Chapitre 44

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Plus tard dans la soirée, Dongsun passa un coup de fil rapide à Davia. Il lui demanda de venir afin de lui expliquer la situation concernant Aïssa.

Le docteur quitta la pièce et attendit l'arrivée de son amie. Cette dernière débarqua avec une Satsuki incontrôlable. Dongsun tenta de trouver les mots justes pour l'apaiser mais la tireuse ne voulait rien savoir.

— Nous ne pouvons pas trainer ! s'impatienta Satsuki. Je dois l'emmener et vite !

— Elle doit rester ici, elle a besoin de soins et de surveillance, vociféra Dongsun.

— Si elle reste ici, c'est tout l'hôpital qui risque d'y passer ! s'écria la Japonaise meurtrie.

— Je le répète, si je ne la prends pas en charge correctement... un pied dehors et elle mourra ! ponctua le docteur, sévèrement.

Davia posa sa main sur l'épaule de Satsuki et la supplia de se calmer. Elle se tint face à son ami, la mine terne.

— Je t'écoute... Quel est le bilan ?

— Malheureusement, elle a reçu un choc violent au niveau de la nuque. Ses cervicales sont endommagées. Je ne peux pas la faire sortir.

— Elle va s'en sortir au moins ? s'inquiéta Satsuki.

— Si elle reste avec moi, je ferai tout ce que je peux, promit Dongsun. On doit compter trois semaines, c'est le minimum. En fonction des résultats, elle pourrait sortir dans un mois.

Davia souffla quelques secondes et prit à part Satsuki.

— Ça s'annonce mal pour Aïssa.

— Juhee va mourir et Minjae ne pourra pas la sauver ou encore rentrer en contact avec Aïssa. Je ne suis pas taillée pour prendre sa place, je suis là uniquement pour exécuter les ordres.

— Je sais... soupira Davia.

— Minseok va vouloir se venger et prendre les zones d'Aïssa en un éclair ! Nous n'avons plus d'hommes, plus assez...

Satsuki s'effondra sous les yeux de Dongsun. Sans consignes, elle n'avait plus de réel but.

Davia sortit de sa poche une tablette pliable, qui affichait les mêmes dimensions qu'un portable, et l'alluma machinalement. Elle se tourna vers Satsuki.

— Minseok se planque actuellement à Bukchon. J'ignore si c'est sa vraie cachette mais on a déjà une piste.

— Le village Hanok de Bukchon ? Très bien, je m'y rends.

— Non. Tu ne peux pas ! C'est trop risqué ! la raisonna Davia.

— Tôt ou tard, Minseok viendra à nous. Je dois prendre de l'avance.

— Tu dois te reposer !

— En restant ici avec vous, j'ai déjà repris des forces.

— Satsuki, persista Davia, ta position n'est pas si simple ! Tu es en train de perdre ton sang-froid et ton attachement pour ta boss te perdra. Aïssa n'aurait pas souhaité que tu prennes une décision irréfléchie.

Satsuki l'ignora.

— Dongsun, lança Davia d'un ton grave.

Le docteur se rapprocha d'elle, les yeux rivés sur son rapport.

— Fais le maximum de soins, ensuite tu vas devoir trouver une solution pour sortir Aïssa d'ici.

— C'est un risque que tu fais prendre à ton amie.

— Dongsun, tu es le seul à savoir que nous sommes des mafieuses, disons les choses comme elles sont. Les hommes de Minseok sont partout dans la ville et même parmi tes collègues. A partir du moment où tu as admis Aïssa à l'hôpital, les gangs rivaux vont apprendre la nouvelle. Ils voudront te faire chanter et la débrancher. Je sais que tu aimes ton métier mais là, c'est une question de vie ou de mort.

Davia arracha de sa poche un bâton de réglisse. Elle le mordit avec beaucoup d'anxiété. Dongsun semblait hésitant.

— Si tu as besoin de matériel, j'aurai la capacité de te les remettre, assura Davia.

Dongsun indiqua aux femmes de le suivre. Ils s'enfoncèrent dans un couloir légèrement sombre. La salle d'opération, dans laquelle Aïssa se trouvait, était vide. Seuls les instruments encore recouverts de sang apparaissaient.

Les deux femmes entrèrent dans la pièce et remarquèrent Aïssa avec des bandages sur le corps. Une attelle couvrait son cou. Sous perfusion, elle demeurait inconsciente.

— Elle a besoin de temps, précisa le praticien.

— Dans ce cas, je laisserai mes hommes protéger les lieux le temps qu'elle se réveille, proposa Davia. Moins tu en diras...

— Plus j'aurai des chances de survivre ! compléta l'homme.

Satsuki glissa dans l'oreille du jeune homme le domicile secret de Giulia qui se situait à Nowon.

— Je suis la seule à connaître ce lieu, révéla la Japonaise en chuchotant. Davia ne doit rien savoir.

— Entendu.

La Japonaise se rapprocha de sa patronne et lui posa un baiser sur le front.

— Tout va s'arranger... murmura-t-elle.

La femme de main croisa le regard de Davia, déterminée.

— Je vais me rendre chez Minseok et tenter d'aller sauver Juhee. Je ne peux pas rester les bras croisés et attendre Minjae.

— Je vois que je ne peux pas t'empêcher d'aller au bout de ton objectif. Je te couvrirai à ma manière. Garde cette puce, elle fonctionne comme un mouchard, lui tendit Davia qui la colla ensuite sur la nuque de son interlocutrice.

— J'ai senti une légère décharge.

— C'est normal, rassura Davia. Elle va s'adapter à ta peau et passera inaperçue. J'ai besoin de garder les yeux sur toi. Si ça dégénère, je serai là !

Satsuki lui serra la main et abandonna l'hôpital.

Davia ordonna à ses hommes de veiller sur les lieux en leur passant un appel masqué. Elle remercia Dongsun et partit sans tarder davantage.

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