Instants charnels

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Il me faut moins d'une seconde pour que je passe d'une émotion à une autre, totalement contradictoire. Des doigts fins et parfaitement manucurés, qui tiennent fermement un pistolet qui semble bien trop lourd au creux de si élégantes mains, le tout me cachant partiellement à la vue le visage de la personne qui me tient en joug. De frayeur et colère envers ma propre stupidité, je passe au soulagement et au bonheur de voir Lorena qui a l'air physiquement d'aller bien. Son expression passe aussi au soulagement et elle abaisse l'arme qu'elle tient.

« Tu m'as fait peur !

- C'est plutôt moi devrait dire ça, rétorquais-je, je suis celui qui s'est retrouvé dans la ligne de mire.

- Oui, excuse-moi, me dit elle en rougissant. Je pensais que tu étais quelqu'un envoyé pour me tuer. Je t'ai vu tenter d'escalader la façade, et avec cette casquette je ne t'ai pas reconnu.

- Pourquoi tu penses que quelqu'un viendrait pour t'exécuter ? je lui demande en me relevant.

- Viens, pas ici, élude-t-elle en me tendant la main, allons dans un endroit tranquille.

Elle m'entraîne à sa suite vers le fond est du parc, sous le couvert de majestueux cèdres de plus de quinze mètres. Nous continuons jusqu'à être camouflés sous le feuillage tombant d'un saule pleureur. Le printemps n'est pas encore assez avancé pour qu'il soit fourni à son maximum, mais il est suffisant pour qu'un curieux ne puisse pas nous voir.

- Maintenant réponds-moi, insistais-je, pourquoi es-tu inquiète pour ta vie ?

- Ce n'est sûrement rien, dit-elle d'un air nonchalant, je me fais des idées. Mais comme la sécurité à la maison est réduite depuis l'arrestation, et que j'ai l'impression que Gor se méfie de moi, je dois me faire des films.

- Tu crois qu'il se doute de quelque chose ?

- Non je ne pense pas. Pour nous, il ne sait rien, sinon nous serions déjà morts, ajoute-t-elle en riant. Par contre pour mon implication dans la saisie de drogue et des gars, je ne sais pas. Il me force à rester ici, et quand je le vois il a ce regard qui me fait froid dans le dos.

Je la serre contre moi pour la réconforter et tenter de la rassurer. Je sens son rythme cardiaque s'accélérer, à l'unisson avec le mien. Son parfum enivrant me remplit les narines, et je respire à fond ce délice olfactif. Mes mains se resserrent davantage sur ses hanches, puis ma bouche part à la recherche de la sienne. Elles ne tardent pas à se trouver, à s'embrasser, à s'aimer.

- Tu m'as manqué, je souffle entre deux baisers passionnés.

- Toi aussi, tu ne sais pas à quel point. Mais tu es fou d'être venu ici, se reprend-elle soudain en reculant d'un pas. Si quelqu'un te voit, nous sommes fichus !

- Je sais bien, et crois moi j'ai lutté plusieurs jours pour ne pas chercher à te voir. Mais aujourd'hui je ne pouvais plus, je devais être avec toi."

Lorena me fait taire d'un baiser, ses bras trouvent leur place contre ma nuque, ses jambes s'enroulent autour de mon buste. Je la maintiens alors de mes bras sous ses fesses, et je sens sous mes mains le fin tissu en dentelle de sa culotte. L'excitation prend une autre ampleur, ma langue se fait plus insistante, et elle répond parfaitement à mon empressement en se cambrant encore plus contre mon torse. Mes doigts se retrouvent rapidement humides, décuplant mon désir que je pensais déjà à son paroxysme. Pouvoir la voir, la sentir, la caresser, l'embrasser et la serrer étroitement contre moi me donnent de nouveau du souffle. Je me sens de nouveau entier, en totale plénitude.

Nos vêtements volent et s'écrasent sans bruit sur la pelouse fraîche, nous offrant un isolant de fortune, sur lequel j'allonge la femme de mes rêves avant de la délester de son tanga rose pâle. Je me place sur elle, mon membre dressé contre son ventre. Je pars avec mes lèvres à l'assaut de sa bouche, de son cou, de ses seins, que je titille longuement de ma bouche et de mes dents alors que sa respiration s'accélère et que des soupirs lui échappent. Tandis que mes mains prennent le relai de ma bouche, cette dernière poursuit sa descente de baisers contre son ventre, avant d'atteindre son intimité. Je sens les doigts de Lorena se fondre dans mes cheveux, incitant mes mouvements à s'accentuer. Ne me faisant pas prier, je laisse ma langue explorer les replis mouillés de cette déesse. Son corps me donne le vertige, je la désire à un point que je n'ai jamais ressenti auparavant. Ma bouche savoure le goût de sa féminité, mes oreilles se délectent du son de ses gémissements de plaisir, mes doigts adorent les tétons durcis de ses seins pleins. Ma main droite quitte sa poitrine pour exercer de douces pressions sur son clitoris gonflé. Un gémissement sonore lui échappe, et son corps se contracte, ses hanches se soulèvent pour augmenter la pression de mes doigts. Je poursuis pour lui donner un maximum de plaisir, mais mon besoin de la posséder devient impérieux. Je veux me sentir en elle, et tout de suite. Même si je me délecte de la voir prendre du plaisir, je veux en profiter aussi, savourer ce moment avec elle. Ma bouche monte alors retrouver la douceur de ses lèvres, tandis que mon pénis s'aventure contre son entrée, impatient de sensations divines.

« Viens", murmure-t-elle contre mes lèvres.

Il ne me faut pas davantage d'incitation pour pénétrer en elle d'une puissante poussée, alors qu'elle se cambre dans un cri de plaisir. Il me faut me concentrer fortement pour ne pas jouir instantanément devant cette vision tellement érotique. Lorena, la bouche ouverte, les lèvres roses pulpeuses, les yeux révulsés, son magnifique corps totalement offert pour moi. J'entame des coups de reins lents et profonds, me procurant des vagues d'extase au passage. Je ne lâche pas du regard les pupilles bleues et dilatées en face de moi, guettant la moindre de ses réactions, décuplant mon plaisir en constatant le sien. Je pourrais mourir à cet instant en étant comblé, sans rien attendre de plus merveilleux de la vie. Et paradoxalement je voudrais aussi vivre éternellement pour connaître ces moments charnels encore et encore. Nous nous abreuvons l'un de l'autre comme si nous manquions d'eau depuis des jours, nous nous dévorons telles des prédateurs saisissant une proie traquée de longue date, nos corps se connaissent, se reconnaissent et pourtant veulent explorer chaque contour, chaque grain de beauté, chaque courbe et détail de la peau de l'être aimé.

Lorsque Lorena serre ses doigts fins et délicats dans mon dos, me griffant légèrement à leur passage, et se perd dans une jouissance qui la fauche sauvagement, serrant davantage ses longues jambes qui m'enserrent, je l'accompagne en éjaculant longuement dans sa cavité moite. Après quelques secondes pour reprendre mon souffle, je me laisse tomber dans l'herbe à son côté, en nage, et nous sommes soudainement tous les deux pris d'un fou-rire aussi exaltant qu'incontrôlable. À cet instant nous nous moquons d'être surpris, nous nous fichons royalement d'être entendus par un garde ou un employé curieux. Nous sommes heureux, amoureux, ensemble, tout simplement, et rien d'autre n'a d'importance. Ni l'oubli de préservatif, qui commence à devenir une habitude, ni son psychopathe de mari, ni l'avenir sombre qui se dessine pour elle, ni la séparation inévitable et définitive qui se profile dangereusement pour nous deux.

Sous couvertureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant