CHAP 17

895 120 3
                                    

 Fati sursauta au son du réveil. Les yeux toujours fermés, elle se débattit avec sa couette pour se libérer de son emprise. Quand après quelques minutes de combat acharné elle gagna, elle s'assit sur le bord de son lit, se frotta les yeux, bailla, s'étira, puis posant les coudes sur ses genoux, se prit la tête entre ses mains.

Assise sur le lit d'en face, je la regardais avec amusement et lui signalai ma présence d'un petit raclement de gorge. Elle releva la tête et tenta d'ouvrir un œil, mais elle n'y parvint pas. La pauvre, elle n'avait pas assez dormi et je m'en voulais de lui avoir imposé cela.

Après plusieurs tentatives, elle me vit enfin et me dit d'une voix toute aussi endormie qu'elle :

— Ah ouais, c'est vrai... t'es là, toi !

Assise dans la cuisine, j'allumai mon portable, que Fati avait éteint la veille afin de ne pas être dérangée, si toutefois j'arrivais à dormir, et elle avait bien fait. Les appels en absence étaient nombreux. Daven et Kimy avaient tenté de me joindre à plusieurs reprises, mais celui qui battait tous les records était Gino. Son dernier appel n'était vieux que de seulement dix minutes ! Visiblement, sa nuit avait été aussi longue que la mienne. Il m'avait téléphoné pas moins d'une fois par heure.

— Bien dormi ? me demanda Amin, alors qu'il entrait dans la cuisine.

Je mentis :

— Oui, et toi ?

— Sûrement plus et mieux que toi ! affirma-t-il. Ce sont les poches sous tes yeux et ton visage pâle qui me le disent.

— On peut rien te cacher ! lui répondis-je, sans enthousiasme.

— Alors, explique-moi ce qui s'est passé hier. J'ai pas tout suivi...

La sonnerie de mon portable l'interrompit. C'était Gino.

— Tu réponds pas ? me demanda Amin.

— Non, je l'appellerai tout à l'heure, quand je serai un peu mieux réveillée.

Et pour confirmer mes dires, j'éteignis mon téléphone.

— Je sais pas ce qu'il t'a fait, reprit-il, mais pour avoir droit à ce traitement, il a dû y aller fort !

— Tu parles de qui ?

— De ton mec, c'est bien lui qui vient d'appeler ?

— Oui, mais il n'a rien fait. C'est avec Guito que je me suis embrouillée hier, et même méchamment embrouillée !

— Avant de continuer, est-ce que t'as faim ? Parce que moi, il faut que je mange, et tout de suite !

J'acquiesçai et tout en l'aidant à la préparation du petit déjeuner, je lui relatai mon altercation avec Guito. Comme pour sa sœur, je passai sous silence le passage où mon père de cœur voulait savoir ce que je lui cachais. Amin fut surpris.

— Ca ne ressemble pas à Guito de réagir comme ça !

— Disons qu'il faut tenir compte du contexte, lui dis-je. La grand-mère, le monde à gérer, les imprévus, et moi, foutant une volée à Réanne le soir de la dernière veillée...

— Rassure-moi, tu l'as pas trop esquintée quand même ? me dit-il moqueur.

— Un peu, quand même...

Amin releva les sourcils, surpris.

— A ce point là ?

Je ne répondis pas car je n'en éprouvais aucune fierté et préférai continuer :

LES AILES DE MA VIE 2  Au travers de l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant