CHAP 36

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Le lendemain, nous reprîmes le chemin du collège. D'une part, parce qu'il le fallait bien et d'autre part, Guito étant parti et ne pouvant pas me protéger, il préférait nous savoir dans un lieu avec du monde la journée. Quant au soir, il avait demandé aux parents de Kimy que je reste chez eux jusqu'à son retour. Si Kimy fut enthousiasmée, en revanche, je l'étais beaucoup moins. Guito m'avait coincée en s'arrangeant pour que je ne sois jamais seule, empêchant toute initiative de ma part. Il fallait donc que je trouve un moyen de changer son programme, d'autant plus que les dernières nouvelles concernant Gino n'étaient pas bonnes. Nellita nous en avait fait part peu après notre arrivée au terrain. Il était inculpé pour les deux meurtres et son transfert pour la prison de Rosalen était prévu dans la matinée même.

— Quel week-end de merde. J'en ai pas connu de pire. C'est tellement injuste. Tout est injuste, même le fait de nous forcer à aller dans ce bahut pourri !

— Aller en cours est le moindre mal ! lui fis-je remarquer.

Fati monta dans le bus et nous rejoignit aussitôt.

— Younes m'a apprit pour Gino. C'est un truc de fou ce qui lui arrive !

Sentant mes yeux s'embuer, je les laissai à leur conversation afin de trouver un moyen d'échapper à la vigilance des parents de Kimy. J'avais bien un début d'idée, mais la proximité de nos deux maisons me posait un problème et je devais absolument passer chez moi. J'avais toute la journée pour peaufiner mon plan. J'étais sûre d'y arriver.

Ce fut au milieu de l'après-midi que j'achevai très satisfaite, la préparation de mon plan auquel s'ajoutait une idée de génie. Je ne savais pas encore comment m'y prendre pour la rendre viable, si tant est qu'elle puisse l'être, mais elle me redonna la force, la volonté et l'espoir que j'avais perdus. Je reprenais confiance en moi, grâce à cette simple idée !

Je possédais des ailes aux couleurs de la nuit, une acuité visuelle plus que suffisante, une ouïe très fiable, une analyse et une interprétation très rapide qui me permettraient d'anticiper, si besoin était... Oui, je pouvais le faire, j'en étais certaine !

A la fin des cours, je profitai que Fati fasse une halte aux toilettes pour annoncer à Kimy que je ne rentrerai pas avec elle car il fallait que je passe du temps avec mon père.

— Ok, on mangera pas avant vingt heures, ça nous laisse le temps.

— Je comptais rester avec lui pour le repas, insistai-je afin de lui faire comprendre que je ne l'avais pas prévu.

— Pas de problème on s'achètera un sandwich sur place !

— Kimy, je voudrais y aller seule ! finis-je par lui avouer.

Son visage changea d'expression, elle parut soudain mal à l'aise.

— M'en veux pas, mais j'ai vraiment besoin de passer un peu de temps avec lui. Je l'ai pas vu depuis la mort de Raoul, je l'ai juste eu au téléphone, c'est tout. Il faut...

— Ce n'est pas moi le problème, me coupa-t-elle.

— Ah !

Comprenant l'allusion, je tentai :

— Guito ?

— Guito ! affirma-t-elle. On doit pas te laisser sans surveillance jusqu'à son retour.

— Et bien je vais quand même me passer de son consentement. Je vais me rendre à l'hôpital, et sans chaperon !

— Fais comme tu veux, mais fais bien attention à toi !

LES AILES DE MA VIE 2  Au travers de l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant