La Loup-garou secoua la tête et se contenta de répéter à voix basse :
« Pas ce soir. »
Devant le regard attristé de sa mère et de sa sœur, elle se força tout de même à expliquer :
« Je ne peux pas en parler. Pas pour le moment. Ma vie n'est pas vraiment de tout repos depuis que je suis devenue une Créature. J'ai croisé beaucoup de personnes peu recommandables et je me suis battue contre certaines d'entre elles. J'ai participé à des événements dont vous n'avez même pas idée. Je ne veux pas vous mettre en danger : avant de vous parler, je préfère attendre de savoir exactement ce que Yasuël manigance. »
Un voile d'inquiétude assombrit le visage de Lyliane. Elle regarda son fils, cherchant son soutien, mais celui-ci n'avait rien à lui offrir. Sachant très bien qu'Aurora ne changerait pas d'avis, impuissant à résoudre leur problème, il préféra partir sur un autre sujet :
« À votre tour de parler maintenant ! Que s'est-il passé lorsque les Créatures de Yasuël sont venues vous chercher ? »
Sa mère hésita, mais le regard insistant de son fils la fit vite capituler et elle commença son récit :
« La nuit où la ville a été attaquée, nous n'avons pas eu le temps de gagner les refuges. Notre quartier s'était fait envahir par les Loups de Yasuël dès le début de l'assaut et nous avons dû nous réfugier à l'étage de la maison en attendant les secours.
-Je n'ai rien pu faire, commenta Sylvène, la voix lourde de culpabilité. Les Créatures étaient partout, nous empêchant de progresser. J'ai été incapable de vous rejoindre à temps...»
Lyliane hocha la tête.
« Ce n'était pas ta faute : notre enlèvement avait été minutieusement préparé. Une partie des Loups avait pour mission de te retarder au maximum et Démos et Gredan savaient parfaitement où nous trouver.
-Ils ont enfoncé la porte de la chambre où nous nous étions barricadées ! s'exclama Faéline en frissonnant. Et... »
L'adolescente s'interrompit, perplexe.
« En fait, je ne crois pas qu'ils avaient l'intention d'employer la force, mais nous étions armées et nous nous sommes défendues. Ils ont bien tenté de négocier avec nous, et, comme nous ne voulions rien entendre, Gredan a assommé maman et Démos m'a hypnotisée. Je me suis évanouie.
-Lorsque nous nous sommes réveillées, reprit leur mère, nous nous trouvions en pleine forêt, entourées par des dizaines de Créatures. Nous étions terrifiées, mais on nous a laissées tranquilles. Nous ne comprenions pas grand-chose à ce moment-là... Pourquoi étions-nous encore vivantes ? Où nous emmenait-on ? Tout était très confus.
-ça, je peux comprendre... marmonna Sylvène pour lui-même.
-Je croyais tout le temps que nous allions être dévorées ! ajouta Faéline. Maman criait beaucoup et il nous a fallu un sacré moment pour reprendre nos esprits. »
Aurora lui passa une main rassurante sur le front.
« C'est normal : vous ne pouviez pas imaginer que des Créatures vous épargneraient un jour. Ce n'est pas vraiment l'image que vous en aviez dans votre monde...
-Démos et Gredan nous ont conduites dans une tente, continua leur mère. Au bout d'un long moment, quand nous nous sommes aperçues que personne ne venait pour nous tuer, nous nous sommes un peu calmées. On nous avait laissé à manger et des vêtements propres. Mais nous n'étions pas rassurées pour autant ! Allaient-ils nous interroger, nous torturer, nous déplacer dans un autre lieu pour nous tuer plus tard ? Nous n'en avions aucune idée et nous n'osions pas bouger... Démos et Gredan sont revenus nous voir au bout de plusieurs heures. Ils se sont présentés, se sont excusés de nous avoir emmenées de force, puis ont parlé de leur maître, Yasuël. Nous avions sa parole qu'il ne nous serait fait aucun mal. Il nous voulait vivantes et en bonne santé. C'était bien au-delà de tout ce que nous pouvions admettre... »
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AMBRÛME : Le sang des Trémel
FantasíaÀ Ambrûme, il faut tuer pour ne pas être tué. La guerre entre Humains et Créatures fait rage depuis des siècles et chaque clan, chaque ville, tente désespérément de survivre. Sylvène de Trémel, général Protecteur, a fait don de sa vie pour protéger...