LES AILES DE MA VIE 2 Au travers de l'autre

CHAP 52

Ce midi là, nous mangeâmes dehors. Le temps était au beau fixe et sur le barbecue grillaient encore quelques viandes dont l'odeur qui s'en dégageait, aiguisait furieusement l'appétit.

La bonne humeur était omniprésente chez chacun de nous, et l'ambiance chaleureuse et délirante à la fois. Nous mangions tous de bon coeur, riions des blagues avec facilité, et écoutions quelques anecdotes que Guito et Gino avaient ramenées de leur voyage. Mais une fois les enfants sortis de table et partis vaquer à leurs occupations, l'ambiance changea du tout au tout lorsque Guito jugea le moment opportun pour parler du départ. L'atmosphère devint alors pesante et angoissante car à mesure qu'il parlait, je réalisai que bientôt, je ne les verrai plus.

Je n'étais pas la seule à en prendre conscience. Kimy aussi visualisait le futur. Je le compris à son air triste et à ses yeux qui commençaient à rougir. Elle était perdue dans des pensées que je préférais ne pas connaître, de peur de ne pas réussir à me contenir. La voir attristée à ce point, me fit un mal de chien et je préférai détourner mon regard pour me concentrer sur les paroles de Guito. J'attrapai la main de Gino pour me donner le courage de ne pas craquer.

Mon père de cœur parlait sans détour. Ses mots s'alignaient les uns derrières les autres sans s'accrocher entre eux. Même s'il paraissait être sûr de lui, je sentis que lui aussi avait mal. Pas une fois, il ne m'avait regardée pendant qu'il faisait un bref récapitulatif des événements passés. Alors, je fis de même que Kimy. Je baissai les yeux et regardai fixement le sol en écoutant attentivement le récapitulatif des derniers évènements.

— ... On sait aussi qu'ils étaient deux : Le père et le fils. Le père étant mort, il nous reste donc plus qu'un problème, le fils ! Nous ne savons pas ce qu'il est devenu, ni quelles vont être ses intentions. Mais il est quand même raisonnable de penser qu'il envisage de venger la mort de son père. D'après le peu d'éléments que nous avons, on peut supposer qu'il va bientôt revenir. Ca fait plus d'un mois qu'on n'a pas de nouvelle de lui et c'est à peu près le temps qu'il faut à un Sanguinaire pour guérir...

Il ne précisa pas que la guérison avait eu lieu grâce au cœur de Raoul. Sa délicatesse me toucha.

Quand il eut terminé ses explications, il fit une pause avant de continuer, puis il reprit en expliquant comment nous allions procéder «à ma disparition».

— ... Ce qui m'amène à vous dire que le départ aussi ne doit pas tarder !

Tous approuvèrent, sauf Kimy et moi qui n'avions pas relevé...

— Mais on est quand même obligé d'attendre que vous, les filles, passiez votre examen ! ajouta Guito, intransigeant.

A ses paroles, Kimy eut un sursaut de rébellion.

— Quoi ? rugit-elle complètement sidérée. Mais comment peux-tu nous forcer à passer le brevet dans un moment pareil ??? On s'en fout de l'école, y'a quand même vachement plus important !!!

Visiblement, Guito s'attendait à sa réaction, et ce fut amusé qu'il lui répondit :

— Et comment comptes-tu t'y prendre pour dire à tes parents que le brevet, ils peuvent s'asseoir dessus ?

— Merde, maugréa-t-elle. J'y avais pas pensé...

— Ca vous laisse jusqu'à mercredi pour aller en cours. Et comme moi je suis en week-end à partir de vendredi soir. Le départ est donc fixé pour samedi matin aux aurores !

Silence total.

Guito reprit :

— A partir de samedi, plus aucun de vous ne parlerez de Lili et Gino. Je vous fais confiance et je sais que vous tiendrez votre langue. Si on vous pose des questions, vous n'aurez qu'à dire que vous n'avez plus de nouvelles d'elle depuis la fin de l'école. D'ailleurs, c'est ce qu'on dira tous. Gino, tu lui as donné sa carte d'identité ?