Chapitre 54

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9h45. Le médecin légiste se tenait dans un laboratoire situé à quelques mètres du commissariat. Bom se dépêcha de le rejoindre.

Elle se présenta et montra sa carte de détective aux agents de sécurité.

— Où se trouve le bureau de Monsieur Song ?

— Deuxième étage.

Aucune odeur n'émanait des lieux. Il y avait à chaque étage des techniciens de surface qui nettoyaient après le passage des employés.

Au deuxième étage, le médecin légiste, un homme de quarante-cinq ans, cheveux mi-longs, venait de quitter ses vêtements pour enfiler sa blouse. Bom venait à sa rencontre.

— Docteur Song ?

— Bom Park ?

— C'est moi, valida la jeune femme.

— Venez.

Les deux individus se rendirent dans le bureau du docteur qui triait les analyses. Il les remit à Bom sans rien dire.

— Nous sommes bien sûrs que Monsieur Jang est décédé dans l'explosion ?

— Oui, confirma le docteur. Il n'a pas survécu à ses blessures, comme vous pouvez le lire sur les documents. Il est mort asphyxié par les flammes.

La jeune femme chercha dans sa mémoire les éléments sur la scène de crime.

Un mois plus tôt.

Bom se tenait sur le site de la discothèque de Gangnam Night en ruine. Dans les alentours, des passants effrayés observaient les lieux. Les pompiers se chargeaient d'éteindre les dernières flammes et de reconduire les victimes.

La détective examinait minutieusement le lieu en enfilant des gants. Elle remarqua des traces de pas encore fraiches dans les cendres. Il y avait des corps éparpillés : les hommes de main de la zone de l'Est. Elle prit comme pièce à conviction une munition d'un calibre 12/70 sur le vêtement d'un défunt. De plus, elle fit deux pas en arrière et découvrit la Sex'box qu'elle retira des décombres. Bom tomba sur les formules et leva le sourcil comme pour exprimer son dégoût.

Pas loin de la scène, une femme âgée cherchait à regagner son habitat mais les policiers lui dictèrent de faire demi-tour car le secteur était bouclé. Bom confia les pièces à conviction à sa partenaire Yudan. Sans tarder, la jeune détective alla à sa rencontre.

Grand-mère, où habitez-vous ?

Pas loin des décombres dans la rue voisine, confirma la femme d'un certain âge.

Je m'en occupe, rassura Bom qui faisait signe à son collègue qu'elle se chargeait de l'habitante.

L'officier s'écarta et continua les investigations avec ses collègues.

Bom raccompagna la femme qui la remercia pour cette initiative.

Cela fait combien de temps que vous habitez dans ce quartier ?

Depuis toujours.

Connaissiez-vous le propriétaire de cette discothèque ?

Pas vraiment. Cette boîte était toute récente. Elle n'a pas plus d'un an, confirma la dame qui enjambait les débris.

Avez-vous vu ou entendu quelque chose de suspect ?

La vieille femme s'arrêta un moment et reprit la route.

J'avais déjà écrit pour dire qu'il y avait de la négligence sur l'entretien des lieux. La police avait déjà enquêté mais rien de plus. Un jour, j'ai entendu des cris comme un règlement de compte. Quand j'ai voulu appeler, un ancien voisin m'a dit, tu n'as rien entendu.

C'est Rose Jones qui a participé à ce règlement de compte ?  Son nom est bien connu dans le quartier. 

Je l'ignore mais je confirme que c'était une gangster, je ne pense pas qu'elle avait le droit de construire une discothèque ici. Un autre jour, l'un de ses employés m'avait injurié parce que j'avais dit que je les dénoncerai pour avoir construit sans permis. Renseignez-vous auprès des personnes compétentes, je n'ai pas eu la motivation de le faire.

Bom enregistra cette information et traversa une petite rue qui menait à l'habitation de la vieille femme.

Ma petite je vous remercie.

Avec plaisir grand-mère, mais vous ne pourrez plus emprunter cette rue. Nous sommes sur une enquête.

J'avais compris.

La vieille femme partagea un dernier élément à la jeune policière.

Ici, c'est la plus grande zone de trafic de drogues. Rose Jones amusait la galerie et recevait tout type de personne dans cette discothèque. J'ignore quel était son rôle exact mais, un soir, une femme noire est arrivée et a pris sa place. J'ai entendu le mot « boss » quand je rentrais de ma promenade nocturne. J'ai compris qu'il y avait un réseau de mafieux !

Boss ?

Oui, confirma la femme. Après ça, je n'ai plus vu la propriétaire, peut-être que la femme noire a acheté sa boîte pour service de point de ventes ou de repère.

Merci, pour ces informations précieuses.

Faites attention à vous, personne n'est fiable à Séoul. Les gangs existent pour faire taire les honnêtes citoyens.

La dame âgée laissa la jeune femme derrière elle en pénétrant dans le hall de son immeuble.

Quelques minutes plus tard, Yudan tomba sur le corps du PDG dans les décombres. Une partie du terrain avait été épargnée par le gigantesque brasier même si de forts dégâts étaient présents. Bom se dépêcha et constata l'horrible découverte.

Pour une personne qui a été au cœur d'une explosion, il a de la chance d'avoir un corps reconnaissable, se confia Yudan, surprise.

Bom ne fit aucune remarque et sortit son téléphone. Elle composa le numéro de sa cliente.

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