Épilogue

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14 MOIS PLUS TARD

Je dégouline de sueur alors que le soleil est au zénith, m'accablant de sa chaleur implacable. Les gouttes perlent et coulent le long de mon torse et de mon dos nus, ma gorge me brûle mais je poursuis ma course. Cela fait bientôt deux heures que j'ai commencé mon jogging matinal. Je devais ne partir que 30 minutes, avant que la journée ne devienne trop chaude mais courir m'aide à me vider la tête. Et j'en ai cruellement besoin aujourd'hui.

Depuis hier, depuis que je sais, je suis complètement chamboulé. Je sais ce que je devrais décider, je sais pertinemment ce que je dois faire à présent mais je n'arrive pas à m'y résoudre. Mon esprit et mon cœur se livrent une bataille sans merci et je suis incapable pour l'heure de savoir qui va l'emporter.

2 MOIS AUPARAVANT

Aujourd'hui cela fait un an que ma mission chez les Gorilles a pris fin. Le procès du chef de gang va avoir lieu l'année prochaine, la date à été fixée il y a peu. Mais cela m'importe assez peu. Sur les conseils de Rachel, je me suis donné un an pour aller mieux, pour me remettre de la séparation d'avec Lorena. Un an, 12 mois pour guérir mon âme. Une année entière à essayer de m'ouvrir à d'autres femmes, à sortir dans les bars, à sourire dans la rue. Quatre saisons, non pas pour l'oublier, mais pour penser à elle sans avoir mal, sans avoir le sentiment qu'on m'arrache le cœur.

Le résultat ? Il est sans appel, c'est un échec complet. Mes pensées sont sans cesse assaillies par les souvenirs de nos trop peu de moments passés ensemble. Le blessure est intacte, nullement amoindrie. Je suis vraiment fou pour ne pas avoir progressé ne serait-ce que d'un pas. Je suis fou, oui, fou d'amour pour elle, de manière aussi intense qu'il y a un an. J'ai beau me dire que Lorena de son côté a eu le temps de se construire sa nouvelle vie, de rencontrer des gens, peut-être même d'avoir un petit-ami, cela ne suffit pas à apaiser ma souffrance. Je suis certes soulagé qu'elle soit enfin maîtresse de ses choix, de ses actes, de son destin, mais ne plus la voir est toujours une torture pour mes sens.

Alors oui, je suis sorti le soir pour faire des rencontres ces dernières semaines. Je n'ai réussi à le faire que dernièrement, je ne pouvais m'y résoudre avant. J'ai vraiment essayé de redevenir le dragueur que j'étais. Et même si je me suis trouvé lamentable, mal à l'aise, coincé, apparemment je plais toujours à la gent féminine. J'aurai pu avoir un plan cul à quasiment chaque sortie. Mais je n'ai pas réussi. Je n'ai pas pu aller au-delà de quelques bavardages ordinaires, quelques sourires et rires forcés, sauf une fois.

Il y a une semaine c'est une jolie fille à la peau ébène qui est venu m'aborder. Comme d'habitude j'ai échanger quelques banalités et répondu platement à sa drague. Je me rendais tout à fait compte que cette femme était magnifique, pétillante, intelligente, mais peu m'importais. Je buvais ma bière sans en sentir le goût, je répondais à ses questions tel un automate. Et puis à un moment je me suis mis mentalement une baffe monumentale, et me suis dit qu'il était grand temps de passer à autre chose, de me remettre en selle. J'ai eu un moment de lucidité, un instant durant lequel je ne pensais plus à Lorena. Et prenant cette volonté à bras le corps, je suis entré dans le jeu de drague. Quelques minutes plus tard, on s'embrassait contre la portière de sa voiture. Je pressais mon corps contre le sien, mes mains sur ses hanches, caressant de ma langue experte la sienne. Je la sentais totalement fondre, s'agrippant au col de mon polo. Mais alors qu'elle caressait mon torse en gémissant contre ma bouche, le douleur est revenue. Fulgurante, comme un coup de poing qui me coupait la respiration. Et je l'ai repoussée, me suis à peine excusé avant de filer comme un voleur.

J'ai quand même attendu jusqu'à aujourd'hui, triste anniversaire de nos adieux, pour achever cette année de merde, le temps que je m'étais octroyé. Et me voilà donc à regarder mon smartphone fixement depuis plusieurs minutes, hésitant à appuyer sur l'icône téléphonique. Je sais qu'il n'y aura pas de retour en arrière. Si je lance l'appel et que j'aboutis aux réponses que je cherche, je ne pourrai plus les oublier, je ne pourrai plus la laisser comme je pensais pouvoir m'y résoudre.

Sous couvertureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant