Gangnam station

Chapitre 41

Sous la brume, Satsuki fila en un éclair. Elle suivait l'itinéraire tracé par Davia. Le trafic était fluide et la voiture de Minseok prenait le chemin de Samgakji.

Les drones de Davia surplombaient la route et lui envoyaient les données de localisation.

Satsuki se sentait impuissante. Elle repensait à sa rencontre avec Giulia et à ses premiers échecs. Se retrouver dans une position inconfortable lui rappelait son humanité. Elle détestait voir l'ennemi prendre du terrain. La tireuse apprit avec le temps à devenir rude et sans pitié. Voir sa boss s'éloigner sous ses yeux la rendit émotive. Sa relation avec Aïssa était particulière.

Six ans en arrière.

Dans une rue discrète de Shibuya, Satsuki, trente-neuf ans, vendait des sachets de drogues. Elle effectuait le travail des petits bandits paresseux. Elle touchait un pourcentage des bénéfices mais cela ne représentait rien. Elle portait le surnom de « Kitsune » et une longue perruque à frange. Étant furtive et futée comme un renard, le frère de sa collègue de travail la recommanda à de nombreux associés.

Ses services lui rapportaient suffisamment d'argent pour arrondir les fins de mois. Satsuki put se permettre de sortir avec ses enfants et de voyager dans le pays. Auparavant, elle était dans l'incapacité de le faire. Ses différents boulots ne l'aidaient pas à survivre.

Son époux ne revint plus à la maison et se contenta de lui faire des petits virements qui faisaient à peine sept-cents euros. Même si la maison appartenait à son mari, elle devait régler les charges, gérer la scolarité des enfants, veiller à les nourrir etc. Satsuki perdait espoir et refusait d'appeler à l'aide. Sa belle-famille récupérait les enfants pendant les vacances scolaires, cela lui permettait de souffler et d'œuvrer dans l'ombre.

Une nuit d'été, la Japonaise se rendit dans une rue de Shibuya. Des membres d'un gang l'attendaient sagement. Elle remit les gains à un homme de quarante ans, prénommé Hiro. Il afficha un air satisfait et lui donna la faible somme de cinquante euros en yen. Satsuki se contraria sous les yeux amusés des quatre malfaiteurs.

— Juste ça ?

— Tu t'attendais à quoi ma belle ? se moqua Hiro avec ses trois acolytes.

— J'ai travaillé toute la semaine ! Je ne peux pas rentrer avec ce gain, rugit Satsuki.

— Sinon quoi ? lança un autre homme.

— Stop les gars, elle a travaillé honnêtement, on lui doit sa thune ! C'est vrai quoi ! blagua Hiro.

Satsuki se calma, pensant qu'ils s'amusaient à la faire stresser. Cependant, Hiro cessa de plaisanter et lui assena de violents coups au niveau du ventre. Pendant qu'un autre l'isolait dans une ruelle étroite, un des hommes bloqua ses bras. Satsuki se débattit de toutes ses forces. Un autre arracha son débardeur et plongea son visage dans sa poitrine. La Japonaise hurla mais ses cris ne sortaient pas. Tout d'un coup, Hiro cessa de l'affaiblir, il demanda à ses trois coéquipiers de la maîtriser fermement. Il exhiba ses parties génitales devant la fille et la força à ouvrir la bouche. Satsuki tourna la tête dans tous les sens mais les trois hommes l'en empêchèrent. Prise de panique, elle mordit avec hargne son pénis. Les autres l'éloignèrent de leur allié en la ruant de poings. La Japonaise fit semblant de perdre connaissance.

— Achevez-la ! ordonna Hiro qui examinait la morsure sur son sexe.

Un homme se rapprocha de Satsuki, prêt à l'étrangler. Brutalement, elle se releva en donnant un coup de tête en plein visage du meurtrier. Elle en profita pour extirper de son soutien-gorge un cutter. De façon chirurgicale, elle le lui planta à la gorge. Un autre l'empoigna par le cou. Satsuki prit appui sur la paroi du mur afin de se laisser pousser en arrière. Son agresseur se cogna contre le mur d'en face. Il se releva, titubant. Elle l'aspergea avec une bombe au poivre. Aveuglé, il se laissa tomber. La pluie survint soudain. De grosses gouttes tapaient sur les deux hommes restants. Hiro resta scotché par sa prouesse et incita son partenaire à sortir une arme à feu.