Chapitre 46

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Satsuki récupéra dans la petite station essence un sac dans lequel se trouvaient les déguisements. Elle ferma les yeux, terrassée par une légère sensation de peur. Les différents costumes l'inspiraient et lui permettaient de penser à un plan. Elle se gara à plusieurs mètres de Bukchon. Ce lieu était connu pour ses maisons traditionnelles coréennes. 

Après une longue réflexion, la femme de main enfila la tenue d'une personne âgée. Elle se maquilla et emprunta une perruque grise.

Après avoir terminé d'ajuster sa tenue, elle s'équipa de munitions et glissa certaines armes au niveau de sa ceinture et de ses collants.

Le brouillard était de plus en plus épais et mystérieux. Satsuki soupira et pensa une dernière fois à ses enfants. Elle ressassait le passé. Ses derniers instants avec son époux, les disputes et la voix de ses petits demeuraient dans sa tête. Aïssa venait compléter le tableau. Elle aurait voulu être plus forte et se battre contre les épreuves de la vie d'une autre manière.

La Japonaise afficha un sourire et changea de mine. Elle redevint la tueuse sans âme, prête à tout.

Dans les parages, les habitations étaient quadrillées par les hommes de Minseok. Ce point confirmait sa présence. Satsuki, d'un air décidé, entra dans la zone. Elle se courba comme une femme d'un certain âge et fit mine de trembler. Jouant son rôle, elle regarda droit devant elle.

Un homme de Minseok l'observa et se rapprocha d'elle délicatement.

— Grand-mère, ce n'est pas le bon chemin. Où voulez-vous aller ?

— Je n'ai pas compris, tu es mon petit Jung ?

— Non, sourit l'homme, c'est votre petit-fils ?

— Oui, je dois le rejoindre.

Un autre type se joignit à eux.

— Elle veut quoi la vieille ? Le patron ne va pas être content ! Personne ne doit rentrer.

— Je sais, réagit désespérément l'homme, il faut juste l'escorter chez elle, elle ne représente pas de danger.

— Bon occupe-toi d'elle, fais vite !

L'homme la saisit par le bras et lui demanda si elle se souvenait du lieu exact de la maison dans laquelle habitait son petit-fils. Satsuki en profita pour analyser les lieux et lui donna des indications contradictoires. Elle compta le nombre d'hommes et les endroits qu'ils surveillaient. Soudainement, Satsuki remarqua une agence dans laquelle les touristes pouvaient louer des logements. Elle découvrit Minjae s'y introduisant seul. La Japonaise attira l'homme, surpris.

— Grand-mère ? rit l'homme, amusé. Vous vous trompez encore de chemin.

— Non, j'en suis sûre que c'est là-bas.

L'homme se laissa entraîner jusqu'à l'agence, enjoué.

Minjae, qui passait un coup de fil, se tenait devant le comptoir d'une dame qui vérifiait les réservations sur son écran tactile. Sur son dos, il portait un sabre.

Satsuki compta le nombre d'individus à l'intérieur de l'établissement : il y avait deux clients, la femme du comptoir, l'homme qui l'accompagnait puis Minjae. Sans tarder, Satsuki sortit un revolver silencieux. Elle le pointa sur l'individu à sa gauche et tira sans brancher. L'homme s'écroula. Les clients tremblèrent sous les yeux de Minjae. Ce dernier chercha à se servir de son arme mais elle le menaça.

— J'ai arrêté de te faire confiance et je vais bientôt te faire quitter ce monde.

— Il y a des témoins ici, tu vas nous mettre le quartier à dos. Je suis censé réceptionner un colis. Ils viendront à moi, si tout ne se passe pas comme prévu tu finiras par disparaître à ton tour.

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