LES AILES DE MA VIE 2 Au travers de l'autre

CHAP 53

Comme prévu, arriver à nos fins fut extrêmement difficile, enfin surtout avec Daven. Mais j'avais tellement insisté, qu'il avait fini par se laisser convaincre, en posant toutefois des conditions à Kimy.

— Pas de mélange ; pas d'excès non plus parce que j'aimerais bien passer une nuit correcte. De toute façon, c'est moi qui gère, comme ça je serai sûr. Ensuite, pas question que t'ailles traîner. Tu bois ici, collée à moi et quand je te dirais que c'est fini, ce sera terminé ! J'ai pas envie d'entendre les gens dire que je suis avec une alcoolique !

— T'as toujours envie de boire un coup après ça ? avait demandé Gino à Kimy, sur un ton amusé.

Celle-ci lui avait répondu d'un air dépité.

— Ben, ça calme un peu...

Gino avait alors pris son cousin à part et l'avait convaincu de nous laisser faire. Même s'ils s'étaient éloignés, j'avais tout entendu de leur conversation et avait tout répété à mon amie.

— Ce sera leur dernière fois avant longtemps. Laisse-les s'amuser. Ca craint rien, on sera là pour les surveiller.

— Ouais, je sais bien. Mais ça me plaît pas quand elles sont dans un sale état. Ca fait mauvais genre...

— De quoi t'as peur ?

— J'ai pas peur, j'aime pas !

— Allez cousin, juste une fois. On peut leur accorder ça...

A force de persuasion, Gino avait réussi, avec plus de facilité que moi, à convaincre son cousin et nous eûmes le droit, le mercredi soir, de fêter dignement mon départ. Mais avant cela, nous avions encore ce satané Brevet des Collèges à passer. Examen dont je me serais bien passé mais pour lequel mon père m'avait recommandé expressément de faire acte de présence.

— Faire comme si, jusqu'au bout..., avait-il dit intransigeant.

J'annonçai mon départ à Fati le lundi matin, pendant l'intercours. Je ne pouvais pas partir sans rien lui dire. Je la connaissais depuis notre entrée au collège et elle, tout comme ses frères et ses parents, avait une place importante dans ma vie. Le motif invoqué fut le suivant. Gino, ayant été piégé sans que nous en connaissions la raison exacte, quittait Mesmina par prudence, et moi, je le suivais...

Elle était tombée des nues, la pauvre. Si elle pouvait comprendre pour Gino, en revanche, ma décision lui paraissait complètement irréfléchie et elle essaya de me faire analyser la situation avec sa logique et son réalisme. Comment pouvait-il en être autrement, vu qu'elle n'avait pas les vrais éléments en sa possession pour adhérer à ma décision ?

Je lui demandai de rester discrète sur mon départ, en lui expliquant que nous pensions que peut-être, celui qui avait piégé Gino, n'ayant finalement pas réussi, aurait dans l'idée de recommencer. Ne pas laisser de traces, ni d'indices était la seule protection que nous avions et nous espérions que cela serait suffisant.

— Tu ne partiras pas comme ça ! décréta-t-elle. Je vais voir avec mes parents pour qu'on organise un repas, ou même une fête tous ensemble ! Vos parents, la famille de Daven, tout le monde quoi !

Et rien, absolument rien, ne put la faire changer d'avis.

— Ce sera mon cadeau de départ. T'offrir un beau moment.

Elle me prit dans ses bras en ajoutant, avec un sanglot dans la voix.

— Tu me manques déjà !

— Toi aussi. Mais on se reverra. Je reviendrai vous voir, lui répondis-je avec un pincement au cœur.

Puis, afin d'alléger la tension qui d'un coup s'était faite plus pesante, je lui demandai :