Le silence rendit le climat lourd.
Aïssa était noyée par le chagrin. Ses yeux remplis de larmes l'empêchaient de voir devant elle. N'oubliez pas que tout a pris forme à la station Gangnam, se remémora Aïssa. Cette dernière et ses amis avaient prêté serment. Ils devaient former un groupe soudé même s'il existait des différends entre eux.
Juhee n'osait pas parler... elle serrait les dents. Elle n'arrivait pas à croire la situation.
Satsuki resta concentrée sur la route et jeta de temps en temps un coup d'œil au rétroviseur intérieur. Elle assurait leurs arrières. La tireuse vérifiait si elles n'étaient pas suivies.
Le bâtiment en feu, la foule assistait au spectacle, alarmée par l'explosion. Les gens se bousculaient dans les rues pour analyser l'ampleur des dégâts.
— Nous allons nous rendre comme prévu dans un des appartements de ma patronne, indiqua Satsuki, concentrée.
Vingt ans en arrière
Aïssa revint en Corée du Sud, elle était décidée à rencontrer Minseok qui avait demandé le divorce. La Cour suprême coréenne comptait bien se mettre du côté de son conjoint. Presque deux années s'étaient écoulées. Aïssa ne jouait plus son rôle de mère. Minseok marquait des points. Aïssa sentait à des kilomètres une pluie de paperasse incompréhensible l'éloigner de son fils. Elle voulait agir au plus vite.
Aïssa devait rejoindre Giulia. Cette dernière restait encore deux jours avant de quitter le territoire coréen pour aller en Italie. Sa tante était gravement malade. L'Italienne souhaitait voir son amie et lui proposer son aide avant de partir.
A cette époque, où l'été était très humide, Aïssa cherchait un moyen de récupérer la garde de Kel.
Les deux amies se retrouvèrent dans un appartement que Giulia louait à Itaewon.
Munie de la lettre de Minseok, Aïssa la fit lire à Giulia.
— Il est malade ? Il est con ma parole ! s'indigna-t-elle.
— Je répète ses mots, si tu décides de passer cette soutenance, sache que tu ne nous reverras plus. Je sais que les filles comme toi profitent des mecs qui n'ont pas eu la chance de briller à l'école afin de montrer leur supériorité. Kel est né ici, bordel ! Il n'ira pas avec toi en France si tu comptes y faire carrière. Considère que ton lien parental avec lui sera défait car tu n'as pas été la hauteur vis-à-vis de notre couple ni présente pour notre fils. Je demande le divorce.
— Il a un grain. C'est comme ça qu'il te remercie après tous ces sacrifices ? Tu étais même une femme de ménage pour gagner de l'argent ! C'est aussi ton fils, tu as ton mot à dire ! Tu voulais avoir ce diplôme et gravir les échelons pour rendre meilleur votre situation et ce petit connard ose dire le contraire, alors qu'il allait vendre de la drogue... son vieux business qui n'a pas marché !
— Cela ne lui ressemble pas, il a cessé de m'encourager, se confia Aïssa les larmes aux yeux.
— Ouais, souligna Giulia qui se servait un jus d'orange, il parle trop bien pour quelqu'un qui prétend ne pas avoir fait d'études. Il est égoïste et ça me dégoûte.
— Pourtant, après notre dispute au sujet de son business, je lui ai dit que je devais m'éloigner le temps de finir mes examens. Quand je vivais seule, je demandais à Minseok si Kel ne manquait de rien. J'envoyais même des colis à notre adresse pour lui montrer que j'étais là.
— Et malgré tout ça, ce salop ose dire que tu es partie délibérément.
— Oui, le fait de lui avoir dit que je voulais que Kel vienne en France, pour qu'il apprenne à connaître ma famille et mon pays de naissance, cela ne lui convenait pas. Il n'était pas question de s'installer en France, je voulais juste que Minseok se fasse une idée et, si jamais cela ne l'intéressait pas, qu'il souffle et qu'il trouve un vrai métier honorable en restant en Corée. Gérer un enfant seul, ce n'est pas simple !
Giulia remua la tête comme si elle venait d'être illuminée par une idée.
— Il a peut-être un complexe d'infériorité, non ?
— Je n'en sais rien...
— Arshneel est allé lui rendre visite et lui a transmis le colis de vêtements mais Minseok n'était plus avec le petit.
— J'espère qu'il ne compte pas fuir avec l'enfant...
Aïssa regardait dans le vide en pleine réflexion. Giulia se rapprocha d'elle de plus près et lui échangea des mots doux.
— Tu penses que j'ai encore une chance ?
— Où tu veux en venir ? questionna Aïssa surprise.
— Allez ! Tu sais de quoi je parle. Minseok n'en vaut pas la peine, je peux le remplacer ! suggéra Giulia qui caressait le cou d'Aïssa avec son nez.
— Giulia arrête, on en a déjà parlé, je dois régler mes soucis avec Minseok.
— Je ne suis pas assez bien, hein ? s'offusqua-t-elle. Dois-je aussi dealer ? Jouer les bad girl ? Avoir des tatouages ?
— Non...
— Alors quoi ? Tu as lu cette lettre bien écrite, qui me rappelle cette imbécile de Juhee que je ne supporte pas, donc tu te dis quoi ? Que Monsieur Minseok n'est plus aussi con que tu l'espérais et comme tu as peur, tu acceptes de retourner avec ce sac à merde ?
— Giulia, stop ! gronda Aïssa, je ne peux pas sortir avec toi car je ne t'aime pas assez ! Sous l'effet de la colère, il est du genre à agir mais, tant qu'il ne l'a pas fait, je ne peux pas certifier qu'on a officiellement rompu.
— Je vois, s'écarta Giulia d'Aïssa, je te prouverai qu'il ne te mérite pas ! Juhee et Arshneel avaient raison depuis le début.
Giulia lui remit les coordonnées d'un avocat. Elle certifia à son amie qu'elle s'occupait de lui avancer les frais. Aïssa demeurait gênée mais Giulia était prête à tout même si elle se faisait rejeter.
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Gangnam station
ActionAïssa revient en Corée du Sud pour arracher des mains de Minseok, son ancien compagnon surnommé le prince de Séoul, son fils qu'elle n'a pas revu depuis plus de vingt ans. Pour le vaincre, ses amis proches n'ont pas hésité à lui proposer des plans q...