Coup dur

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« Désolé j'ai encore oublié de mettre un préservatif, m'amendais-je un peu plus tard, alors que nous sommes étendus l'un contre l'autre, toujours nus sur nos vêtements froissés, ses doigts glissant sur mon torse, faisant frissonner ma peau de plaisir. J'en ai toujours sur moi habituellement mais j'ai totalement zappé en partant de ma voiture.

- Ce n'est rien, c'est aussi à moi d'y penser, me réconforte-t-elle. Pour le risque de grossesse, aucun souci, ajoute-t-elle, j'ai un implant contraceptif.

Je suis effectivement soulagé de l'apprendre.

- En revanche pour le reste, à ma connaissance je n'ai pas de maladie mais sait-on jamais avec les putes qu'il ramène.

Je sais qu'elle parle de Gor, et je sens que cette conversation dérive vers une pente glissante que je ne veux pas emprunter, de peur de gâcher ce moment. Je préfère donc changer de sujet

- Ne t'en fais pas, je ferai attention la prochaine fois. Au fait, personne ne va te chercher ? m'inquiétais-je en repensant au temps écoulé.

- Non, je suis toute seule aujourd'hui, pas d'employé de cuisine et de ménage, et il n'y a que les deux molosses à la grille pour m'empêcher de quitter le domaine

- Ils ne sont pas la plutôt pour empêcher quiconque d'entrer ? L'interrogeais-je

Elle pouffe avant de tourner son visage pour fixer ses iris bleus dans les miens

- Qui voudrait venir ? Ils donnent une illusion de forteresse sécurisée pour dissuader les curieux se s'approcher de trop près, mais je t'assure que leur mission première est de me garder captive.

Je sais qu'elle a raison mais à quoi cela servirait-il de le lui confirmer, je ne souhaite pas briser ce moment de douceur et d'amour par un rappel de sa condition. Je garde donc mes pensées amères, mes désirs de violence et de vengeance envers son ravisseur d'époux, surtout que je n'ai pas éprouvé ce genre de sentiments depuis de nombreuses années. Cela m'est d'ailleurs arrivé qu'une seule fois avant de connaître la situation de Lorena, mais ce n'est pas non plus le moment de me rappeler de ces souvenirs sordides.

Je la serre plus étroitement contre moi, espérant qu'un geste tendre soit plus parlant que des mots, aspirant lui apporter du réconfort par mon étreinte, tandis qu'elle repose sa tête sur l'herbe, pensive. Je remarque alors sa peau se couvrir de chair de poule.

- Tu as froid ? la questionnais-je

- Hum, un peu, admet-elle, mais je n'ai pas envie de bouger.

Il est vrai que la température est douce, mais pas suffisamment pour être à l'aise sans habit sur le dos, une fois l'effort physique passé et le bouillonnement du désir retombé. Je dégage ma veste en cuir coincée sous moi, épouse au maximum de mon corps le sien pour partager ma tiédeur, et nous couvre du mieux possible. Lorena se tortille et frotte son dos contre mon torse pour récupérer un maximum de chaleur.

- C'est beaucoup mieux, merci, murmure-t-elle

- À votre service, mademoiselle, rigolais-je, je veux bien-être engagé comme radiateur ambulant quand vous en aurez besoin ! Depuis les arrestations tu es toujours toute seule du coup ? ajoutais-je plus sérieusement.

- La plupart du temps, répond Lorena avec un hochement de tête, me chatouillant le visage de ses boucles, mais il y a Mary qui vient trois fois par semaine pour le ménage et les repas. Je vois aussi le tatoué et Gor revenir de temps à autre, mais ils ont dû passer à peine une dizaine d'heures en tout à la maison depuis son discours au bar. Et je ne m'en plains pas, termine-t-elle en se tournant vers moi, m'offrant son merveilleux sourire, je vis en semi liberté. Je n'ai jamais été aussi proche de faire ce que je veux depuis que je suis sous la coupe de ce malade. Enfermée, mais libre dans ma prison, conclut-elle en riant.

- J'adore ce sourire, murmurais-je en caressant du bout du doigt ses lèvres carmin, avant d'y déposer un doux baiser.

Je suis bien content que Gor soit accaparé par sa vengeance et sa mission sauvetage de ses gars si cela permet à Lorena de passer ses journées et nuits tranquilles, même si elle n'a pas le droit de sortir de chez elle.

- Tu veux bien me dire pourquoi tu es persuadée d'aller en prison lorsque les Gorilles seront arrêtés, ajoutais-je plus sérieusement quelques minutes plus tard.

Je sens son corps se raidir, puis se détendre, alors qu'elle réfléchit à ce qu'elle va me dire. Je lui laisse le temps de décider, embrassant l'arrière de sa tête, là où ses boucles châtains prennent racine, pour lui donner du courage. Après quelques instants, Lorena prend une profonde inspiration et se lance :

- Il a des preuves que j'ai commis le meurtre du juge Lewis.

Le silence se fait, et il est pourtant assourdissant. Plus aucun de nous ne respire, suspendu aux paroles que l'autre pourrait ajouter, et pourtant elle ne dit rien de plus. Quant à moi, je suis muet de stupeur, incapable de dire un mot rassurant, qui serait mensonger.

Comment est-ce possible ? Il m'est impossible d'obtenir une quelconque clémence si c'est effectivement elle qui a assassiné un juge fédéral, même si elle l'a fait sous la contrainte de son terrible époux. Elle a parfaitement raison, en signant la fin du gang, je vais signer la fin de sa liberté, ou pire encore certainement, la fin de sa vie.


Sous couvertureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant