CHAP 15

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 L'Aigle, surpris, me fit lever la tête en direction de la voix, et tout en fixant mon père de cœur, hésita quant à sa façon d'agir. Etait-il une menace pour nous ? Devait-il l'éliminer ou bien l'épargner ?

— NON ! PAS LUI, NE LE TOUCHE PAS ! hurlai-je. IL NE NOUS FERA PAS DE MAL !

Par je ne sais quel miracle, il obéit, et s'en retourna d'où il venait, me laissant dans la pire position possible aux yeux de mon père de cœur.

Devant son corps si imposant qui se détachait dans la lumière de la maison, je me pétrifiai sous son regard brillant de fureur et d'incompréhension.

Je sentis quelque chose bouger sous moi. Baissant la tête, je vis Réanne, à peine consciente qui gémissait piteusement. Elle était dans un sale état.

Guito fut sur moi en trois enjambées, et sans ménagement m'écarta de Réanne.

Il se pencha vers elle pour constater les dégâts. Elle revenait à elle et après avoir vérifié qu'elle n'avait rien de cassé, il l'aida à se relever puis, sur un ton très paternel, il lui dit :

— Va voir Nelli dans ma caravane. Elle va te soigner et vérifier que tu n'as rien de grave. Laisse-nous maintenant, s'il te plaît !

Les mots emplis d'attention qu'il employa alors qu'il s'adressait à elle, me blessèrent. Ils auraient dû être pour moi...

Pendant qu'elle s'éloignait, Guito prit son portable et appela Nellita pour la prévenir de l'arrivée de Réanne. Puis il le rangea dans sa poche de jean, me fit face, et me scruta avec un regard qu'il n'avait jamais eu envers moi. Un regard à la fois de glace, parce que complètement dur et impénétrable mais aussi de feu car brûlant de fureur...

Il ne dit mot, mais ne cessait de me dévisager avec colère. Ne supportant plus ce silence écrasant et malgré mon esprit totalement confus, je le rompis :

— Je suis désolée Guito, tentai-je maladroitement.

Imperturbable, il ne bougea pas tel un roc et resta muet.

— C'est elle qui a commencé, me justifiai-je.

— Fous le camp de chez moi ! lâcha-t-il implacable.

Une boule dans le ventre, douloureuse, survint à l'énoncé de ses paroles. J'eus le soufflé coupé par tant de dureté dans sa voix.

— Je suis tout simplement écoeuré de ce que tu viens de faire. Je veux que tu t'en ailles. Va-t'en, rentre chez toi et ne reviens pas ! insista-t-il.

— Non ! m'écriai-je affolée. Ne me rejette pas Guito, fais pas ça. Laisse-moi une chance de t'expliquer, elle m'a piégée ! J'ai reçu un texto de Gino qui me donnait rendez-vous ici, mais c'est pas lui qui me l'a envoyé et c'est elle que j'ai trouvé à sa place ! Elle a tout fait pour qu'on en arrive là, il faut que tu me croies !

— Ferme-là Lili ! Ce n'est pas ce que j'ai vu et j'ai pour habitude de ne croire que ce que je vois. Et ce que j'ai vu, c'est une bête sauvage qui s'acharnait sur sa victime. J'ai pas besoin d'une sauvageonne qui fait sa loi comme bon lui semble, sans tenir compte des personnes qui sont autour d'elle, de ce qu'elles vivent, de ce qu'elles ressentent. Tu n'avais pas le droit de toucher à Réanne un soir de veillée. C'est un impardonnable manque de respect envers nous. Je ne peux pas tolérer un tel comportement sur mon terrain et encore moins ce soir !!!

Une bête sauvage... Il ne pouvait se douter à quel point il avait raison.

— Qu'est-ce que je peux faire ou dire pour que tu me croies ?

LES AILES DE MA VIE 2  Au travers de l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant