La cavalerie

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J'entends plusieurs coups de feu, j'en suis surpris car vu la distance de l'arme, je devrais être mort après le premier. Plusieurs secondes s'écoulent, et des cris se mêlent aux échanges de tirs. Ne sentant aucune douleur supplémentaire, j'en conclus que je ne suis pas encore mort, et me jette au sol en ouvrant les yeux. Gor me tourne maintenant le dos, Rick regarde par la porte entrouverte la fusillade qui semble se dérouler dans le hangar.

" Les keufs sont très nombreux, boss, j'en vois au moins une dizaine par ici, dit-il rapidement

- Et merde, comment ont-ils su ? s'insurge le gangster. On est fait comme des rats dans cette pièce, les gars ont intérêt à me dégommer ces raclures et vite fait, avant que d'autres renforts ne rappliquent.

Je profite de cette diversion pour les contourner et tenter de me trouver une arme de fortune. Bien évidemment, le répit est de très courte durée car ils n'ont pas oublié ma présence.

- Et qu'est-ce qu'on fait du traître ? demande Rick

- Toi, rejoins les autres et tire-nous de là, assène Gor. Toi, ajoute-t-il à l'attention de Zoé, va te cacher, ou dégage en essayant de te faire discrète. Quand à belle gueule, je m'en tiens au plan, un traître doit mourir de ma main, je m'en occupe avant de vous rejoindre.

J'ai le temps de voir le balafré sortir, son flingue dressé devant lui, Zoé se cachant dans son dos, avant que le chef de gang ne se tourne vers la chaise sur laquelle j'étais assis il y a encore quelques instants, totalement à sa merci. Je tente de cacher toutes les parties de mon corps au mieux derrière la caisse que j'ai trouvé, mais le répit ne durera pas, la pièce est petite, et il saura rapidement où je me terre.

- Pas le temps de jouer à cache-cache, assume et viens crever en homme, de toute manière je vais te trouer la peau, alors que ce soit dans 10 secondes ou dans 5 minutes, ça ne change rien. Ou si, ça change que je serai encore plus énervé et que je ne te tuerai pas proprement, ajoute-t-il de son ton de dément.

Je serre la clé à molette que j'ai ramassé dans ma main, bien futile face à son Glock, mais c'est tout ce que j'ai. Alors qu'il grogne en commençant à faire le tour de la pièce, j'envisage mes options. Et lorsqu'il passe à moins de 2 mètres de ma cachette, je me jette de tout mon poids sur ses jambes, lui assenant par la même occasion un puissant coup de mon outil dans le genou gauche. Gor tire en l'air en basculant en arrière, grognant de douleur et jurant. Sans perdre de temps, je tente de lui prendre son arme de ma main libre. Celui-ci se débat, et débute alors un combat au sol. Je lui fait prendre en pleine mâchoire un coup de ma clé à molette, ce qui provoque un sinistre bruit d'os qui se brise, à ma plus grande satisfaction. Je vois qu'il est sonné, il gémit en crachant du sang mais ne lâche pas pour autant son arme à feu, bien enserrée dans sa main droite, derrière sa tête. Il gigote sous moi, j'ai toutes les peines à le maintenir à terre, et de son poing gauche il me pétrit le ventre de coups. Tout à coup son front vient heurter violemment le mien et je bascule sur le côté, la où Gor m'entraîne. Il prend le dessus et libère ses deux bras, me braquant immédiatement de son arme.

Maintenant que nous sommes seuls et ma situation étant désespérée, je sors ma pièce maîtresse et lui souris.

- Si j'étais toi, je ne ferai pas ça, pas alors que les flics sont juste derrière avec des preuves irréfutables de ton implication dans les meurtres de plusieurs personnalités importantes si je meurs. Je vois la surprise traverser ses traits tordus pas la douleur et le mépris. Il peine à articuler une réponse avec sa bouche en miettes mais je comprends

- Du bluff, tu n'as rien.

- Oh si, j'ai visité ton bureau, et je me suis permis de fouiller et récupérer quelques bricoles dans ton coffre, tu sais, celui du plafond.

Je le vois hésiter, ses doigts relâcher la pression sur la détente. J'en profite pour poursuivre

- J'ai également pensé à garder les armes authentiques, celles sur lesquelles tu as fièrement inscrit le nom de tes victimes, et sur lesquelles il y avait également de belles empreintes, les tiennes sans aucun doute, puisque je les ai ajouté pour en être sûr.

- Que que quoi ? sont les seuls mots qui franchissent la barrière de ses lèvres.

- Oh, Georges, bien sûr qu'il y a encore des flingues dans le coffre, je les remis en place pour que tu ne te doutes de rien. Enfin, pas les vrais, des factices que j'ai acheté. Il se trouve que je m'y connais un peu en arme, il me semblait te l'avoir dit lorsque tu m'as embauché

- Espèce de ..., commence-t-il en raffermissant sa prise

- Mort, les preuves trouveront les bonnes personnes pour que tu finisse avec une injection létale dans le bras, continuais-je comme si je n'avais pas été interrompu. Tu as donc plutôt intérêt à me garder vivant.

En réalité, les preuves sont d'ores et déjà dans les mains du FBI, mais il n'a pas besoin de la savoir.

- J'aurai dû me méfier de toi, les beaux gosses sont toujours fourbes avec leur sourire trompeur. Tu es vraiment un bel enfoiré...

Même s'il garde un ton empreint d'assurance, je constate que son bras fléchit légèrement, abaissant de quelques centimètres son calibre. Il vise à présent mon foie, ce qui n'est toujours pas bon pour moi mais au moins pas mortel dans la seconde. Je tente de gagner encore un peu de temps mais c'est inutile.


Sous couvertureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant