CHAP 1

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Les jours s'étaient enchaînés à une rapidité ahurissante. L'été n'était pas encore arrivé, mais la chaleur déjà présente nous apportait un avant goût des prochaines vacances, et il nous tardait déjà d'y être.

Mais l'arrivée des beaux jours avait aussi sonné le départ des membres de la famille, qui installés depuis le début de l'hiver, étaient venus passer les mois les plus froids de l'année sur le terrain des Dhoms. Repartis sur les routes, ils avaient laissé derrière eux un grand vide, lequel serait à nouveau comblé, au prochain automne.

Beaucoup d'évènements s'étaient produits durant ces quelques mois. Des évènements heureux qui avaient tous contribué à me maintenir dans une sorte de cocon matelassé, très confortable, dans lequel je me plaisais à flâner et à me prélasser...

Aucune agression extérieure n'y avait eu sa place. Depuis ma première transformation, et grâce à celles qui avaient suivi, je n'avais plus fait de crise, tout comme je ne ressentais plus la souffrance des animaux quand je me retrouvais à leur place et que je subissais leur sort, souvent terrible.

Je ne me posais plus aucune question. Exit, mes doutes existentiels ! J'étais devenue, en quelques mois seulement, une jeune fille sage, parfaitement normale, qui vivait sa vie comme n'importe quelle autre jeune fille de mon âge. J'étais de toutes les fêtes, de toutes les sorties, sans que rien ni personne, ne vienne les contrarier. Plus de crises, plus d'images et plus de bagarres...

Et si tout allait bien à Mesmina, la petite commune dans laquelle j'évoluais en tant qu'être humain, il en allait de même à Abraysie, le lieu-dit où se trouvait la maison de campagne de ma famille, et où j'avais fait mes premières armes, dans mon corps d'oiseau.

Je m'y rendais exclusivement avec mon père, Jacky. C'était le lieu de mes rendez-vous secrets avec Raoul, l'initiateur de ma vie d'Aigle Noir, qui se trouvait être aussi mon arrière grand-père.

Il était celui qui m'avait sauvé la vie alors que je n'avais que cinq ans ; celui qui m'avait expliqué pourquoi dans la même période, j'avais tué un homme ; celui qui m'avait tout appris en me formant à la dure condition qui était la nôtre ; celui en lequel je me reconnaissais tant parce que nous étions les mêmes...

C'était grâce à lui que j'arrivais à concilier mes deux vies, mais aussi grâce à mon père, aux Dhoms, ma famille de cœur, Gino, mon petit ami et Kimy, mon âme sœur. C'était ainsi qu'entourée des miens, je savourais les délices d'une vie sans autres soucis que ceux d'un être humain dit «normal».

Bref, tout s'était finalement bien mis en place, je vivais enfin dans la normalité, tout simplement.

Ma relation avec Gino n'en était que meilleure. Il n'avait plus à s'inquiéter pour moi puisque j'étais enfin devenue raisonnable. Il me laissait vaquer à mes occupations sans avoir à me surveiller.

Ce n'était pas le cas pour Kimy qui devait sans cesse rendre des comptes à Daven, son petit ami et cousin de Gino. Il n'avait pas digéré le coup que nous lui avions fait, lorsque avec Fati, notre amie commune, nous avions, et cela dans un total esprit de vengeance, liquidé leur réserve d'alcool qu'ils avaient soigneusement cachée sous un tas de feuilles mortes, alors qu'ils nous laissaient seules le soir du Nouvel An...

Seules ? Pas tout à fait. Le terrain des Dhoms était alors empli de monde, mais nous nous étions cachées et lorsque les garçons nous avaient retrouvées, nous n'étions plus vraiment nous même et la sentence avait été à la hauteur de notre état. Nous n'avions plus le droit d'être toutes les trois sans surveillance masculine : Daven pour Kimy, et pour Fati, Younes et Amin, ses frères.

LES AILES DE MA VIE 2  Au travers de l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant