Premier tête à tête

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J'arrive devant le bureau de Gor, dont la porte est ouverte. Il me fait signe d'entrer, ce que je fais.

"Viens, assieds-toi, dit il en me montrant le même fauteuil qu'hier. Alors montre-moi ton cou.

J'ôte le pansement que Bonnie a posé dessus et il s'approche pour mieux voir.

- Parfait, comme toujours avec Bonnie.

- Tu voulais me voir pour autre chose boss ?

- T'es pressé de partir, belle gueule ? A peine dans mes rangs tu veux déjà déserter ?

- Non pas du tout, je ne veux pas te faire perdre de temps, c'est tout.

- Mouais... Je voulais te voir pour aviser de ton rôle dans mon organisation.

- Ok, je t'écoute. Ernie m'a dit que pour l'instant j'allais suivre et observer des gars.

- C'est ça mais tout à l'heure quand on a parlé de ton apparence m'est venue une idée. Si on arrange un peu ta coupe de cheveux et qu'on te fais porter des fringues classes, tu auras un look atypique pour un Gorille. Je me dis que ça peut être un avantage, un moyen pour moi de me diversifier.

- Tant mieux si je peux être utile mais je vois pas bien en quoi mon apparence va aider.

- Je t'explique : depuis quelques temps on tourne en rond, j'aime conquérir de nouveaux territoires, m'ouvrir à des marchés inédits. Or, côté territoire j'ai un accord que je ne vais pas trahir, du coup je cherche à m'étendre différemment. Peut-être en vendant de la dope au gratin de Sacramento. Tu vois, le genre fils à papa riche qui fait des soirées où la drogue circule en grande quantité. Et toi, tu pourrai être un vendeur qui se fond dans la masse.

- Ouais ok, ça me va.

- Tu ne demandes pas combien je paye pour ce boulot ?

- Si bien sûr mais j'accepte quand même dans tous les cas.

- Intéressant... Depuis hier tu n'as jamais abordé le sujet du salaire. Je vas te faire poireauter encore un peu vu que tu t'en moques ! On parlera fric une autre fois. Pour le moment, tu vas aller avec le balafré, je sais que sa mission du jour l'emmerde, tu lui tiendras compagnie. Tu le trouveras au 1er étage, appartement 105. Vous partez vers 15h.

- Ok boss"

Je n'ose pas poser de question, ni sur la nature de la mission emmerdante, ni sur le vrai nom du gars, même si je me vois mal arriver et lui dire "salut le balafré". Alors que je m'apprête à demander s'il y a autre chose ou si je peux partir, on toque à la porte.

"Entrez", s'exclame Gor.

C'est sa femme, Lorena, qui en passant près de moi pour faire le tour du bureau, me glisse un bout de papier dans la main. Elle dit quelque chose à l'oreille de Gor, qui pose sa main sur ses fesses pendant ce temps. J'ai l'impression d'être au collège, à craindre que le prof intercepte un petit mot en classe.

"Je peux y aller boss ?

- Quoi ? Ouais, ouais" me répond-t-il l'air absent, obnubilé par ce que lui dit sa magnifique épouse.

Je ne suis pas mécontent de sortir du bâtiment quelques minutes plus tard. Je m'éloigne avec l'intention de me trouver un stand de plat à emporter, car je commence à avoir faim. Pas de baby-sitter à mes basques cette fois, je tourne au coin de la rue avant de me décider à sortir la petite feuille pliée de ma poche et la lire

"Retrouvez-moi à 14h45 derrière le QG"

Je ne sais pas quoi en penser. Serait-ce un piège ? Je ne suis pas censé être seul avec elle j'imagine. Mais en même temps j'ai tellement envie de pouvoir lui parler... Et puis la règle est "pas touche", donc je peux très bien la voir, lui parler, je garderai simplement mes mains pour moi ! Oui, c'est décidé, j'irai la rejoindre.

Sous couvertureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant