Sous couverture

Enfin seuls

Le lendemain, je me prépare au mieux de ce que j'ai emporté, à savoir un jean pas trop miteux, un tee-shirt noir basique qui met en valeur ma musculature, et ma fidèle veste en cuir noir. Mes vieilles baskets d'un blanc plus que douteux ne me donnent pas l'allure fière d'un jeune homme fringuant, mais je ne peux pas me permettre de compromettre ma couverture en débarquant en costume. Je suis fébrile, je me trouve ridicule de stresser ainsi à l'idée de la revoir, alors que ce n'est même pas un rendez-vous galant. Que diable, je l'accompagne faire des emplettes, et sous la coupe d'un chaperon de surcroît. Et puis même, des rencards, j'en ai vécu à la pelle, et jamais je n'ai été dans cet état auparavant. L'amour rend vraiment idiot.

La matinée se traîne en longueur, augmentant encore mon anxiété, jusqu'au moment où je retrouve Rick pour rejoindre le parking souterrain. Lorena nous attend déjà près de la voiture. Elle a relevé ses longs cheveux en queue de cheval haute, ce qui dégage son cou, mis en valeur par un collier de perles. Elle porte un tailleur noir, jupe fendue sur l'arrière, et seulement un soutien-gorge en dentelle noir sous sa veste. Elle est irrésistible, je ne peux empêcher mes yeux de parcourir, caresser et chérir son corps. J'avale ma salive, mon rythme cardiaque s'accélère et je me sens soudainement serré dans mon pantalon, mon membre palpitant douloureusement à cette vue tellement sensuelle. Je brûle de lui sauter dessus, de la conquérir dans son intégralité, et j'ai toutes les peines du monde à la saluer d'un air détaché et monter à l'avant du véhicule. Rick s'installe du côté conducteur, Lorena derrière mon siège.

" Tu ne veux pas conduire ? me demande mon acolyte

- Non, merci, ça va ! Je ne voudrais pas empiéter sur tes plates-bandes, j'ai l'impression que tu aimes beaucoup cette voiture.

Il est vrai que j'ai noté le soin avec lequel il conduit, ainsi que ses petites manies pour nettoyer la moindre poussière qui traîne au retour d'une sortie. Rick se marre avant de répondre

- Ne t'en fais pas, je ne suis pas du genre possessif. On peut alterner si tu veux.

- C'est toi qui vois

- Rupert, ça te dérange de venir avec moi aujourd'hui, demande Lorena de sa voix douce, je pense que Rick a besoin d'une pause dans le shopping.

Le concerné se contente d'un grognement inintelligible, et je m'empresse de lui répondre par l'affirmative.

- Merci mec, me dit Rick en démarrant, tu n'imagines pas comme ça me fera du bien de regarder des vidéos peinard dans la caisse ! La semaine prochaine on inversera.

- On verra ! Tu sais, vu que ça fait des mois que tu joues les gardes du corps chaque mercredi je peux prendre le relai pendant quelques semaines

- Ça serait génial, franchement c'est tellement rare un mec aussi peu prise de tête que toi dans nos rangs !

- Pas de souci pour moi"

Je sens à mes derniers mots une légère pression sur ma main droite. Lorena a glissé sa main sur le côté du siège pour saisir la mienne. Je prends ce geste comme un remerciement, et suis content de constater que le fait que je l'accompagne les prochaines fois lui plaise. Nous arrivons rapidement sur le parking d'un centre commercial haut de gamme, et nous laissons Rick à son téléphone, bien installé avec son siège en mode allongé. Je suis la femme de mes rêves de près, comme un agent de sécurité est censé le faire. Une fois au dernier étage, je constate qu'il n'y a que 2 boutiques, désertes l'une comme l'autre, contrairement aux étages inférieurs qui grouillaient de couples, de familles et de groupes de jeunes filles en quête de bonnes affaires. Les magasins doivent être privatisés comme la dernière fois. Gor est quand même un grand malade, ça doit lui coûter la peau des fesses pour obtenir des fermetures sur plusieurs heures, en plus du prix des articles que sa femme choisit d'acheter. Lorena m'entraîne dans les toilettes de l'étage en me tirant par le bras avant que nous soyons repérés par les vendeurs. Une fois la porte refermée, elle la verrouille et nous ne pouvons retenir le désir qui nous inonde de toute part. Entre 2 baiser langoureux, je lui glisse à l'oreille