Bienvenue à l'aéroport international d'Incheon, lança une jeune hôtesse de l'air enthousiaste.
Les passagers en provenance de France se dirigèrent vers les agents pour le contrôle de leurs documents. Il y avait du monde et d'autres vols étaient attendus. Malgré le pic de pollution annoncé, les touristes étaient nombreux.
Parmi les passagers, Aïssa, cinquante ans, portait une combinaison noire et une paire de boots assortie. Elle avait lissé ses cheveux crépus pour mieux les dissimuler dans sa capuche. Femme d'un certain âge, on lui donnait moins. Ses rides se voyaient à peine et sa silhouette de jeune adulte demeurait intacte.
Aïssa ne tenait à la main qu'une valise cabine. Elle connaissait bien les environs. Ce n'était pas la première fois qu'elle venait en Corée du Sud.
A la sortie de l'aéroport, le ciel commençait à s'assombrir. Aïssa se rapprocha d'un taxi. Le véhicule noir se distinguait légèrement des autres voitures : elle était simple et discrète. Le conducteur ne semblait pas vouloir quitter la voiture. Il attendait sa cliente sans se manifester.
Aïssa se rapprocha rapidement du véhicule. Elle rangea sa valise dans le coffre et s'installa à l'arrière. Le conducteur l'observa depuis le rétroviseur et lui fit un geste de la tête. Sa passagère fit de même comme s'ils passaient un accord.
Tout le long du chemin, le silence régnait en maître. Pas un mot sur la météo, ni sur le pays... Les deux personnes n'avaient pas l'air de vouloir échanger.
Le conducteur scrutait du regard sa montre et ses arrières de temps en temps. Le trajet paraissait long et il avait l'air nerveux. Sa cliente jetait un coup d'œil à la fenêtre. Elle reconnaissait les lieux. Bilingue, elle n'avait aucun problème pour s'exprimer.
— Arrête-toi ici, ordonna-t-elle, je vais continuer à pied.
— Très bien, tu lui donneras ce reçu.
Aïssa acquiesça, descendit de la voiture et récupéra sa valise. Elle dissimula le reçu dans sa poche puis entrevit le taxi partir aussitôt.
La femme d'un certain âge entra dans le quartier d'Hapjeong. Elle longea une colonne de commerces de manière rapide. L'odeur de friture emplissait son nez. A quelques coins de rue, elle pouvait voir des stands de kimbap et des femmes vendre des tteokbokki. Cette nuit d'automne était animée.
Personne à droite, personne à gauche, Aïssa s'enfonça dans une ruelle légèrement éclairée. Elle cherchait un petit restaurant de mandu. L'établissement n'était pas l'endroit le plus fréquenté du quartier mais il avait de très bons clients.
La femme s'y rendit discrètement. Elle contempla le restaurant qui n'était pas assez lumineux et peu spacieux. Il y avait de vieux posters sur les murs. Aïssa afficha un léger sourire lorsqu'elle croisa celui de G-Dragon à l'époque où il débutait. Aujourd'hui tu as 55 ans, le temps passe vite, pensa-t-elle, en soupirant. Elle dépassa une table de personnes très âgées. Ils n'étaient que deux. Une femme nettoyait les dernières tables : le petit restaurant allait bientôt fermer.
Un jeune homme l'accueillit au comptoir.
— Que commandez-vous ? lança-t-il en anglais.
— Je ne suis pas là pour commander mais pour transmettre un message au propriétaire, s'exprima Aïssa en coréen.
— Je vous écoute, dit le jeune homme surpris.
— Gangnam.
Le jeune homme fronça les sourcils et alla prévenir le propriétaire de l'établissement.
Aïssa attendit sagement sur un siège sous le regard interrogateur des clients. Ces derniers s'apprêtaient à partir.
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Gangnam station
ActionAïssa revient en Corée du Sud pour arracher des mains de Minseok, son ancien compagnon surnommé le prince de Séoul, son fils qu'elle n'a pas revu depuis plus de vingt ans. Pour le vaincre, ses amis proches n'ont pas hésité à lui proposer des plans q...