CHAP 40

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 L'appartement était toujours éclairé. Une forme humaine se mouvait derrière un double rideau lequel ne couvrait pas entièrement la baie vitrée, permettant au Sanguinaire de regarder à l'extérieur. Je compris qu'il savait que j'étais là. Il avait dû me sentir, lors de mon premier passage...

Avant d'agir, je pris le temps d'inspecter les environs. Une bande de jeunes avaient investi le hall de l'immeuble du Sanguinaire. Je repérai aussi quelques voitures stationnées devant celui-ci, elles n'étaient pas vides. A l'intérieur, d'autres jeunes parlaient et chahutaient, ne tenant absolument pas compte, que derrière les volets fermés de la plupart des appartements, des gens dormaient. Pour preuve, le poste radio d'une des voitures fonctionnait à plein volume. Pour être honnête, cela m'arrangeait et j'espérais qu'ils resteraient assez longtemps pour couvrir tous les bruits, qu'immanquablement il y aurait.

Derrière le rideau, la silhouette ondulait toujours, grossissant à vue d'œil. Il s'approchait de la fenêtre. Une main écarta le rideau, découvrant une partie d'un corps, mais pas la tête. Pourtant, même si je ne pouvais la voir, j'avais la certitude que c'était bien lui. Mon flair ne me trompait pas sur la provenance de cette infâme odeur qui empestait tout autour de moi.

Quand la main lâcha le rideau, je m'approchai du bord de l'immeuble, prête à m'envoler. J'appelai l'Aigle, il était temps d'en finir :

C'est à toi, viens !

Je le sentis prendre le contrôle de ses membres ; son cerveau se connecter au mien ; sa force se propager en moi...

Le lien qui s'établit alors, m'enleva tous mes doutes, toutes mes peurs. J'étais sereine parce que je n'étais pas seule, nous étions deux à partir au combat !

L'Aigle s'élança dans le vide, puis battant des ailes, nous fit remonter le long de l'immeuble, le dépassant pour s'arrêter bien au-dessus de lui. Il resta sur place, agitant ses ailes pour garder l'équilibre et fixa un court instant la baie vitrée de l'appartement du Sanguinaire, attendant le bon moment pour agir.

Maintenant ! lui dis-je, alors que l'ombre sur le rideau se rapprochait encore.

Il plongea en direction de la fenêtre. Rapidement, nous prîmes de la vitesse, puis nous nous mîmes à tournoyer sur nous-mêmes, afin de l'augmenter et de gagner en puissance. Tout ce qu'il ressentait, je le ressentais aussi.

Il ferma les yeux, juste avant l'impact et nous traversâmes la baie vitrée en la pulvérisant.

Le choc fut violent, l'assommant à moitié alors que nous traversâmes la pièce à pleine vitesse. Je ressentis les coups que le corps de l'Aigle reçut en percutant des meubles, et nous fûmes stoppés par un mur dans lequel, nous nous encastrâmes.

Je dus hurler mentalement pour le faire revenir à lui car j'entendis des pas qui s'approchaient de nous. Reprenant ses esprits, l'Aigle rouvrit les yeux sur des chaussures. Péniblement, il se redressa et en levant la tête, nous découvrîmes le visage d'un homme totalement inconnu. Le coup de pied qu'il nous asséna nous projeta à nouveau dans le mur, nous laissant pantois. Il prit alors la parole :

— Surprise, hein ? me dit-il sur un ton hautain.

Il était plus âgé que le Sanguinaire de la fête foraine. Je ne comprenais plus rien.

— Tu ne savais pas que nous étions deux, n'est-ce pas ? Ton ancêtre a dû oublier de te mentionner qu'un Sanguinaire pouvait en cacher un autre ! C'est dommage qu'il ne t'ait pas expliqué que pour vous, nous avions tous la même odeur. Exactement comme toi et lui pour nous. Tu te serais peut-être méfiée un peu plus !

LES AILES DE MA VIE 2  Au travers de l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant