Bonus

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Point de vue de Lorena

Cela fait maintenant 15 mois que j'ai emménagé dans la petite ville de Billings dans le Missouri. Je n'étais jamais venue auparavant dans cet état, mon père puis mon mari restreignant totalement mes déplacements, mais je dois dire que le FBI m'a gâté. J'ai tout pour être heureuse ici. Les habitants ont été extrêmement accueillant, je trouve les paysages magnifiques et je me plais beaucoup dans ma petite maison décorée par mes soins.

J'ai d'abord trouvé cela très étrange de devoir choisir du mobilier, tout comme choisir ma façon de m'habiller, de me maquiller, mais je m'y suis très vite faite.

J'ai commencé par travailler comme serveuse au Diner à la sortie de la ville, c'était le boulot déniché par le département de la protection des témoins avec ma nouvelle identité. D'ailleurs je l'adore, cette nouvelle identité. Adriana. Je ne sais pas si c'est difficile pour les autres témoins sous protection de changer de nom, mais pour ma part je suis ravie. Je ne veux rien garder de Lorena, de cette vie qui a été la mienne pendant deux décennies.

Rien si ce n'est ma relation avec James. Même si ma vie a été un calvaire sans nom avant mon arrivée à Billings, je ne regrette pas d'avoir autant souffert car cela m'a permis de vivre le grand amour avec lui. Nos adieux ont été un véritable crève cœur pour moi, et je ne m'en suis toujours pas remise mais je sais au moins ce que c'est qu'aimer et être aimée. Je pensais qu'avec le temps et ma nouvelle liberté je parviendrai à passer à autre chose mais le temps n'a pas apaiser cette blessure-là. Je ne fais plus de cauchemar lié au meurtre de ma mère, de mes sœurs, ni aux atrocités que mon ignoble mari m'a fait vivre. Pourtant je me réveille encore souvent en pleurant, tremblante de froid car je suis loin des bras chauds et réconfortants de l'homme que j'aime toujours.

Jamais je n'aurai pensé pouvoir aimer et désirer un homme à ce point. Avant de le rencontrer, je pensais mon corps incapable de réagir positivement aux mains d'un homme, cette seule pensée me dégoûtait. Je n'avais connu que viols et humiliations, mais James m'avait fait connaître la tendresse et le plaisir. Mon dieu qu'il me manque. Après plus d'un an j'ai encore parfaitement à l'esprit le moindre détail qui le concerne. Il me suffit de fermer les yeux pour entendre la chaleur de sa voix, sentir son souffle dans mon cou alors qu'il s'apprête à y déposer un baiser. Je sens encore ses mains, je me souviens de chaque pigment bleu formant ses incroyables iris tachetés. Cet homme a les yeux les plus magnifiques qu'il m'ait été donné de voir. Un dégradé de bleus tous plus beaux les uns que les autres, à faire pâlir d'envie un peintre. Et leur combinaison unique qui rend son regard perçant, pénétrant, presque intimidant si on ne sentait pas l'incroyable bonté dans celui-ci.

Je suis encore surprise aujourd'hui que les membres du gang se soient laissé avoir, il suffisait de regarder James dans les yeux pour trouver la bienveillance et la gentillesse incarnées.

Mais trêve de pensées du passé. Ce dernier est révolu et comme tout passé on ne peut pas le revivre. Je sais que je dois me faire une raison et profiter de cette nouvelle chance qui m'est offerte. Et d'un côté je le fais. Je suis contente par moment de ma nouvelle vie et des possibilités qu'elle m'offre. Pouvoir sortir quand je veux, dans la tenue que je souhaite, parler et même rire avec qui bon me semble, c'est exaltant. J'ai fini par m'habituer à prendre mes propres décisions, et d'ici peu cela ne me fera même plus plaisir de pouvoir le faire, ce sera juste normal.

Sous couvertureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant