Se mettre Zoé dans la poche

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La sonnerie stridente de mon téléphone me sort de ma léthargie. Je me lève, parfaitement reposé et empli d'assurance pour cette journée. La voisine du dessus fait claquer ses talons pendant tout le temps de ma douche, me rendant dingue, mon cerveau s'efforçant de penser à autre chose que la cadence infernale de ses pieds martelant son plancher. On dirait que son appart fait la taille d'une villa, il n'y a pas autant de distance à parcourir pourtant ! Ou alors elle fait ça pour réveiller le voisinage, il n'est même pas 7h ! Je coupe l'eau, me sèche et m'habille prestement, puis me dépêche d'avaler un café avant de partir pour la boulangerie que j'ai trouvé sur le net hier soir. Il y a une file d'attente d'une dizaine de personnes sur le trottoir, alors qu'il est à peine 7h15. J'attends patiemment mon tour, heureusement les deux vendeuses sont efficaces et servent avec rapidité les clients. J'achète un assortiment de viennoiseries, parmi lesquels trois pains au chocolat. En marchant vers ma Pontiac rouge, je goûte le coup de cœur sucré de Zoé, et suis étonné de la saveur étonnante et délicieuse de cette pâte feuilletée fourrée au chocolat. L'ensemble est bien gras, nourrissant, tout ce que j'apprécie dans la nourriture. Je m'installe au volant, termine mon petit-déjeuner improvisé et me rend au sous-sol du QG, dans lequel j'arrive au même moment que Fox. Nous nous saluons simplement avec une accolade virile, je lui offre un beignet au sucre, ce qui le fait marrer.

« Ce n'est pas une habitude de flicaille ?

- Ils ont peut-être pas tort sur tout », répondis-je en haussant les épaules

Nous rejoignons ensemble le hall, dans lequel malgré l'heure matinale il y a foule. Je ne m'attarde pas, ne voulant pas que ma boîte de viennoiseries soit vidée avant de trouver ma cible du jour. Je grimpe à pied les deux étages qui me séparent de l'appartement de Zoé et Teddy, et frappe à la porte. L'hôtesse m'ouvre immédiatement, vêtue d'une simple chemise de nuit blanche et ample. Ses cheveux normalement soignés et disciplinés pendent dans son dos, emmêlés. Elle semble tout juste sortie du lit, mais d'une nuit d'insomnie.

« Qu'est-ce que tu veux ? Me demande-t-elle d'un ton agressif

- Juste te saluer, et savoir comment tu vas ? Tentais-je avec un sourire. Tiens, tu veux manger quelque chose, ajoutais-je en ouvrant la grande boîte rose et blanche.

Ses yeux s'écarquillent devant le contenu qui s'étale devant elle. Je vois ses iris parcourir les donuts, pains au raisin et pains au chocolat.

- C'est très gentil de ta part, je n'ai pas encore pris le temps de déjeuner et j'adore les pains au chocolat, dit-elle en d'adoucissant, sa longue main manucurée empoignant ladite viennoiserie.

Elle croque un morceau, ferme les yeux une seconde, des miettes de pâte feuilletée tombent sur le sol de l'entrée, avant de reprendre la parole.

- Désolée de t'avoir mal accueilli, tu dois être le seul à te soucier de comment je vais. Il y a d'autres filles dans mon cas mais on gère ça différemment elles et moi, et je me sens vraiment seule en ce moment.

- Ça doit être dur de savoir qu'il a été blessé sans pouvoir le voir, supposais-je en constatant qu'elle ne poursuit pas.

- Mmh, ouais c'est clair, et ces trouduc' m'empêchent de lui rendre visite. Enfin c'est ce que Gor m'a dit, et il m'a interdit d'appeler ce commissariat de merde. Je dois rester bien sagement à attendre et ça me rend dingue, bordel ! Je suis sa femme, pourquoi je n'aurais pas ce droit ?

Je reconnais bien la virulente et vulgaire Zoé, et elle est assez remontée pour que j'arrive sûrement à lui faire cracher les infos qu'elle a.

- C'est fou qu'on ne le laisse pas avoir de visite. À ta place je ferai quand même une demande.

Sous couvertureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant