Sentiments

1 1 0
                                    

Lorena termine de se hisser sur la branche la plus proche du mur, je retiens mon souffle, hésitant à sortir du couvert de l'arbre derrière lequel je me trouve pour la prévenir. Finalement, je me rends compte que je me trouve dans le périmètre de la même caméra que Lorena, je visse ma casquette sur ma tête, et sort de ma cachette. De toute manière, si Lorena est repérée, ça ne change pas grand-chose qu'un homme soit également visible, il faut juste que je fasse attention à ne pas dévoiler mon visage. Je fais de grands gestes avec mes bras pour attirer son attention, elle me voit tout de suite, me fait signe avec son pouce que tout va bien, puis secoue sa main pour me signifier de m'éloigner. Je ne comprends pas, mais décide de lui faire confiance et retourne derrière le tronc, puis m'éloigne de la propriété, jusqu'à être hors de portée des oreilles des gardes et des objectifs de la vidéosurveillance.

Je n'attends qu'une petite minute avant qu'elle me rejoigne, vêtue tout de noir, de ses tennis à son bonnet dans lequel sont retenus ses longs cheveux, en passant par un sous-pull et un leggings de sport. Elle me saute au cou, enroulant ses bras autour de ma nuque, collant ses lèvres avec force contre les miennes. J'oublie pendant un instant mon anxiété qu'elle ait été repérée par la sécurité du domaine, et savoure pleinement ce baiser. J'y mets cependant un terme à regret.

« Attends, commençais-je en le repoussant légèrement de mes mains sur ses hanches, tu étais dans le champs de la caméra nord du mur.

- Ne t'inquiètes pas, je connais très bien le système. Cette caméra est défectueuse depuis quelques jours, et ce matin j'ai entendu le responsable de la sécurité dire qu'un réparateur venait demain car elle s'était complètement arrêtée. Comme c'est dimanche il n'a trouvé personne pour la remplacer.

- Malin !

Je lui souris, soulagé.

- Merci, dit-elle simplement en me rendant mon sourire. Maintenant, allons nous en ! Je dois être de retour avant 6h, Gor se lève à 6h30 le matin. Je lui ai fait prendre un somnifère pour m'assurer qu'il ne se réveille pas au milieu de la nuit, mais il me faut être revenue avant son réveil.

- D'accord, viens, ma voiture est garée à quelques mètres. »

Je dépose un baiser rapide sur sa bouche, avant de lui saisir la main et de l'entraîner à ma suite. Nous regagnons ma Pontiac, nous glissant à l'intérieur en riant, tels des adolescents venant de faire le mur pour se retrouver sans que leurs parents ne le sachent. Je démarre et roule sans but, m'éloignant simplement de la cage dorée de ma belle. Très vit, nous atteignons la limite de la ville.

« Où allons-nous ? me demande Lorena

- Aucune idée ! Loin de Gor et de ses sbires.

- Prends à gauche. Comme tu est parti à l'ouest, on peut aller du côté de la réserve naturelle de Yolo Bypass. »

Je suis ses indications, et, au bout de quelques minutes, nous sommes au cœur de la réserve qui s'étend de part et d'autre de la route, faiblement éclairée par la lune et les phares de la voiture. Je me gare sur le parking visiteurs, qui est désert, et coupe le moteur. Le silence n'est troublé que par les oiseaux nocturnes qui peuplent l'endroit. Tout est paisible, une véritable invitation à la relaxation et au bien-être. C'est parfait pour les rencontres secrètes d'un couple impossible. Je tourne la tête vers Lorena, à peine visible dans la pénombre, admirant son visage si parfait alors qu'elle ne porte pas de maquillage. Elle a enlevé son bonnet, ses cheveux pendent librement sur ses épaules. Elle est tellement belle, jamais je n'arriverai a me résoudre à ne plus la voir, même si c'est dangereux pour nous deux. Je me décide finalement à briser le silence.

« Merci d'être sortie. Tu sais, cette journée m'a pas mal chamboulé, et avoir un moment rien que tous les deux est exactement ce dont j'ai besoin en ce moment. Je sais que c'est égoïste et risqué de t'avoir demandé de fuir de chez toi.

Sous couvertureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant