Chapitre 5

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Assise dans sa chambre d'hôtel, Aïssa ressassait le passé. Le temps gris la rendait nostalgique et un peu triste. Juhee était au centre de ses pensées.

Dix ans en arrière

Deux hommes pourchassaient Juhee en pleine nuit. Elle était armée et couvrait les arrières d'Aïssa.

— Dégage, je vais les ralentir ! s'écria-t-elle.

— Je ne peux pas te laisser seule...

— Tu préfères quoi ? La police va bientôt débarquer !

— Nous devons rester ensemble... poursuivit Aïssa, souffrante.

— Tu nous ralentis avec ton bras alors bouge, bordel ! ordonna Juhee, qui scrutait du regard les alentours.

Les poursuivants tiraient en direction des deux amies qui s'étaient cachées dans une ruelle.

— Promets-moi de t'en sortir ! supplia Aïssa.

— Je n'ai pas le choix ! s'exclama Juhee.

Juhee quitta la ruelle et tira vers les deux criminels sous les cris et la panique des habitants du quartier.

Aïssa, blessée à l'épaule, s'empressa de rejoindre ses autres complices dans le quartier d'Itaewon. Elle abandonna difficilement son amie en suivant leurs indications par message.

Au même moment, Aïssa entrevit Arshneel près d'une voiture teintée. Elle traversa la route et bouscula sur son passage quelques passants avant de le rejoindre. Les sirènes de police retentirent et les cris des piétons s'accentuaient de plus en plus.

Juhee abattit un des hommes mais elle se retrouva vite piégée et sans munitions. L'autre lui tira une balle dans la jambe et arriva à son niveau. Il la frappa au visage et la saisit par les cheveux. Dans son dos, un autre homme se présenta avec une tenue de sport et une cigarette à la main : l'effaceur.

— La garce ! Elle s'est enfuie en laissant son larbin entre nos mains, rit l'homme en sortant un briquet. Tu vas nous dire où elle est et peut-être que tu repartiras en vie !

Juhee saignait du nez. Elle cracha sur les chaussures de son kidnappeur.

— Tu n'as pas osé ? lança l'homme, étonné.

— Je ne te dirai rien !

L'homme rit à gorge déployée sous les yeux amusés de son complice. Il positionna sous le nez de Juhee sa cigarette puis l'alluma à l'aide de son briquet en la brulant lentement. Juhee hurlait de douleur sous les yeux amusés de son ravisseur.

— Je venge mon homme que tu viens de descendre, dit-il, si tu coopères...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'une balle cribla la poitrine de son autre homme de main. Une femme brune, vêtue d'un ensemble de police et accompagnée de plusieurs hommes, apparut. Elle portait des lunettes de soleil et tenait fermement à la main l'arme qui avait servi à commettre le crime.

Aïssa s'en voulait encore en repensant à cette scène. Le récit de son amie, à l'époque, l'avait rendue malheureuse et l'affecte toujours aujourd'hui. Juhee ne craignait pas de se sacrifier pour une cause noble. La revoir ainsi fit remonter en Aïssa une vague d'émotions. Cette dernière se doutait que le chemin pour se faire pardonner demeurait long et difficile à emprunter.

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