Ils arrivèrent au crépuscule et se jetèrent sur Sylvène sans lui laisser la moindre chance de se défendre.
Quatre jours plus tôt, le Général avait fui en mettant le cap sur les Monts de Dell. Après avoir réussi à contourner Aerna sans se faire arrêter, il s'était dépêché de s'éloigner des villes humaines. Parcourant les territoires sauvages depuis deux jours, Sylvène ne s'attendait absolument pas à se faire appréhender aussi loin des villes et, s'il tâchait de maintenir les Créatures à bonne distance, il ne s'était pas préoccupé un seul instant de ses anciens frères et sœurs d'armes, ou de mercenaires.
Il était assis près d'un petit feu de camp, étudiant une carte de la région, lorsque son cheval renâcla. Tiré de ses pensées, Sylvène releva la tête et aperçut deux hommes entrer dans le cercle de lumière généré par les flammes. Il voulut se relever et reçut aussitôt un formidable coup à la tête. Il s'écroula en gémissant. La terre tanguait tout autour. Des mains avides le fouillèrent, le désarmèrent, puis le mirent à genoux de force. On lui immobilisa solidement les bras dans le dos.
« Alors on fait moins le malin, hein Général ? » grogna une voix méprisante à son oreille.
Sylvène tenta de se dégager et se retrouva aussitôt avec un poignard sous la gorge.
« Reste tranquille, sale traître ! »
Furieux contre lui-même, il s'obligea à rester immobile. Un homme apparut dans son champ de vision. Sylvène mit quelques secondes à reprendre totalement ses esprits, puis il reconnût un des mercenaires du convoi d'Aerna.
« C'est lui ? C'est bien lui ? » demanda une nouvelle voix avec excitation.
L'homme en face de Sylvène –il se souvenait à présent qu'il s'appelait Valin- hocha la tête, un grand sourire aux lèvres. Il brandissait dans sa main un avis de recherches.
« Que les Créatures me saignent si je me trompe. C'est lui, on l'a retrouvé, les gars ! »
Près de Valin, un autre homme au visage couturé de cicatrices éclata d'un rire tonitruant.
« À nous la récompense !
-Écoute, Valin, je... » commença Sylvène
Son interlocuteur le fit taire d'une gifle magistrale.
« Ne gaspille pas ta salive avec moi, Général ! Tu t'expliqueras directement avec le Hautseigneur d'Aerna !
-Je te paierai ! »
Valin et les autres s'esclaffèrent.
« Plus que le montant de la récompense promise pour ta capture ? Cela m'étonnerait ! »
Sylvène baissa les yeux, réfléchissant à toute vitesse. Deux hommes l'avaient immobilisé et il en avait deux de plus en face de lui. C'était beaucoup, mais il lui restait encore un stylet et une étoile d'argent dans les plis de son manteau. S'il pouvait les récupérer... Les discrets effluves d'un parfum s'immiscèrent dans l'air glacial de la nuit.
« Bon, les gars, maintenant qu'on a trouvé ce qu'on cherchait, dépêchons-nous de filer d'ici ! ordonna un des hommes qui tenait Sylvène. Qui sait ce qui rôde dans les environs ? »
Valin hocha la tête.
« Attachez-le. On s'en va ! »
L'odeur se fit plus forte, comme si elle se rapprochait et Sylvène faillit s'étrangler : c'était un parfum de rose. Son cheval poussa un hennissement de terreur et commença à ruer.
« Valin ! hurla-t-il. Ne restez pas là, fuyez ! »
Le mercenaire lui assena une nouvelle gifle.
« Je croyais t'avoir dit de te taire !
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AMBRÛME : Le sang des Trémel
FantasyÀ Ambrûme, il faut tuer pour ne pas être tué. La guerre entre Humains et Créatures fait rage depuis des siècles et chaque clan, chaque ville, tente désespérément de survivre. Sylvène de Trémel, général Protecteur, a fait don de sa vie pour protéger...