Quelques minutes plus tard, l'Hybride fermait la porte de son bureau derrière eux. Retrouvant sa verve, la Loup-garou attaqua aussitôt :
« Tu m'avais juré que ce n'était pas lui, Yasuël ! Tu m'avais juré qu'Arkivas avait disparu ! Qu'il était mort ou qu'il se cachait dans les Monts Solitaires. Que tu faisais surveiller les lieux ! Et moi je t'ai cru tel un nouveau-né ! Tu es une belle ordure ! »
Yasuël la laissa continuer à crier et à l'insulter sans chercher à l'interrompre et alla s'asseoir à son bureau. Épuisé, Sylvène s'adossa contre une bibliothèque et ferma les yeux. Il aurait juste voulu pouvoir prendre une décoction contre la douleur et dormir une heure ou deux... La porte se rouvrit sur Démos, les bras encombrés de parchemins. Il s'inclina légèrement, les déposa sur le bureau de son maître, puis se plaça près de Sylvène, les mains dans le dos.
De profondes plaies marquaient encore ses bras et son cou et, si elles ne saignaient plus, elles étaient encore loin d'être cicatrisées. S'il en souffrait, le Vampire n'en laissait pourtant rien paraître. Quand Aurora finit par se taire, à bout de souffle, Yasuël put enfin prendre la parole :
« Ta colère envers moi est légitime, Lune, et je la comprends parfaitement. J'ai commis une terrible erreur et tu en as payé de lourdes conséquences, tout comme ton frère. J'en suis profondément désolé. Même si je sais que cela ne réparera rien, je vous prie d'accepter tous les deux mes excuses. »
Aurora renifla avec mépris.
« Va bouffer de l'argent ! »
Une nouvelle fois Yasuël ne se formalisa pas de l'insulte.
« Arkivas de Morwenn est donc, selon vos dires, de retour sous l'identité du Prince de la nuit. »
Les yeux d'Aurora étincelèrent de colère et elle agrippa convulsivement son poignet.
« Selon nos dires ? Comment cela, selon nos dires ? Tu crois peut-être que je me suis infligé moi-même ma blessure à l'argent ?
-Aucune Créature n'aurait pu te blesser ainsi, Lune, excepté ton Créateur, lui répondit calmement son interlocuteur. Je te crois.
-J'espère bien oui !
-Je me doute que vous pensez tous les deux que je suis impliqué dans ces... retrouvailles. Or, vous avez ma parole : j'ignorais qui était le Prince. Je vous ai ordonné de tuer un Vampire, mais jamais je n'ai voulu vous envoyer entre les griffes d'un Loup-garou de la lignée des Anciens.
-Menteur !
-Vous étiez un des seuls à être au courant du passé de ma sœur, intervint Sylvène. Qui d'autre que vous aurait pu connaître la véritable identité du Prince de la nuit ?
-J'ai recruté Lune dans le but d'en faire un atout majeur de mon armée. Pas de celle de mon ennemi. Je ne vous ai jamais caché mes intentions à ce sujet. »
Le seigneur d'Amelin tapota distraitement de sa patte de Loup les parchemins devant lui.
« Sylvène, vous êtes donc au courant des origines de votre sœur ? »
Le Général acquiesça sèchement.
« Parfait... »
Yasuël soupira longuement. La fatigue marquait ses traits.
« C'est parce que je m'intéressais à l'Histoire de nos Aînés que j'ai fini par faire le rapprochement entre Aurora, et Arkivas. Quand son Créateur est sorti de l'ombre pour tenter de conquérir Ambrûme, bien peu était au courant qu'il était le dernier représentant des lignées des Anciens. Nous n'étions qu'une poignée de grands seigneurs, à avoir compris qui il était vraiment, et nous nous étions bien gardés d'ébruiter l'information. Nous connaissions les risques : si un descendant direct de nos ancêtres refaisait surface, cela aurait engendré une terrible guerre et des milliers de Créatures se seraient ralliées à sa cause. Nous aurions perdu nos terres et notre influence sur les terres sauvages !
VOUS LISEZ
AMBRÛME : Le sang des Trémel
FantasiÀ Ambrûme, il faut tuer pour ne pas être tué. La guerre entre Humains et Créatures fait rage depuis des siècles et chaque clan, chaque ville, tente désespérément de survivre. Sylvène de Trémel, général Protecteur, a fait don de sa vie pour protéger...