C'est deux jours plus tard, alors que je suis encore une fois dans la villa secondaire de Gor en sa présence, que l'événement se produit. Le téléphone du chef de gang sonne et il répond de manière fébrile, impatiente. Je crains un moment que ce ne soit Oscar qui lui donne ma véritable identité quand je vois son regard se fixer sur moi, mais finalement il éclate d'un grand rire, avant de littéralement exulter de joie. Jamais encore je ne l'avais vu aussi euphorique et enthousiaste. Il remercie son interlocuteur avant de raccrocher, et sans plus d'explication, se dirige vers le salon, prend la télécommande du téléviseur et allume l'engin, qui se branche sur les actualités en direct.
J'attends patiemment, ne voulant pas risquer d'entacher le bonheur de mon patron par obligation, et quelques instants plus tard je comprends ce qu'il se passe. Je saisis alors la raison de l'état de Gor, et je prends la mesure de l'horreur qui vient d'avoir lieu seulement quelques minutes plus tôt.
Deux bombes ont explosé au commissariat de Fremont, simultanément avec une autre qui a quant à elle pulvérisé une partie du centre pénitentiaire qui renferme les gangsters arrêtés. Le nombre de victimes est ahurissant, 17 morts et une trentaine de blessés, essentiellement des policiers et des personnels de la prison, en plus de quelques détenus de l'aile ouest, côté duquel la bombe était placée.
Le présentateur parle d'une évasion massive, avec un certain nombre de prisonniers parti dans deux fourgons noirs, les autres s'étant enfui à pied. Huit détenus ont immédiatement été récupéré aux abords du centre par les services de police dépêchés en renfort, mais il y aurait près de 50 évadés encore dans la nature.
Je suis sous le choc d'un tel événement. J'imagine aisément qu'Oscar est impliqué dans ces attentats à la bombe, sans pour autant comprendre où il a pris part, car il n'a à ma connaissance aucune compétence en chimie ou en explosifs. J'ai pourtant épluché sa vie dans les moindre détails lorsque j'enquêtais pour le faire arrêter, j'aurai su s'il trempait dans d'autres affaires illégales à part la pédocriminalité.
J'ai du mal à me réjouir avec les autres, heureusement Gor semble tellement fasciné par l'écran de télévision qu'il ne prête pas attention à moi et ne constate pas mon effroi face à ce drame. Il crie de joie, saute en tout sens comme un enfant un matin de Noël, et le poisson a ses côtés, bien que moins exubérant, brandit également le bras en signe de victoire, tout en criant.
Je suis écœuré, le regard fixé sur le téléviseur, la bouche entrouverte. Lorsque le boss se tourne dans ma direction, je calque un sourire hypocrite, de circonstance, sur mon visage. Il semble n'y voir que du feu et se jette sur moi, me serrant dans ses bras. D'abord surpris, je finis par répondre à son accolade en le félicitant. Il fait ensuite de même avec le poisson avant d'appeler Teddy à grand bruit. Celui-ci descend et Gor lui raconte les événements qui viennent de se dérouler.
"Bref, conclut-il, on doit tous une fière chandelle à Oscar. Il a tenu sa promesse, et planque en ce moment même les gars libérés non loin d'ici. Dans quelques jours, ils seront transférés de nuit dans la maison et nous pourrons envisager la suite des Gorilles.
- Ailleurs, c'est toujours bien ça le plan ? demande Teddy, qui reste assez impassible face à la nouvelle
- Absolument, confirme le patron du gang, nous allons tout reprendre ailleurs.
- Où ça ? osais-je questionner
Gor me détaille un instant avant de répondre
- Tu le sauras bien assez tôt.
Je n'insiste pas, et à ce moment le visage de Gor, captivé de nouveau par la télévision, se referme et il jure
- Merde, non, merde !"
Nous regardons tous ce qui cause cette réaction, et je vois en gros plan la photo d'Oscar Warren apparaître à l'écran, et juste au-dessous son nom et sa description physique et vestimentaire. Gor attrape fébrilement la télécommande et augmente le son. Le silence se fait dans la pièce, seule la voix du présentateur le rompt.
" Une information de dernière minute concernant les attaques à la bombe. Nous connaissons l'identité de l'un des conducteurs des fourgons qui ont permis à plusieurs prisonniers de s'évader et de prendre le large. Il s'agit d'Oscar Warren, un homme qui était encore un détenu il y a seulement quelques semaines. Il vient d'être libéré d'une peine qu'il purgeait pour plusieurs viols et agressions sexuelles envers une mineure.
- Putain, rien à foutre de ça, peste Gor.
- Cette image a été prise par une caméra de surveillance, non loin de la scène du carnage."
On voit effectivement que la photo, floue, a été saisie alors qu'Oscar est au volant du véhicule, tandis qu'il s'enfuit du parking de la prison. Le présentateur revient alors sur la description de l'homme activement recherché, tout comme les gangsters qu'il transporte, et insiste sur sa dangerosité. Suit l'habituel numéro des autorités à contacter si quiconque aperçoit cet homme, ou tout autre homme suspect ou portant une tenue de détenu.
Je décroche du discours journalistique et les idées tournent dans ma tête : comment faire stopper ce déferlement de catastrophes le plus rapidement possible ? Finalement je pensais avoir du temps, d'un côté je l'espérais même puisque cela me permettait de passer plus de temps avec Lorena. Ces derniers jours tout s'est bousculé, j'ai senti que tout dérapait et qu'il fallait que je parvienne à achever ma mission au plus vite, et pourtant je n'ai pas été assez rapide. Les dernières minutes me donnent raison, et je sens la culpabilité familière m'envahir. Ce sentiment qui m'était coutumier adolescent, quand je vivais mal chaque brimade que je n'avais pas pu éviter, revient à la charge, malgré ces dernières années à travailler sur moi à ce sujet. Je ne peux m'empêcher de me sentir responsable de la mort de ces personnes innocentes que je n'ai pas pu sauver en terminant plus tôt cette infiltration.
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Sous couverture
RomanceJames est un jeune agent très prometteur du prestigieux FBI. Pour le bien d'une opération d'envergure, il doit infiltrer un gang très dangereux de San Francisco, aux mains d'un homme redoutable surnommé Gor. Alors qu'il doit faire sa place et trouve...