CHAP 10

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Ma nuit fut perturbée par un mauvais rêve.

Un visage, sans trait apparent, tournait sans interruption autour de Raoul. A chaque fois qu'il le touchait, une blessure apparaissait, faisant couler du sang de couleur orange. Bien sûr, mon Aigle le chassait, mais il revenait à l'attaque, imperturbable.

Ce petit manège dura jusqu'à ce que n'en pouvant plus, Raoul baisse les armes. Le visage s'allongea, puis le recouvrit entièrement pour finalement, disparaître. Sur le sol, ne gisaient plus que les restes de mon Aigle...

Lorsque j'ouvris les yeux et me remémorai cet étrange cauchemar, je sus pourquoi je l'avais fait. Sans faire de bruit, je passai une veste sur les épaules et je sortis de la caravane.

Au même moment, Guito faisait de même, en sortant de celle de sa mère...

La distance assez éloignée qui me séparait de lui, et la nuit noire qui m'entourait, camouflaient efficacement ma présence. Mais lui, je le voyais comme en plein jour. Ma vue d'avant ne m'aurait jamais permis de le voir aussi nettement, car la lumière accrochée à la caravane de la grand-mère se projetait sur son dos et cachait les traits de son visage dans l'ombre. Mais, là, en le voyant tel que je le voyais, je ne pouvais plus douter... la grand-mère était partie...

Je ne savais comment agir. Devais-je aller le voir ? Peut-être préférait-il rester seul ?

Dur d'avoir la réponse quand on ne savait pas ce qui se passait dans la tête d'une personne !

Je pris mon courage à deux mains et m'approchai de lui.

Guito leva la tête, mais ne dit pas un mot. Arrivée à sa hauteur, je soupirai et lui dis :

— C'est fini ?

Il hocha la tête.

— Je suis désolée Guito...

— Merci.

— Nelli et Zéline, comment vont-elles ?

— Elles sont en train de la préparer.

«La préparer», voulait dire, la laver et l'habiller pour qu'elle soit présentable pour les visites incessantes qui commenceraient très tôt dans la matinée.

Il ajouta :

— Le médecin vient de partir. Il est venu constater le décès...

Je restai plantée là, devant lui, raide comme un piquet, ne trouvant aucun mot qui vaille la peine d'être dit. Guito soupira et posa sa main sur ma tête.

— Allez ma fille, va te recoucher, tu as cours tout à l'heure !

— On n'est pas obligées d'y aller ! On sera plus utiles ici que là-bas !

— Vous ne serez d'aucune utilité et n'oublie pas ton père. Si tu veux pas qu'il t'interdise d'être avec nous, vaut mieux que tu files droit ! me dit-il avec un sourire sans joie.

— T'as raison ! Ben, à tout à l'heure, alors !

— C'est ça, et essaye de dormir !

En m'éloignant, je lui adressai un petit signe de la main et m'en retournai près de Gino.

Je n'avais pas réussi à me rendormir et bien que pelotonnée contre lui, sa chaleur n'arrivait pas à vaincre la sensation de froid provoquée par mon cauchemar et la mort de la grand-mère.

Avant que ne sonne l'alarme de mon portable, je réveillai Gino en douceur. Je lui caressai le visage, parcourant son contour du bout de mon doigt. Quand il ouvrit les yeux, j'esquissai un semblant de sourire puis je l'embrassai. Je lui appris la bien triste nouvelle. Gino encaissa le coup et malgré son expression peinée, il parut soulagé. Quand à Daven, il le prit mal. La grand-mère faisait partie de son quotidien depuis son enfance, et pour lui, ses frères et Donnie, c'était un coup dur.

Kimy pleura beaucoup avant de partir pour le collège, et si Guito ne lui avait pas ordonné d'y aller, elle serait restée auprès de Nellita pour l'aider, prétexta-t-elle. Mais personne n'était dupe ; Daven n'allait pas en cours, et le laisser affronter cette journée sans elle lui était inconcevable.

Guito chargea Gino de nous emmener au collège.

— Et tu attends que la grille se ferme avant de repartir, compris ! avait-il exigé.


LES AILES DE MA VIE 2  Au travers de l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant