La rencontre avec Gor

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Je suis Fox et Ernie dans le hall du bâtiment, gardé à l'extérieur par deux postes de vigile, chacun avec à l'intérieur un homme lourdement armé, qui ne prend pas la peine d'être discret sur son arsenal. Le hall est immense et richement décoré. Il regorge d'hommes, armés eux aussi jusqu'aux dents. Je compte 18 Gorilles en tout avant que nous arrivions jusqu'à un ascenseur. Certains nous regardent passer avec curiosité, mais personne ne nous interpelle. Fox appuie sur le bouton d'appel et cinq secondes plus tard le bip retentit et les portes s'ouvrent. Nous avançons tous les trois dans la cabine, Ernie appuie sur le dernier étage, ce qui ne me surprend guère. Le roi des Gorilles doit aimer être en position de dominant, surplombant le reste. Dans cette partie excentrée de la ville, il y a peu d'immeubles , et tous sont bas. Le dernier étage de ce bâtiment doit donc donner une vue dégagée et surplombante, parfaite pour un ego démesuré de chef de gang. Un nouveau bip et les deux compères me poussent pour sortir de l'ascenseur.

Je me trouve dans un nouveau hall, plus petit que celui du rez-de-chaussée mais tout aussi luxueusement orné : lustre en cristal, fauteuil d'époque, tout ici dénote avec l'idée que l'on se fait d'un gang de dealers et de tueurs. Je m'imaginais plutôt un entrepôt brut, dalle de béton et confort modeste. Je n'ai pas le temps d'observer davantage, nous arrivons devant la dernière porte au fond du couloir. Fox toque à celle-ci, puis attend la réponse avant de l'ouvrir et de me pousser à l'intérieur de la pièce. Il me suit de près, puis Ernie entre à son tour.

Voila donc Gor : la quarantaine, cheveux longs poivre et sel, un regard à la fois vicieux et malin, des prunelles entre le gris et le vert, plusieurs larges tatouages sur le cou et les bras, représentants essentiellement des animaux sauvages. Il est bien bâti, doit sûrement faire régulièrement de la musculation. Je l'observe sans vergogne tandis qu'il fait de même avec moi, essayant de me juger. Il fronce les sourcils, ne sachant pas me cerner d'après ce que je comprends de son expression. Bien, parfait même. Il est seul, debout derrière un bureau qui pourrait être celui d'un ministre. Je suis surpris qu'il reçoive ici, la moquette beige doit être impossible à nettoyer une fois que du sang a coulé dessus. Je dois bien avouer que je ne m'attendais pas à ça, mais je ne laisse rien paraître. Je suis là pour essayer d'impressionner le patron pour qu'il m'accepte dans la bande, et non pour refaire la décoration !

"Qu'avons-nous là ? Sa voix est rauque, puissante. Il regarde Ernie, il doit être plus important dans la hiérarchie que Fox.

- Un dealer de petite envergure qui s'est trompé de trottoir et a cru bon de refourguer sa dope sur ton territoire.

- Lui un petit dealer ? J'en crois pas un mot, ça se voit qu'il est quelqu'un d'important. Il pue l'assurance, c'est un mec qui se croit meilleur que les autres. Il s'abaisserait pas à dealer de la merde.

- Gor, si tu permets, commence Fox, mais il se tait instantanément quand Gor tourne son regard vers lui. Un regard noir, qui pourrait geler sur place un lac en plein été

- Je répète, qu'avons-nous là Ernie ? Tu sais que mon temps est précieux, et c'est votre putain de boulot de faire passer l'envie aux revendeurs de dealer chez moi !

- Oui, désolé patron mais après lui avoir foutu une dérouillée pour ne plus qu'il traîne dans le coin, le gars nous a demandé à faire partie des nôtres. On a refusé bien sûr mais disons que j'ai perçu un certain potentiel.

Ernie baisse les yeux, hésite à poursuivre.

- Tu veux dire qu'il vous a foutu au tapis ? Pas la peine d'avoir honte, Ernie, je sais à quoi m'attendre avec vous, je ne vous paye pas pour être des lumières, ni pour être mes bras droits, simplement pour faire dégager de chez moi les nuisibles.

Ma première impression était donc la bonne, ce sont bien des guetteurs en bas de l'échelle des Gorilles. Les conditions de travail ne sont pas dégueus chez les gangsters, ils ont même des voitures de fonction à plus de 80 000 dollars au plus bas de la hiérarchie ! Ernie reprend finalement la parole

Sous couvertureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant