Chapitre 24 : Une audience inattendue PARTIE 1

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Par la Lune ! C'était presque trop facile... Même le Cauchemar des Créatures ne peut pas résister au pouvoir hypnotique d'un Vampire. Je me suis bien amusée ! Bientôt, le clan d'Amelin et la famille de Trémel ne seront plus que des souvenirs... Arkivas sera satisfait.

                                                        Viane de Travankel, Vampire


Rarement voyage ne fut aussi pénible que le dernier jour avant d'atteindre Amelin. Sylvène ignorait où aller. Un mois plus tôt, c'était sa sœur qui l'avait guidé, refusant de partager avec lui les informations données par Anna de Travankel pour trouver la cité de Yasuël. S'il avait réussi à retrouver la rivière qui serpentait dans la vallée, le Général savait qu'elle ne pourrait pas lui servir de repère éternellement. Il avait suivi son cours, guidant sa monture sur le sol caillouteux et inégal des Monts de Dell, cherchant son chemin dans le paysage hivernal. La neige avait recouvert les montagnes, masquant ses repères et l'obligeant à avancer à l'aveuglette. Le gel rendait les pierres glissantes et leur progression dangereuse, tandis que le froid raidissait leurs muscles tout en émoussant leur vigilance. 

Dans l'après-midi, Sylvène avait fini par trouver un sentier qui serpentait dans les hauteurs et avait incité son cheval à y grimper. Depuis, il avançait sans plus chercher à se repérer, attendant que les Créatures de Yasuël le trouvent.

Sylvène n'était pas non plus un guérisseur. Son bras restait raide et de brusques poussées de fièvre le terrassaient régulièrement, le laissant hagard et pantelant. Il avait des absences et des pans entiers de son voyage s'étaient perdus dans les tréfonds de son esprit, ce qui l'inquiétait au plus haut point. Dans ces moments, il ne pouvait que regretter l'absence de Méva ou de la vieille marchande du convoi et prier les anciens dieux d'arriver rapidement à destination.

Lorsque que la lucidité lui revenait, Sylvène pensait aux révélations d'Aurora. Il était terrifié de ne pas avoir de ses nouvelles et terrifié à l'idée qu'Arkivas puisse la retrouver et lui faire endurer de nouveaux sévices. Sa peur lui tordait tripes et boyaux depuis leur séparation. Leur ennemi les menaçait eux, mais aussi chaque Humain d'Ambrûme ! La nuit de pleine lune que Sylvène avait été forcé de passer dans un refuge à Griselis lui avait laissé un goût amer en bouche. Il avait très mal vécu le fait de se retrouver inutile pour ces villageois apeurés. 

Régulièrement, les visages de ces inconnus s'imposaient à lui, tout comme ceux d'Aurora, d'Anselme, de Méva, de Faéline ou de sa mère. Puis, lorsque la fièvre revenait, Sylvène se sentait glisser dans des ténèbres pleines de cauchemars, où le visage encore flou de son ennemi venait le hanter.

Quand il aperçut enfin deux silhouettes bien reconnaissables sur son chemin, il restait trois heures avant le coucher du soleil. Démos s'était une fois de plus drapé dans un long manteau en cuir. Gredan ne semblait pas souffrir du froid et n'avait pas adapté ses vêtements aux températures hivernales. Lorsqu'il s'approcha, le cheval de Sylvène fit un brusque écart et le Général raccourcit aussitôt ses rênes.

« Heureux de vous voir de retour, Sylvène ! le salua le Vampire avec son habituelle amabilité.

-Je ne pensais pas que vous reviendriez ! s'exclama gaiement Gredan en faisant à son tour un pas en avant. Réjouissez-vous, vous venez de me faire perdre trois lunars d'or ! »

Sylvène lui jeta un regard mauvais.

«Ma sœur est-elle arrivée ?

-Nous n'avons pas encore repéré sa présence. »

Un étourdissement le saisit et le Général crut qu'il allait tomber de sa selle.

« Pourquoi n'avez-vous pas cheminé avec elle ? s'étonna Démos. Lune ne devait-elle pas une nouvelle fois vous guider dans ces montagnes ? Cela vous aurait évité bien des détours. »

AMBRÛME : Le sang des TrémelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant