Gangnam station

Chapitre 40

Satsuki resta anxieuse tout le long du repas. Elle entendit un léger bruit mais aucun moyen de savoir si sa patronne courait un grave danger. Minjae mangeait du ramyeon et essayait de détendre l'atmosphère.

— Tu paniques trop !

— La ferme, s'impatienta Satsuki qui n'avait rien commandé. Aïssa se trouve avec la pire des crapules, je ne peux pas rester zen.

— Minseok ne la tuera pas, confirma Minjae.

— Quoi ? Il a fait pulvériser le club et a assiégé la forteresse de Giulia. Tu crois vraiment qu'il cherche à la séduire ? Tu es vraiment bête !

— Crois-moi que s'il avait envie de la tuer, il l'aurait fait dès son entrée à Itaewon. Il est tellement fou et imprévisible qu'il serait capable de la... si tu vois ce que je veux dire.

— Non, impossible ! rejeta Satsuki, interloquée.

— Pourquoi est-il venu là ? Il sait que Giulia craquait pour elle. Les traîtres ont divulgué à Minseok que leur ancienne patronne a légué toute sa fortune ! Cela arrangerait Minseok de la séduire et de peut-être faire d'elle sa reine. Ils partageraient les gains équitablement !

— Aïssa ne marchera pas ! Des hommes se sont sacrifiés ! Elle a promis de venger Giulia et de faire prospérer son affaire. Donc, non !

— Nous avons été mis à l'écart, ce n'est pas pour rien, termina Minjae.

Il observa furtivement les employés du restaurant qui affichaient une mine grave et légèrement sombre. Satsuki cherchait une façon efficace de quitter les lieux en cas de trahison. Elle s'inquiétait pour sa boss.

Du côté d'Aïssa, Minseok mangeait paisiblement. Il invita son ex-femme à se servir mais elle refusait d'ingurgiter un seul aliment.

— Tu veux savoir comment va ta meilleure amie ?

La femme resta muette.

— Elle est terriblement amochée, présenta Minseok en machant ses aliments. Juhee refuse de se nourrir et donc je n'ai pas le choix, je suis obligé de lui péter les dents pour la faire bouffer ! Comme ça je suis sûr que la nourriture machée passe plus facilement. C'est dingue d'en arriver là !

Aïssa ferma les yeux, rebutée par ses propos. Elle ne voulait pas pleurer et se força à lui tenir tête.

— Comme je te l'ai dit, si tu admets le délaissement de Kel, tu quitteras ce pays en vie et tu pourras revoir Juhee. De plus, si tu abandonnes le trône de Giulia, ça sera encore mieux, tu pourras revenir en Corée. Tant que tu ne croises pas mes hommes bien sûr !

— Kel a le droit de faire un choix, avança Aïssa, sereine.

— Kel ?

— Oui.

— Aïssa, s'adossa Minseok, en croisant les mains. Kel est mon fils ! Tu n'as pas été là pour lui. Tu as suivi tes amis, tes choix et ta propre voie. Il n'y a aucune preuve de ton existence dans sa vie ! Tu ne peux pas parler de faire un choix.

— J'ai envoyé des cadeaux, des lettres et j'en passe ! Tu n'as pas voulu qu'il les voit et tu m'as fait passer pour la méchante. A l'époque, j'ai même missionné Arshneel. Il a dit que tu avais fui !

— Je n'ai rien reçu Aïssa, rien du tout à part cette lettre où tu disais vouloir m'arracher Kel !

— A ce sujet, si tu veux des explications, Juhee t'en donnera !

— De quoi parles-tu ?

Aïssa repensait aux révélations de Juhee. Elle n'osait pas lui dire que sa meilleure amie et Arshneel étaient responsables de ce malentendu. Minseok pourrait mal le prendre et la faire exécuter sur le champ. Juhee était déjà dans un mauvais état, elle n'acceptait pas de lui faire subir davantage.