Chapitre 6 : Dans la forêt d'Astry

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Glenn est mort, cela ne fait plus aucun doute. Le coup est dur, c'était un Loup que j'appréciais. Cela ne va pas arranger les affaires de mon Maître... J'espère que Lune s'est montrée d'humeur magnanime avec son frère et qu'ils sont déjà en route pour Amelin : nous avons grand besoin d'eux ! Les faire choisir notre camp ne sera pas une chose aisée, mais j'espère que les circonstances joueront en notre faveur. Le temps presse et j'ai bien peur que nous soyons en train de sous-estimer notre adversaire. Nous allons peut-être devoir réévaluer nos engagements et cela n'augure rien de bon...

                                                    Gredan, Loup-garou, Général de Yasuël d'Amelin


« Si tu as accepté de venir en aide à notre famille, je peux savoir pourquoi tu cherches autant à me voir mourir ?

-Tu es toujours vivant à ce que je sache.

-Ne fais pas l'innocente ! Tu sais très bien de quoi je veux parler. »

C'étaient les premiers mots que Sylvène adressait à sa sœur depuis qu'elle avait refait son apparition. Il ne décolérait pas depuis la veille : dès qu'ils avaient quitté Mortanc, la Loup-garou l'avait une fois de plus abandonné, lui ordonnant simplement de ne pas s'attarder dans les environs. Il n'avait pu ni lui demander des explications concernant les deux Vampires, ni protester contre sa façon de le confronter aux événements. Le Général avait poussé Azurian au galop durant quatre lieues, noyant son mécontentement dans la vitesse, avant de finir par faire halte peu avant l'aube pour dormir quelques heures. Lorsqu'il avait repris la route dans la matinée, il était toujours seul sur la plaine, ce qui n'avait pas arrangé son humeur. Ses blessures, bien que moins douloureuses, le faisaient se crisper à chaque cahot de la route. Il avait continué sous un ciel bas et nuageux, en direction de la forêt d'Astry. Celle-ci figurait sur sa vieille carte, mais il doutait de l'exactitude de ses renseignements depuis son arrivée sur les terres sauvages. Ce n'est que lorsqu'il avait aperçu vers midi la masse sombre des arbres à l'horizon qu'il avait été certain de quitter la morne plaine pour un nouvel environnement. En continuant vers le nord-est, Sylvène n'aurait à traverser qu'une infime portion de la forêt qui s'étendait sur une centaine de lieues et il savait qu'il en serait sorti en une poignée d'heures, si tout se passait bien.

Après une courte halte, il s'était glissé sous le couvert des arbres avec les premières gouttes de pluie et bataillait depuis pour faire avancer son cheval face à la densité de la végétation et les branches basses. Il espérait ne pas se perdre malgré l'absence de sentiers et, après avoir constaté la lenteur de leur progression, avait fini par mettre pied à terre pour guider Azurian plus efficacement. Sylvène avait découvert Aurora sur son chemin dans l'après-midi. Celle-ci l'attendait, adossée au tronc d'un pin, martelant nerveusement le sol de son pied. L'apercevant, elle s'était mise en marche, lui ouvrant la voie en silence. Son frère avait aussitôt lancé la conversation qui le tenaillait depuis Mortanc.

« Tu savais ce qui allait se passer ! Tu connaissais les Vampires : tu savais qu'elles voudraient me tuer !

-Anna n'a rien tenté à ton encontre. Il n'y a que sa sœur qui a profité de ta faiblesse.

-Ma faiblesse ? »

Les épaules d'Aurora tressautèrent comme si elle riait silencieusement, faisant bouillir le sang de Sylvène.

« Viane t'a manipulé avec une facilité déconcertante. Pour un peu tu lui aurais mangé dans la main ! Elle est douée pour faire de l'effet aux hommes, n'est-ce pas ? »

Le Général repensa au sourire ravageur de la Vampire et aux courbes de son corps que le tissu de sa robe cachait à peine. Fébrile, il se hâta de chasser l'image de son esprit.

AMBRÛME : Le sang des TrémelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant