Chapitre 18

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Près de l'arrêt de Gangnam, Satsuki se gara avec beaucoup de discrétion.

Elle pointa du doigt le chemin à ses deux partenaires et s'enfonça dans une des avenues du quartier. Elles se hâtèrent et se précipitèrent dans un immeuble peu fréquenté.

Une vieille concierge nettoyait les murs du hall. La femme de main de Giulia la salua de manière honorifique.

— Bonsoir grand-mère.

— Bonsoir, où est Lucie ? Tu n'es pas avec ta copine Italienne ?

— Elle est retournée au pays, mentit Satsuki difficilement.

— Je vois, elle aurait pu me dire au revoir, ah les jeunes !

Les trois femmes montèrent jusqu'au dernier étage. Aïssa demeurait détruite physiquement et moralement. De nombreuses images et discussions du passé remontaient à la surface. Giulia était au cœur de ses souvenirs. Subitement, Aïssa se rappela son échange avec Giulia concernant cette mystérieuse lettre. Un élément vint la surprendre.

Lorsque les trois acolytes franchirent le seuil de la porte, Satsuki composa le code et poussa la porte.

L'appartement arborait le style coréen. Il était bien aménagé et dégageait une odeur de renfermé. Les meubles manquaient de propreté. La poussière s'était invitée depuis des mois. Le logement était spacieux, il y avait deux chambres et un grand salon.

Satsuki retira ses chaussures et les déposa à l'entrée. Elle n'eut pas le temps de s'adresser aux filles qu'Aïssa se jeta sur Juhee. Les deux femmes se livrèrent un combat devant Satsuki, impuissante. Juhee était au sol et perdait de l'oxygène. Aïssa l'étranglait.

— Sale garce ! injuria-t-elle, méconnaissable.

— Tu... vas... m'tuer, tenta de se libérer Juhee des mains d'Aïssa.

— C'est à cause de toi que Giulia est morte et que ma vie a éclaté en morceaux !

— ... Aïssa...

— C'est toi qui as écrit cette fichue lettre, ce sont tes mots pas ceux de Minseok ! Minseok n'est pas du genre à écrire des lettres, il agit quand il n'a plus le choix !

— De quoi parles-tu ? étouffa Juhee.

Ce lien est défait, répéta Aïssa qui assigna des coups de poing.

Satsuki les sépara et fit barrage entre les deux femmes. Juhee respirait difficilement.

— Tu vas me dire la vérité, sinon je vais te refaire le portrait, menaça Aïssa.

— Je ne pensais pas que ça irait aussi loin, avoua Juhee, les yeux rouges. Quand tu sortais avec Minseok, je ne te voyais plus ! J'ai commencé à devenir possessive et bordel, je me faisais un sang d'encre pour toi ! J'en parlais à Arshneel qui était aussi frustré que moi. Le jour où j'ai écrit cette lettre, c'était un an après ta reprise des études. Avec ton diplôme en poche, tu pouvais trouver un travail décent en France. Arshneel a géré le reste comme il fait d'habitude !

— Tu te rends compte que Giulia a passé son temps à se sacrifier pour moi, dans l'espoir un jour de remplacer Minseok. Elle pensait qu'il était tordu et qu'il refusait d'accepter son rôle !

— Mais c'est le cas, bordel ! beugla Juhee. Ce mec est un gangster ! Il va enrôler Kel et maintenant que Giulia n'est plus, la nouvelle se répandra et il continuera à exercer la peur sur cette ville ! C'est ça que tu veux ?

— Minseok n'a jamais été comme ça, c'est toi qui as fait de lui un monstre ! Il n'arrêtait pas de me le dire, Juhee et Arshneel sont les pires, fais attention etc. Finalement, c'est toi la malade dans cette histoire. Arshneel est en danger de mort par ta faute !

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