Chapitre 12

91 7 22
                                    

Satsuki déposa Aïssa à quelques mètres du quartier de Sogang et repartit aussitôt. Elle devait se placer à un endroit stratégique pour intervenir en cas d'attaque.

Aïssa avait fait des braids et le manteau en cuir qu'elle portait était violet foncé. Son jean taille haute dessinait sa silhouette et faisait ressortir son chemisier rose pâle.

La femme de cinquante ans attendait ce moment avec impatience. Revoir son fils la rendait heureuse et très émotive. Elle ignorait si les traits de son visage se rapprochaient des siens. Elle imaginait un jeune garçon aux yeux bridés avec un sourire timide et une grande taille. Dans ses vieux souvenirs, Kel ressemblait à son père.

Aïssa faisait le tour de l'école, elle stressait un peu. Soudain l'heure à laquelle finissait son fils s'afficha sur sa montre. Au loin, elle découvrit un jeune homme sortir de l'un des bâtiments de l'université qui se trouvait proche des dortoirs.

Il avait les cheveux bruns et une allure de chef d'entreprise. Il se dirigeait vers elle, le regard déterminé.

— Bonjour, vous êtes Aïssa ?

Aïssa resta bouche bée.

— Comment savez-vous mon prénom ?

— Ne vous inquiétez pas, je suis le fameux contact.

— Oh, je vois... formula Aïssa, soulagée.

— Je m'appelle Minjae, je suis les yeux d'Arshneel. Il m'a dit de rester dans le coin et de le prévenir en cas de danger.

— Oui, je suis au courant mais je n'aurais jamais pensé vous voir là.

— Je peux improviser parfois ça arrive, dit-il en riant. Kel vous attend au café du campus.

— Il sait que je suis là ?

— Je suis le plan d'Arshneel, il vous reste trente minutes avant que des hommes viennent le chercher.

Sans tarder, Aïssa se dirigea vers le café en courant. Son cœur battait si fort qu'elle eut l'impression de l'entendre. En rentrant dans le café, elle découvrit un jeune homme installé à une table. Il mangeait une pâtisserie. Il était métisse aux yeux bridés et ses cheveux bouclés retombaient légèrement sur son visage.

Aïssa laissa tomber de grosses larmes sur ses joues et se rapprocha doucement du jeune garçon

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Aïssa laissa tomber de grosses larmes sur ses joues et se rapprocha doucement du jeune garçon.

— Kel ?

Le jeune adulte se tourna entièrement vers elle.

— Vous m'avez appelé Kel ?

— Oui, je suis ta mère...

Kel resta muet. Il se leva de son siège, malheureux.

— Vous m'avez abandonné...

— Abandonné ? C'est faux, ton père en est responsable, avoua-t-elle, tristement.

— Vraiment ?

— Oui, persista Aïssa, triste.

— Je ne sais plus qui croire, formula le jeune homme, perturbé.

Aïssa ne semblait pas saisir la situation.

— Que t'a-t-il dit ?

— Je ne peux pas parler à une inconnue sans la présence de mon père...

— Une inconnue ? Mais je suis ta mère...

— Le voici, mentionna Kel en pointant du doigt.

Le cœur d'Aïssa rebondit avec violence dans sa poitrine.

Minseok se tenait là. Il venait de rentrer dans le café le pas lent. L'homme portait un bomber noir très large et des boots d'une valeur inestimable. Il arborait une tenue décontractée et des lunettes de soleil. Il s'était bien conservé avec le temps. Derrière lui, ses gardes du corps se tenaient devant la boutique.

Charismatique et froid, Minseok embrassa son fils sur le front et l'invita à s'asseoir. Il fit signe à un des employés de lui servir un café.

Aïssa demeura debout ; figée par la peur. Le serveur déposa le café sous les yeux de Kel, confus.

— Tu ne t'assois pas ? s'étonna Minseok.

Aïssa n'arrivait pas à parler. Elle se tenait dos à lui.

— Tu es sourde ou quoi ? insista Minseok, impatient.

La femme prit place face à lui et son fils.

— Kel, je te présente Aïssa, ta mère. Comme tu le vois, vingt ans après, cette chère femme montre enfin le bout de son nez. Elle n'était pas là quand tu étais petit et maintenant que tu es devenu un homme, elle vient comme ça, comme si elle était au bistrot !

— Je ne te laisserai pas mentir... s'offusqua Aïssa, prête à lui arracher la langue.

— Hein ? Je savais que tu étais capable de parler ! se moqua Minseok. Tu n'as jamais donné signe de vie au petit, même pas une seule lettre ! Je l'ai nourri et je l'ai habillé ! Tu as préféré tes amis à ta famille et repartir en France comme tu n'assumais plus rien.

— Comment oses-tu mentir devant Kel ? Toutes ces années, mes amis et moi avons cherché un moyen de le retrouver et de te combattre. Tu as oublié le mal que tu as fait ?

— Le mal ? souligna Minseok.

Soudainement, le silence prit place. Minseok rit en remuant la tête et s'accrocha au bras de Kel, l'invitant à partir.

Aïssa s'interposa.

— Où l'emmènes-tu ?

— Tu l'as vu, il t'a vue, maintenant il rentre à la maison et toi tu vas rester avec moi, ordonna Minseok qui remplaça son sourire par une mine de tueur.

— Papa, peut-être que je devrais écouter sa version, non ? s'exprima Kel, frustré. J'étais en colère sur le moment mais j'ai besoin d'en savoir plus sur votre histoire.

— Tu rentres, c'est mon dernier mot, prévint Minseok.

— Laisse le gamin ! se dressa Aïssa entre eux.

Minseok paya le café et quitta les lieux avec Kel et sa mère. Il serra fermement Aïssa contre lui, lui ordonnant de se calmer.

Au loin, Satsuki se préparait à agir mais Aïssa lui fit signe de s'abstenir pour le moment. 

Gangnam stationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant