Chapitre 26 : Une douloureuse attente PARTIE 3

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La Loup-garou haussa les épaules et commença à gravir les marches de pierre.

« S'il avait deux lunars de jugeote, il me ferait tuer ! »

Le visage sombre, Sylvène et Aurora rejoignirent le reste de leur famille. Lorsqu'ils arrivèrent dans la bibliothèque, ils constatèrent que leur mère était toujours seule. Celle-ci se précipita aussitôt vers eux.

« Les nouvelles sont-elles bonnes ? »

Aurora jeta un regard autour d'elle.

« Pas vraiment...

-Faéline est toujours dans votre chambre ? » s'enquit Sylvène.

Dame Lyliane tourna vers son fils un visage désolé.

« Elle refuse d'en sortir depuis ce matin. »

Le Général ravala un juron, puis passa une main lasse sur son visage.

« Je vais aller la chercher. Je veux qu'elle soit au courant comme nous tous ! »

Il quitta la chaleur douillette de la bibliothèque et monta d'un étage jusqu'à la première chambre, bien décidé à sortir sa sœur de sa retraite. Il ne pouvait pas se permettre de la laisser plus longtemps se murer dans le silence et les reproches, pas avec ce qui allait arriver !

Lorsque Sylvène entra, Faéline était assise en tailleur sur son lit, Elle avait une écritoire sur ses genoux sur lequel elle avait fixé un morceau de parchemin. Courbée sur sa feuille, un fusain à la main, elle dessinait. Elle ne broncha pas lorsque son frère vint s'asseoir près d'elle et observa sa création. Au premier coup d'œil, il reconnut les toits et les remparts de leur cité.

« Cela faisait longtemps que je ne t'avais pas vue dessiner, murmura-t-il, cherchant comment aborder le sujet qui le préoccupait. J'avais oublié à quel point tu étais douée. »

Faéline resta silencieuse, concentrée sur son geste.

« Yasuël nous a convoqués tout à l'heure. Nous avons un certain nombre de nouvelles que nous voudrions partager avec toi. »

Aucune réponse. Sylvène sentit de nouveau la colère poindre, mais il se força à rester calme. Il savait très bien qu'il n'obtiendrait rien de sa sœur en s'énervant. De plus, il voyait bien qu'elle souffrait autant que lui de la situation. Il resta silencieux un moment, cherchant les mots justes pour démarrer la conversation.

« Je sais que tu en veux à la terre entière, finit-il par dire. Tu en veux à mère car elle pardonne plus facilement que toi, tu m'en veux car je t'ai caché ce que je savais d'Aurora et tu en veux à ta sœur d'être une Créature. Je suppose que tu en veux aussi à Yasuël de vous avoir enlevées et à Arkivas d'avoir ruiné nos vies. Et tu sais quoi ? Tu as raison d'être en colère. C'est une réaction tout à fait normale. »

Faéline s'arrêta de dessiner. Son fusain tremblait dans sa main.

« Aurora a essayé de me tuer.

-Ta sœur est une Créature désormais et on ne peut plus lui demander d'avoir un comportement entièrement humain.

-Elle est devenue un monstre ! »

Sylvène posa avec tendresse sa main sur celle de Faéline.

« Oui, Aurora a agi en monstre. Son comportement a été inacceptable et je lui en veux beaucoup de ne pas avoir su se contrôler et de vous avoir mises en danger. Mais, si Aurora est un monstre, alors il faut que tu saches que j'en suis un moi aussi. »

Faéline fronça les sourcils, perplexe. Sylvène inspira profondément et continua, la gorge nouée par l'émotion.

« Être Protecteur, être Général et donner sa vie pour protéger les populations humaines impliquent de nombreux sacrifices. Oui, j'ai sauvé des milliers de vies, mais j'en ai détruit tellement en retour... J'ai tué. J'ai assassiné froidement plus de Créatures que je ne pourrai jamais en compter. Oh, beaucoup pour défendre ma vie, en légitime défense, mais j'ai aussi participé à des expéditions pour détruire des meutes qui rôdaient autour de nos villes. J'ai tué des hommes, des femmes, des enfants, des bébés qui certes, étaient des Créatures, et pourtant qui n'avaient aucune velléité de se battre et qui voulaient juste vivre. 

AMBRÛME : Le sang des TrémelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant