Edfou - Saison 1

Épisode 134 : De retour à la maison

Épisode 134 : De retour à la maison

Le Q.G. de la guilde française, c'est en le voyant qu'Eru se rendit compte à quel point cet endroit lui avait manqué. Une fois que Leafal et ses soldats eurent rejoint la dimension dans laquelle reposait Râ et où Eru allait parfois, les forces françaises étaient venues récupérer tout le monde afin de les rapatrier à l'hôpital le plus proche. Cependant, sachant très bien de là où Eru et Pandore revenaient, Fantasia avait demandé à ce qu'on les transfère en isolement au Q.G. français afin de vérifier leur état. Orano était passé dans la matinée en coup de vent pour leur ordonner de ne rien dire sur ce qu'ils avaient vécu jusqu'à l'arrivée de César. Il leur avait vaguement expliqué que même si l'annonce de leur survie dans la Fosse allait permettre une avancée magistrale de la compréhension du monde, si les clans l'apprenaient, les deux apprentis étaient morts. Il fallait absolument que César revienne afin de reprendre sa première place au sein de la hiérarchie pour calmer ce bordel.

C'est pour cela que les deux amis s'étaient mis d'accord sur une version des faits : ils étaient tombés dans une forteresse sous la Zone Morte et avaient réussi à en sortir. Combinant leurs efforts, ils étaient parvenus à créer une rune de téléportation afin de sauver tout le monde à Bruxelles. Comme personne n'avait vu ni Leafal, ni l'armée de l'Oudjat, ils n'avaient pas besoin de chercher une explication à cela, Fantasia prenant sa vision comme des divagations. Enfin, comme leur avait demandé Alain, ils avaient volontairement diminué leur aura et leur puissance, se calant sur celle dégagée par Johan. Ils estimaient que si jamais ils se battaient en pleine possession de leur moyen, ils attendraient deux fois le niveau auquel ils se restreignaient.

-Je suis vraiment heureuse d'être de retour... murmura Pandore, accoudée à la vitre de la chambre d'hôpital qu'elle occupait avec Eru.

Ils étaient dans le département médical de la Défense et la vue sur les hauts pics des Alpes était magnifique.

-Moi aussi, lui répondit Eru en savourant la sensation de douceur du Lien terrestre.

C'est alors qu'ils virent entrer des médecins en blouses blanches et équipés de scaphandre.

-Bonjour, les salua le premier en posant une lourde valise sur le lit. Nous venons faire les derniers examens, n'ayez pas peur.

Ils s'approchèrent et les deux amis se laissèrent faire, content que des humains viennent s'occuper d'eux.

La nouvelle de leur retour avait rapidement fait le tour de la Guilde et comme c'était les vacances d'été, la grande majorité des chamans et des apprentis étaient au Q.G. Ce fut tels des héros qu'Eru et Pandore furent accueillis. Une immense foule s'était rassemblée à la sortie de l'hôpital et, quand ils passèrent les portes, un exclamation monta. Un tonnerre d'applaudissement résonna dans les montagnes environnantes. Eru sourit poliment et descendit les marches, suivi de son amie. La foule s'écarta pour les laisser passer, ouvrant un chemin vers les dortoirs. Toujours applaudis, Eru s'avança et dut réprimer une envie d'étendre son principe sensitif. Il n'y avait pas de danger ici, tout allait bien. Il sentit soudain Pandore lui attraper le bras et pointer quelque chose devant lui. Au milieu du couloir se tenait Philippe, dans un implacable costume gris, son éternelle batte de baseball en acier pendant à sa hanche. Il s'approcha des deux apprentis et les prit dans ses bras.

-Je suis désolé, murmura t il, j'ai failli à ma mission.

Il s'écarta et les regarda, faisant visiblement un effort pour empêcher ses larmes de couler. Il passa sa main dans ses cheveux grisonnants et leur lança avec un sourire joyaux :

-Je suis content que vous ayez survécu ! Bravo et merci !

Eru lui pressa l'épaule avec un grand sourire et laissa son ancien maître entre les mains d'une femme qui semblait être son épouse. Les deux amis repartirent et bientôt, ils pénétrèrent dans les dortoirs, échappant aux regards et aux félicitations des chamans.

-Ouf, souffla Eru, je ne m'attendais pas à tout ça.

-Arrête mon gars, résonna une voix, je sais que ça ne t'a pas déplu !

Eru leva les yeux vers les escaliers et croisa le regard de son ami.

-Johan ! Lança t il avec un grand sourire.

Tandis que l'apprenti descendait les marches, Eru remarqua qu'il avait son bras droit en écharpe et qu'il boitait encore un peu. Il vit alors Ariane arriver derrière lui, un bandage sur la joue. Il lui sourit et prit Johan dans ses bras.

-Je savais que tu survivrai, lui dit ce dernier. Je n'ai pas cessé d'y croire une seule seconde.

Il s'écarta et lança :

-Venez dans ma chambre, je crois que vous avez beaucoup à nous raconter !

Dans son bureau plongé dans l'obscurité, Ombre était pensif. Il se pencha vers la tablette qui était posé sur la table et appuya sur un bouton. L'écran s'alluma, laissant voir une infirmière. En voyant qui l'appelait sur son téléphone, elle sursauta et bégaya :

-Monseigneur... je suis désolé... je ne vous avez pas...

-Ne t'en fais pas, la coupa doucement Ombre, je t'appelais pour savoir comment allais ton patient.

L'infirmière se tourna vers une forme qui flottait dans une cuve blanche.

-Tout va bien, répondit elle. Tout le monde pense qu'il est simplement en soin ici mais le traitement poursuit son cours. Bientôt, son armure de roche deviendra véritablement impénétrable et les blessures qu'il a subi à Bruxelles ne seront qu'un lointain souvenir.

-Combien de temps ? Demanda Ombre.

-Laissez moi regarder, murmura son interlocutrice. Disons que dans deux ou trois mois il sera à 100 % stabilisé.

C'était parfait, le plan d'Ombre avançait à grand pas. Il avait mis la main sur un cobaye avec un grand potentiel. Son prochain problème était de taille : le retour d'Eru-Alsar. Pour une raison inconnue, le Gardien n'avait pas réussi à l'éliminer et en plus, l'apprenti était de retour. Mais il ne s'en faisait pas, il allait se servir de la rage de son cobaye pour le détruire.