Une dizaine d'hommes suréquipés et lourdement armés nous font face, nous tenant en joug. Nulle trace de Teddy, si son transfert a été maintenu malgré mes indications, il se trouve dans le véhicule à l'arrière. Ni les policiers ni le tatoué et moi n'ouvrons le feu. Nous n'avons aucune chance, au mieux nous pourront parvenir à blesser un ou deux flics avant d'être abattus. Je suis bien content que mon faux comparse tienne à la vie, car je ne paraît pas suspect à ne pas tirer, vu qu'il agit de la même manière.
" Jetez vos armes, immédiatement", hurle quelqu'un
J'abaisse mon pistolet de quelques centimètres et jette en coup d'œil sur le côté. Le tatoué ne me regarde pas, son air mauvais toujours incrusté sur son visage, tous comme ces nombreux tatouages. Il ne réfléchit pas longtemps avant d'obéir, lâchant son fusil automatique à ses pieds. Je l'imite immédiatement, et nous nous préparons à être arrêtés.
J'ai l'impression que l'opération est un succès, même si je n'ai pas réussi à suivre l'action à l'arrière, les véhicules en travers gênant ma vision. Les tirs ont diminués en intensité, et la plupart des phrases que je capte émanent des forces de l'ordre, plutôt rassurantes. Ils organisent les arrestations des survivants, demande des renforts et l'envoi d'ambulances pour les blessés.
Alors que je suis allongé à plat ventre, attendant qu'on me menotte, je sens le policier qui me retient être propulsé dans les airs par une déflagration qui me vrille les tympans. Mes oreilles sifflent, ma boite crânienne cogne violemment au niveau de mes tempes. Je connais ce bruit, c'est celui d'une grenade. Mais si une grenade avait soufflé l'homme agenouillé sur moi, je serai mort à l'heure qu'il est, frappé avec lui au cœur de l'explosion. Pourtant mis à part la douleur liée à l'intensité sonore, je n'ai aucune blessure.
Je roule sur le dos promptement, et me glisse sous le véhicule de transfert pour évaluer la situation. Le policier qui m'interpellait, malgré son équipement de protection, vit ses dernières secondes à quelques mètres de moi, tentant vainement de retenir le flot de sang qui s'écoule d'une large blessure au cou. Gor tient toujours le fusil à pompe qui lui a servi à l'abattre. La grenade devait être une diversion, ou alors elle a frappé un autre groupe de forces de l'ordre.
" Repli", crie Gor, et aussitôt, tels de insectes sur qui on braque le faisceau d'une lampe, plusieurs hommes courent et vont de toute part. Je me dépêche de suivre le mouvement, suivant le plan édicté par le Gorille pour cette situation. J'ai le temps de voir Teddy porté par deux hommes jusqu'à une voiture dont le moteur tourne, plusieurs Gorilles qui couvrent la fuite d'un feu nourri, les policiers qui ripostent, d'autres qui terminent d'arrêter des gangsters qui se sont rendus de gré ou de force.
Je me dépêche de rejoindre la Pontiac qui m'a été attribuée en cas de fuite au début de l'impasse, dans lequel trois Gorilles sont déjà installés. J'ai juste le temps de sauter sur le siège arrière que la voiture démarre en trombe dans un crissement de pneus, derrière sifflent des balles. Nous nous baissons du mieux possible, seuls deux impacts se font entendre sur la carrosserie, mais le véhicule ne dévie pas de sa trajectoire, signe que rien d'essentiel n'a été touché.
Je reste silencieux, me repassant la scène en boucle. J'ai vu neuf Gorilles s'échapper : Gor, Teddy, les deux gars qui le portaient car il était entravé aux mains et aux pieds, Sergio, Rick, et les trois mecs actuellement dans la bagnole avec moi, que je ne connais pas. En me comptant, cela fait dix. Donc près d'une quarantaine de criminels a été arrêté ou n'étaient pas en mesure de nous suivre, soit blessés, soit morts. Il y a bien sûr aussi les quatre mecs qui se sont sacrifiés pour couvrir la fuite en tirant dans le tas, et qui sont restés sur place. Ils ont peut-être tenté de s'enfuir, mais je ne crois pas en leur chance de réussir. Même si la grenade a dû certainement faire du dégât, l'avantage était clairement aux agents de police, et ils ont dû finir le boulot quand nous nous sommes échappés, les abattant le plus probablement, ou procédant à leur interpellation.
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Sous couverture
RomanceJames est un jeune agent très prometteur du prestigieux FBI. Pour le bien d'une opération d'envergure, il doit infiltrer un gang très dangereux de San Francisco, aux mains d'un homme redoutable surnommé Gor. Alors qu'il doit faire sa place et trouve...