Sous couverture

Une revenante du passé

Lorsque nous arrivons au sous-sol du quartier général, un homme roux au style motard, veste en cuir, bandana rouge et pendentif en forme de tête de mort, attend les bras croisés près de l'ascenseur. Lorena lâche un bruyant soupir en le voyant, me lance un rapide coup d'œil malicieux qui me fait fondre avant de sortir précipitamment du véhicule et de rejoindre l'homme. Je regarde les portes automatiques se refermer devant eux avant de reporter mon attention sur Rick.

"Ce n'était pas si terrible comme mission ! Rien de bien passionnant, mais tranquille, sans prise de tête.

- Mouais, tant mieux si tu ne le vis pas mal. Moi, ça me gave d'accompagner la princesse. En plus elle insiste pour y passer des heures chaque semaine, et à chaque fois y en a pour plusieurs dizaines de milliers de dollars. Alors qu'elle en fout pas une, c'est le fric que les Gorilles ramassent qui paient ses achats débiles. Gor l'a ramené y a pas un an et elle s'approprie déjà l'argent qu'on gagne en prenant des risques.

Bon j'ai l'impression que tout le monde n'est pas au courant de son rôle dans certaines missions. Rick continue de plus belle

- Elle est peut-être bonne, mais faut pas que le boss se laisse mener par le bout du nez. L'alliance avec son père est sans doute utile mais faut pas qu'elle se croit trop chez elle ...

- Je sais pas trop, elle n'a pas l'air d'être une profiteuse je trouve.

- Méfie-toi, les gonzesses savent bien faire des sourires charmeurs et remuer du cul, et ensuite quand tu baisses ta garde, elles te la mettent à l'envers.

- Si tu le dis."

Je ne veux pas abonder dans son sens, et en même temps défendre Lorena nous attirerait sûrement des ennuis à elle comme à moi. Je préfère donc terminer cette conversation. Je regarde ma montre, déjà 19h passé. Il faut que je me grouille.

- D'ailleurs en parlant de fille, faut que j'y aille, je lui glisse.

- Ah ouais ? Ok de toute manière on a fini pour aujourd'hui, mais il faut que tu restes pour boire un coup avec les autres. Demain tu viendras avec moi, pour quelque chose de différent et nettement plus florissant, ajoute-t-il avec un clin d'œil.

- J'avais oublié, répondis-je sincèrement, allons-y.

Rick me tend son poing et je tape dedans avant d'ouvrir ma portière et de rejoindre l'ascenseur. Je n'ai pas vu d'autre accès, et pour monter pas besoin de clé.

Quelques connaissances peu fréquentables et autant de bagarres évitées de justesse plus tard, je quitte les lieux pour rentrer chez moi. Il faut que je me trouve une bagnole, j'en ai marre de perdre autant de temps à pied, et pas de ligne de transport adaptée à mes trajets !

Je prends une douche rapide, me change. J'hésite à appeler Brenda pour annuler notre rendez-vous. Maintenant que j'ai embrassé Lorena, je n'ai plus envie de voir d'autres femmes. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, je ne pensais pas que l'amour me rendrait imperméable au charme d'une autre. Pourtant avec Brenda c'est super ! Pas de prise de tête, du sexe, et du bon, et c'est tout. Elle est du genre simple, sans caprice ni crise en tout genre. Pourtant je pense qu'elle ne serait pas contre une vraie relation plutôt qu'un simple plan cul régulier, mais elle se contente des rendez-vous que je veux bien lui accorder.

Maintenant que j'y pense elle mérite d'avoir le couple dont elle rêve. Finalement, si j'allais dans son sens ? Et si j'essayais la monogamie pour une fois ? Une vraie relation stable, avec des sorties, des promenades, des déjeuners le dimanche avec les beaux-parents et toutes les conneries d'amoureux. Peut-être que cela me ferait oublier mon coup de cœur pour une femme inaccessible.

Car même si je sors Lorena de sa vie actuelle, un avenir ensemble est impossible. Si aucune charge n'est retenue contre elle au niveau judiciaire, elle devra sans doute changer d'identité et partir loin, car nul doute que les Gorilles ou la mafia de son père verraient d'un mauvais œil qu'elle soit avec un agent du FBI, qui plus est à l'origine de l'effondrement de leur organisation.