Ce n'est pas la première fois que je tue un homme. Dans le cadre de mes fonctions, j'ai déjà été amené à tirer sur un homme, qui est décédé des suites de ses blessures. Cependant les circonstances étaient différentes. J'avais agi en légitime défense, j'ai tiré sur un braqueur qui me visait de son arme automatique, et celui-ci n'aurait pas hésité à me tuer si je n'avais pas ouvert le feu en premier. Cette fois-ci c'est différent, j'ai abattu un homme sanglotant, attaché, dont j'ignore même ce qu'il a fait pour déplaire à Gor. Je crois d'ailleurs que je préfère ne pas le savoir. Il vaut mieux que j'imagine que c'était un gangster d'un quelconque groupe ennemi, un homme qui a commis des crimes, plutôt que de savoir qu'il était peut-être un commerçant résistant aux menaces des Gorilles, ou un mec qui était au mauvais endroit au mauvais moment. Je range mon arme dans l'arrière de mon pantalon, tout en gardant le regard vissé sur la rivière de sang qui s'écoule de derrière le crâne de ma victime. La dernière fois, alors que j'avais toute légitimité à tirer sur le braqueur de banque, j'ai mis des mois à retrouver un sommeil normal, la culpabilité me rongeait. Je songeais sans cesse à sa famille, à la vie qu'il aurait pu avoir si je n'avais pas été présent sur les lieux ce jour-là. L'enquête a conclu que ma réaction était légitime et je n'ai pas été inquiété. Comment vais-je me remettre de ce meurtre ? Je tente de me convaincre que je n'avais pas le choix, pour le moment du moins, pour ne pas flancher. Je dois me montrer intransigeant, froid, peut-être même satisfait de ce que je viens de faire. Il ne s'est passé que quelques secondes depuis que ce corps renversé gît à mes pieds, mais j'ai l'impression que ça fait des heures que je le contemple. Je me détourne finalement de cette vision macabre pour regarder le commanditaire du meurtre.
« Voila, c'est fait.
J'aimerai partir, retrouver Lorena pour la serrer contre moi, sentir des émotions positives après toute cette merde, mais je reste là, attendant le verdict.
- Je suis content, belle gueule, me dit tout sourire Gor, certains doutent de toi mais je vois que tu as du cran. Tu as dézingué ce trou du cul sans poser de question, ça c'est de la loyauté.
J'esquisse un sourire forcé à ses mots
- Merci, chef. Tu peux compter sur moi.
- Maintenant nettoie-moi ça, dit-il en désignant le corps sans vie. Tu le balances dans une ruelle près de la 42ème, et pense bien à nettoyer tes traces. Si jamais tu te fais pincer parce que tu n'as pas fait attention, ça sera ton problème, c'est clair ? Je couvre uniquement mes gars s'ils sont précautionneux. Des questions ?
- Juste une, je me permets de lui demander, je prends ma bagnole ?
- Évidemment, pour l'instant je ne te file pas une de celles que j'ai acquise pour le gang.
- Ok »
Je n'ajoute rien, qu'est-ce qu'il y a à dire de toute manière ? Gor tourne les talons et repart par son bureau. Je me retrouve seul, mais sous surveillance puisque plusieurs caméras quadrillent la pièce. Je cherche l'issue la plus adaptée, et trouve une seule porte ouverte, qui donne sur des escaliers métalliques. À gauche un monte charge, avec une taille suffisante pour y contenir un corps humain. C'est parfait pour faire descendre ma victime. Je reviens sur mes pas, me rends devant un établi adossé au mur du fond. Je trouve des gants, que j'enfile, avant prendre un couteau pour détacher de la chaise les mains du pauvre bougre. Je récupère également une bâche, avant de la déposer sur le corps, puis de le faire rouler avec difficulté, afin qu'il se retrouve saucissonné dedans. Il doit peser pas loin de 100 kilos, je vais galérer à le traîner. Je prends garde à lui mettre les bras le long du corps puis je cherche sur l'établi du scotch, farfouille un moment avant d'attraper le gros rouleau orange. En prenant garde à bien positionner la bâche, je la maintiens fermée autour de ma victime à l'aide du scotch. Il ressemble dorénavant à un saucisson noir strié d'orangé ! Je continue ma tâche, m'astreint au calme. Maintenant le transport. J'attrape les pieds à travers l'épais tissu et traîne sur le sol le corps. Il me faut moins d'une minute pour atteindre le palier, je soulève ma charge mais je ne parviens pas à la hisser assez haut pour atteindre l'espace du monte-charge. Le corps retombe mollement par terre. J'hésite à demander de l'aide mais ne me résous pas à cette solution. J'ai une bonne condition physique, je devrais pouvoir y parvenir seul. Je plie les genoux, cale correctement dans mes bras le corps sans vie pour équilibrer le poids, puis dans un élan je le jette sur mon épaule gauche. Je souffle sous l'effort fourni, pousse sur mes jambes pour me mettre debout, avant de faire basculer dans le monte-charge mon chargement. Je referme la trappe et appuie sur le bouton de descente. Je pourrai descendre également par ce moyen, mais je préfère emprunter les escaliers pour ne pas rester plus que nécessaire proche du cadavre. Agir m'empêche de trop réfléchir, je dévale donc rapidement les 5 étages pour me retrouver au sous-sol. Étonnamment, je n'ai croisé aucun palier, la volée de marches relie directement le parking à cette salle de torture. Diesel est présent au niveau de la porte du bas, certainement pour monter la garde.
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Sous couverture
RomanceJames est un jeune agent très prometteur du prestigieux FBI. Pour le bien d'une opération d'envergure, il doit infiltrer un gang très dangereux de San Francisco, aux mains d'un homme redoutable surnommé Gor. Alors qu'il doit faire sa place et trouve...