Chapitre 45

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Dans la matinée, Satsuki prit la route. Elle se dirigea vers la station essence la plus proche dans la brume.

La frustration l'envahissait. Elle ignorait si Aïssa reviendrait plus forte ou si elle en garderait des séquelles.

Plongée dans ses vieux souvenirs, elle hésita avant de composer un numéro. Ce contact était le seul moyen de limiter les dégâts. Dans un coin de sa tête, elle repensait aux propos de Davia. Il fallait se préparer au pire.

Après une longue réflexion, elle finit par composer le numéro. Elle enfila son oreillette connectée et attendit le retour du destinataire.

— Allô ?

— Fati, c'est Sat.

Fati laissa un long silence avant de poursuivre la conversation.

— Tu m'appelles un matin de brouillard, j'ai l'impression que tu as bien choisi le moment car je suis actuellement à Séoul.

— Tu n'es pas avec Chungha ? attendit Satsuki.

— Je te rappelle que je suis un électron libre, répondit Fati. (Satsuki entendait des personnes gémir comme si elles étaient bâillonnées.)

— Je suppose que tu fais en direct le sale boulot ?

— Ouais, j'ai quelques découpes à faire mais avant ça je t'écoute.

Satsuki se concentra en prenant un virage et reprit la discussion.

— Ma boss est en danger de mort. Si tu es dans les parages sache que je pars à Bukchon. Une certaine Davia va rassembler ses hommes si les choses tournent mal mais ça sera trop tard et elle n'est pas assez influente ! Tu es la seule qui peut agir rapidement.

— Tu vas te sacrifier ?

— J'ignore si je reviendrai mais je dois sortir quelqu'un des sales griffes de Minseok.

— Oh, formula Fati qui venait d'exécuter une personne d'une balle.

— Comme personne ne t'associe à Chungha, ça évite qu'on rentre en guerre des gangs. Je t'envoie mes coordonnées au cas où.

— Minseok est un gros morceau, appuya Fati, je prends note mais je ne te promets rien. Au fait, tu sais où se trouve la planque des déguisements ?

— Oui, elle est sur le chemin. La petite station essence.

— Sous la caisse du gérant, précisa l'interlocutrice.

Satsuki entendit Fati aiguiser une lame. Une personne se lamentait.

— J'espère que ça va fonctionner, pria Fati, occupée.

— On verra, soupira Satsuki, si je pars aujourd'hui sache que tu as été une personne admirable !

— Fonce, Satsuki ! raccrocha Fati.

La Japonaise balança son téléphone qui se brisa instantanément et accéléra sans jamais se retourner. Si elle devait mourir, il fallait détruire les preuves de ses échanges.

Quatre ans en arrière.

Sous les flocons de neige, Satsuki se tenait sagement aux côtés d'Arshneel dans une ruelle abandonnée. Ensemble, ils attendaient quelqu'un.

La Japonaise n'était pas assez couverte et le froid la terrassait. Devant Arshneel, il était hors de question qu'elle tremble, qu'elle se plaigne ou qu'elle faiblisse. Son œil exhibait un cache-œil noir.

Tu as accepté d'intégrer notre gang alors tu as intérêt à protéger Giulia comme si ta vie en dépendait.

Oui.

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