Gangnam station

Chapitre 37

Le lendemain matin, avant que les commerces n'ouvrent leurs portes, Aïssa fut convoquée par Satsuki dans une boutique de vin ouverte à toute heure, qui se trouvait dans le quartier de Seocho. Le gérant des lieux connaissait Giulia depuis longtemps. Il se nommait Weng.

A l'époque, Weng n'arrivait pas à faire décoller son business. Giulia aimait son emplacement et le grand sous-sol qui servait à produire le vin. Elle voulait un lieu lambda, connue de sa femme de main, pour réaliser des exécutions sordides. En échange, elle remettait de l'argent au propriétaire des lieux. Ce dernier lui fournissait aussi des bouteilles qu'elle se permettait de revendre. Afin de mieux prospérer, Giulia fit venir des spécialistes dans le but d'améliorer l'affaire de Weng.

Aïssa se présenta au comptoir. Le gérant emballait des bouteilles sous les yeux de la femme. Weng l'aperçut. Il prit le temps d'analyser les vêtements qu'elle portait : un manteau en fourrure noire et un chapeau légèrement brun. Les bijoux qu'Aïssa exposait rappelaient au vieil homme ceux de Giulia. Il comprit instantanément et lui montra du doigt l'escalier souterrain qui menait à son lieu de rendez-vous. Weng poursuivit son travail, prenant des commandes au téléphone.

Aïssa s'enfonça dans le couloir et poussa les portes. Elle découvrit Satsuki posée sur une chaise au beau milieu de la cuverie avec un gros sac de voyage. Le commerce disposait d'un entrepôt. Juste derrière elle se trouvaient des hommes bâillonnés. Ils étaient huit. Tout autour d'eux, d'immenses cuves en acier renfermaient le vin qui fermentait. Il y avait des installations particulières et des télécommandes pour gérer les monte-charges.

— Comme convenu, j'ai trouvé les traîtres ! Certains se cachaient chez Minseok. Ils ne sont pas nombreux mais ils ont quand même divulgué les emplacements de nos fournisseurs et des clubs qui contiennent de gros coffres. Davia continue de son côté les investigations.

— Bon boulot, félicita Aïssa qui se rapprochait des hommes afin de mieux les examiner.

Elle se pencha sur eux et décrocha avec violence le ruban adhésif qui se trouvait sur la bouche de l'un des malfaiteurs.

— Pourquoi cette trahison envers Giulia ?

— C'est à cause de toi, salope !

Satsuki lui tira une balle dans la tête. Aïssa lui lança un regard accusateur.

— Tu aurais dû le laisser parler, s'attarda-t-elle, furieuse. Si tu me les descends tous sans que je n'entende leurs raisons, comment pourrais-je prendre une décision concernant leur sort ?

— Désolée, s'inclina Satsuki, gênée.

Aïssa répéta la même action et interrogea un jeune homme de trente ans.

— Pourquoi avez-vous trahi Giulia ?

— On n'a pas trahi Giulia, on ne voulait pas te suivre...

— Alors pourquoi avoir volé son butin et divulgué à l'ennemi des emplacements stratégiques ?

— Tu ne fais pas le poids, tu viens d'arriver dans notre monde ! s'agaça le jeune homme. On avait peur de perdre tout ce qu'on avait construit !

— Alors, je vais répéter ma question... s'impatienta Aïssa, pourquoi Giulia a été trahie ? Si vous avez été tous des fidèles, pourquoi ruiner tous ces efforts ? Je la remplace mais je n'efface pas son empire. Vous quittez le bateau, très bien, c'est votre choix. Par contre, si vous quittez le bateau en tendant la perche aux requins, je n'adhère pas !

Le jeune homme ricana.

— Giulia est partie ! Tu crois qu'on va laisser sa richesse dans le vide ? On a travaillé et c'est aussi notre argent.