CHAP 48

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Chapitre long, mais je n'ai pas pu me résoudre à le couper ^^


 Cela faisait trois semaines que Gino était parti. Trois longues semaines sans nouvelle de lui, comme nous l'avions convenu. Trois semaines pendant lesquelles je m'efforçais de refaire surface.

J'avais repris le chemin si ennuyeux du collège. D'après mon père, je devais retrouver mes habitudes d'avant, mes repères, afin de me stabiliser et de calmer les angoisses que les événements tragiques que j'avais vécus et l'absence de Gino déclenchaient. Cela fonctionnait, elles étaient moins violentes qu'au début et surtout elles s'espaçaient dans le temps.

Tout le monde était aux petits soins envers moi. Tout était étudié pour que pas une seule minute, je ne me retrouve seule avec moi-même.

Les jours de collège, j'étais sous bonne escorte. Encadrée de Kimy, Fati, Sony et Stany, je survolais les heures de cours en toute quiétude et malgré leurs efforts pour me faire atterrir, je restais bien accrochée dans mon monde, à l'abri des agressions extérieures.

Le soir, je retrouvais mon père qui n'avait toujours pas repris le travail et qui sans Jump aurait plongé dans la déprime et l'ennui.

Les week-ends, je les passais exclusivement chez les Dhoms, pour aider Nellita aux tâches de la vie quotidienne. Guito étant partit avec Gino, elle se retrouvait avec une surcharge considérable de travail. Elle avait cette chance là, celle d'avoir un homme particulièrement aidant dans les tâches de la vie familiale. Bien sûr Kimy était de la partie, et toutes les trois, nous nous attelions aux durs labeurs qu'étaient de s'occuper de leur linge, faire les courses, préparer les repas...

Quant à mes nuits, j'en consacrais une petite partie à mon activité favorite : l'évasion nocturne. Je m'évadais d'un quotidien qui ne laissait pas de place à l'imprévu et qui m'était devenu pesant.

Je rejoignais Rosalen, et postée sur son plus haut immeuble, celui qui ne comptait pas moins de dix-sept étages et qui surplombait la prison, je contemplais la ville.

Tout était si beau de là-haut ; tout était si calme...

Les couleurs douces et envoûtantes me captivaient entièrement et m'aidaient à apprécier un peu plus qui j'étais. Car sur ce toit et dans mon corps d'Aigle, je ne me posais pas de questions, je ne doutais pas de moi et je n'avais peur de rien.

Toutes les nuits, dans le ciel de Rosalen, je me consolidais doucement mais sûrement. Mes pensées étaient en parfaite harmonie avec la vue qui s'offrait à moi. Et ce, juste en me renvoyant une image sûre de cette ville qui m'inondait de ses couleurs et de ses odeurs chaudes.

Rosalen était vivante, je la sentais vibrer en moi et elle me redonnait force et courage. Elle me laissait puiser en elle toute l'énergie dont j'avais besoin. Elle me restituait les armes que j'avais perdues et qui me manquaient pour tout simplement poursuivre ma route, accepter ce que j'étais, croire en moi et avoir foi en la vie. Parce que c'était bien cela le fond du problème. Raoul m'avait pourtant prévenue. Le plus difficile était de concilier les deux êtres qui me composaient ; l'humain et l'animal. Les réunir, afin de ne faire plus qu'un.

Quand j'étais humaine, je doutais de tout et me posais trop de questions alors que l'Aigle, lui, agissait instinctivement, sachant par avance que ses choix seraient les bons. Mais ses choix, je ne les assumais pas quand je redevenais humaine, comme par exemple lorsque j'avais tué le Sanguinaire. Le remord me rongeait encore...

Gino l'avait bien compris et il avait ébauché le début de la solution, lors de notre dernière nuit. Il était persuadé que je ne me comprenais pas. Pour lui, je me mettais toute seule dans l'erreur.

LES AILES DE MA VIE 2  Au travers de l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant