Meryl serra la main de Sylvène avec un léger sourire.
« Pour Lune.
-Bon, soigne-moi maintenant ! »
Sylvène se concentra sur le visage de sa sœur pour tenter d'oublier ce qu'on lui infligeait. Si les feuilles de pavot agissaient comme un bouclier entre lui et la douleur, il sentait tout de même Meryl s'acharner sur son bras blessé. Le Loup-garou découpa les lambeaux de peau irrécupérables, épongea une nouvelle fois le sang, puis recousit patiemment les chairs déchirées. En sueur, les dents serrées, Sylvène le laissa faire en tâchant de rester aussi immobile que possible.
Meryl suivit ses instructions pour préparer à l'aide de quelques herbes un emplâtre jaunâtre dont il badigeonna sa blessure. Quand enfin son avant-bras fut de nouveau à l'abri sous un bandage propre, Sylvène ne se sentit pas soulagé pour autant : il lui faudrait des semaines pour se remettre d'une telle blessure ! Meryl s'apprêtait à ranger sa sacoche de soins, mais Sylvène l'arrêta d'un geste.
« Tu n'en as pas fini avec moi. »
Aidé par le Loup-garou, il ôta avec précaution son manteau et ce qu'il restait de sa chemise pour mettre son dos à nu. En voyant l'étendue des dégâts, Meryl poussa un sifflement d'admiration.
« Par la lignée d'Alea ! Je connais des Humains qui se seraient effondrés pour moins que ça ! Tu es bien plus résistant que les autres troufions de ton armée ! »
Empoignant solidement Sylvène par l'épaule, il arracha les derniers éclats de bois qui s'étaient fichés dans sa chair. Patiemment, il nettoya chacune des blessures et les recouvrit de ce qu'il restait d'emplâtre.
« Tu as de la chance de guérir instantanément... remarqua Sylvène avec une pointe d'envie, tandis que Meryl enroulait une longue bande de tissu autour de son torse et son dos.
-Peut-être... Mais à cause de cela nous nous jetons bien souvent dans des combats tête baissée, sans réfléchir. Toi, au moins, tu as des souvenirs sur ton corps qui te rappellent d'être prudent ! »
Meryl termina le bandage, aida Sylvène à se rhabiller, puis lui tendit le paquet qui contenait ses provisions.
« Reprends des forces avant qu'on ne reparte. »
Sylvène le remercia d'un hochement de tête, et attaqua voracement sa réserve de viande séchée. En réalité, il mourait de faim !
« À qui dois-tu la longue cicatrice dans ton dos ? »
Sylvène leva la tête de son repas, surpris, par la curiosité de son comparse.
« Le sabre d'un Vampire, il y a trois ans.
-Et l'impact à ton épaule gauche ?
-Une balle d'argent.
-Une balle d'argent ? »
Sylvène ne put s'empêcher de rire à ce souvenir.
« J'étais dans une sacrée mêlée et des Cadets ont voulu intervenir. Ils ont tiré dans le tas sans réfléchir ! Le gamin qui m'a touché a failli s'évanouir quand il s'en est aperçu... »
Son interlocuteur secoua la tête, visiblement déconcerté.
« Tu sais, Sylvène –c'était la première fois qu'il prononçait son nom et cela toucha le Général- tu es une énigme pour nous autres...
-Ah oui ?
-Tu n'es pas le genre d'Humain que nous avons souvent l'habitude de croiser. Autour de toi, des centaines de personnes que tu connaissais sont mortes, d'autres sont devenues folles en voyant ce dont nous étions capables, d'autres encore ont perdu des membres de leur famille et ne s'en sont jamais remises, mais toi... Tu t'es toujours relevé. Malgré nos tentatives d'assassinat, malgré tout ce que nous avons fait pour te briser. Nous avons tué ton père, acquis ta sœur à notre cause, enlevé ce qu'il restait de ta famille et tu es toujours là, aussi solide qu'avant, aussi acharné à nous nuire. »
VOUS LISEZ
AMBRÛME : Le sang des Trémel
FantasiaÀ Ambrûme, il faut tuer pour ne pas être tué. La guerre entre Humains et Créatures fait rage depuis des siècles et chaque clan, chaque ville, tente désespérément de survivre. Sylvène de Trémel, général Protecteur, a fait don de sa vie pour protéger...