Prologue

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Je regarde autour de moi, essayant de garder une expression neutre sur le visage. Je ne dois en aucun cas laisser transparaître l'angoisse qui pourtant m'assaille, je dois faire bonne figure et avoir l'air sûr de moi, malgré mon jeune âge et mon manque cruel d'expérience. Après seulement une année dans la police de Sacramento, je me vois offrir cette opportunité en or, et je vais tout donner pour obtenir le poste de mes rêves, enquêteur dans le prestigieux service fédéral de police des États-unis, communément appelé FBI.

Soudain j'aperçois un mouvement furtif dans la pénombre, à la périphérie droite de mon champ de vision. Je pivote en silence, remonte mes bras à la perpendiculaire de mon corps, visant de mon arme de service la source du mouvement. J'identifie la personne qui est dans la ligne de tir de mon Glock 22. Homme noir, la quarantaine, costume cravate, une blessure à la tête bénigne. Je baisse légèrement mes mains pour ne pas l'effrayer une fois que je l'ai reconnu. Il s'agit d'un des otages, je lui fais signe silencieusement afin qu'il emprunte le chemin vers la sortie, tandis que je couvre ses arrières. Au moment où il atteint la porte, j'entends le bruit d'un cran de sûreté qu'on retire dans mon dos. D'un geste souple, je me retourne et bascule au sol, afin d'être abrité par des cartons entassés, brandit mon arme au-dessus de ces derniers et ouvre le feu après avoir identifié l'un des braqueurs. Il s'écroule avant d'avoir pu riposter, je m'approche de lui et récupère son arme, que je glisse dans ma ceinture, à l'arrière de mon pantalon. Je poursuis sans bruit pour atteindre la pièce suivante, à la recherche du second et dernier braqueur. Je l'aperçois quelques instants plus tard, tenant en joue les cinq autres otages. Il me tourne le dos, trop facile ! Je m'astreint au calme, il ne faut pas crier victoire trop rapidement, au risque de commettre un faux pas. Après avoir tiré de ma poche mon canif, je le lance à ma gauche. Le braqueur pivote, son arme pointée devant lui, exactement comme je l'avais prévu. Avant qu'il n'ait le temps de faire quoi que ce soit, ni même de comprendre d'où venait le bruit qu'il a entendu, je tire deux balles et il s'effondre, comme son complice.

Ce n'est pas terminé, m'intime ma conscience, il faut finir la mission. Je récupère l'arme qui a glissé de la main de ma cible, et demande aux otages de me suivre dans le calme. 15 secondes supplémentaires et ils sont en sécurité.

Je regarde le sergent chargé de m'évaluer. C'est un homme de plus de cinquante ans, assez petit, qui arbore une énorme moustache, sans doute pour compenser le manque de cheveux qu'une calvitie importante mange sur le sommet de sa tête. Celui-ci me montre l'écran du chronomètre qu'il a en main. Je ne peux retenir un sourire en lisant les chiffres, je sais que j'ai magistralement réussi cette épreuve.

"Et bien Fergusen, on peut dire qu'avec vous rapidité rime avec efficacité ! 50 secondes pour entrer sans vous faire repérer, neutraliser les deux braqueurs et faire sortir tous les otages sains et saufs, je suis impressionné ! Bien joué, il ne vous reste plus qu'à passer les entretiens demain, vos épreuves de tir ayant eu lieu la semaine dernière.

- Merci monsieur, je réponds simplement, peu à l'aise avec les compliments.

- Une dernière question avant que je ne vous libère : pourquoi n'avez-vous pas tiré sur le premier homme ? Beaucoup se font avoir.

- J'ai une très bonne mémoire monsieur, j'avais enregistré dans ma tête tous les visages des otages. Ils étaient sur le trombinoscope de la banque, dans la première pièce, celle par laquelle je suis entré. J'ai donc tout de suite vu qu'il n'était pas un des braqueurs."

Je vois le visage du sergent Harris devenir songeur un bref instant, avant de me sourire, laissant apparaître des dents jaunies par un excès de tabac.

" Intéressant", ajoute-t-il avant de tourner les talons.

Avant de partir moi aussi, je vais saluer les officiers qui ont endossé les rôles de braqueurs et d'otages pour l'épreuve de sélection que je viens de passer. Tous me félicitent, et je restitue les deux armes factices que j'ai récupéré, avant de les remercier.

Sous couvertureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant