsure, mais cela ne le soulageait que temporairement. Aurora avait raison : il devait voir un apothicaire ou un herboriste de toute urgence. Sylvène s'inquiétait pourtant plus pour elle que pour lui ou pour Meryl.

La Loup-garou était restée silencieuse durant la suite du voyage, semblant ressasser de sombres souvenirs. Plusieurs fois il avait eu l'impression de l'entendre pleurer, mais lorsqu'ils s'arrêtaient, ses yeux restaient obstinément secs et froids. Lorsque Meryl avait profité d'une halte pour aller chasser, la viande lui avait fait du bien et elle avait réussi à se lever et à faire quelques pas seule, mais c'était tout.

Il avait de nouveau neigé durant la nuit et le temps était devenu une source d'angoisse pour Sylvène : les intempéries compliquaient leur progression et augmentaient la visibilité de leurs traces. Par deux fois, il avait utilisé quelques gouttes de sa fiole d'argent, pour tenter de masquer leurs odeurs.

« De quoi d'autre avez-vous parlé pendant que je dormais ? » grogna Sylvène, méfiant.

Meryl tiqua, agacé, mais Aurora ne réagit pas, ce qui l'étonna. Il aurait préféré qu'elle s'énerve contre lui, comme à son habitude.

« Nous devons réagir avant Arkivas, expliqua patiemment la Loup-garou, tant que nous avons une longueur d'avance sur lui. Il n'y a pas que nous trois dans la balance. Il y a également notre mère et notre sœur à protéger et, dans une autre perspective, les habitants d'Amelin. Yasuël est un imbécile prétentieux, mais les Créatures qui habitent sa ville ne sont pour rien dans ses prises de décision. »

AMBRÛME : Le sang des TrémelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant